S’enregistrer en live : le D.I.

En enregistrant des morceaux en live dans un local de répétition, vous allez vite être confrontés à un problème de taille : des micros partout et des câbles à foisons. Il existe un moyen simple, non d’éradiquer ce surplus filaire, c’est impossible! Mais de le réduire un minimum, tout comme réduire le phénomène que l’on appelle dans le jargon de la prise de son : « la repissage ».

 

Si vous avez déjà fait à ce jour quelques concerts en live dans des salles décemment équipées pour ce qui est du matériel de sonorisation, peut-être avez-vous déjà entendu l’ingénieur du son parler de « D.I. ». Ou de « boîte de direct », une solution que l’on propose très souvent aux bassistes. Ou encore aux claviéristes ou si vous utilisez un sampler. Pour envoyer des boucles et autres bruitages, autant sur scène qu’en studio.

 

Cours de physique

Le D.I. (que l’on prononcera « Di Aille » dans la langue de Molière) est l’abréviation anglaise de Direct Injection. Ou encore, plus communément, de Direct Input. Elle ressemble à une petite boîte en métal dont les dimensions sont très proches des pédales d’effets que vous pouvez utiliser pour votre instrument.

Pour bien cerner son utilité dans un enregistrement live, il est important de bien comprendre son mode de fonctionnement et ses données techniques. Ce boîtier de direct sert à adapter l’impédance d’un instrument. Le son est un signal électrique plus complexe qu’on ne peut le penser et il va falloir l’adapter, ou, plus techniquement, le symétriser. En effet, l’impédance d’une guitare électrique, d’une basse ou d’un synthétiseur et autres sampleurs est beaucoup trop élevée pour pouvoir brancher tous ces instruments directement. Que ce soit dans une console via une entrée micro, dans un magnéto ou dans une carte son. Sauf si ces mêmes engins possèdent une entrée bien spécifique, à savoir à haute impédance, généralement indiquée par l’appellation « Inst ».

 

Attention cependant à cette fameuse entrée micro. Pour prendre l’exemple d’une console, cette entrée (micro) est capable, normalement, d’encaisser une large gamme de niveaux. Si votre console n’a pas d’atténuateur, pas de panique ! Bon nombre de boîtiers de direct sont pourvus d’un atténuateur (PAD ou ATT) qui vous aidera à régler ce problème de niveau. Généralement, vous trouverez trois positions :

 

O (sortie à niveau normal)
-10 (sortie atténuée de 10 dB)
-20 (sortie atténuée de 20 dB)

 

Les avantages

Premièrement :

Éliminons déjà l’avantage qu’apporte une D.I. dans la sonorisation d’un concert. Les techniciens apprécieront l’utilisation de cette boîte en métal car elle leur permettra d’avoir des longueurs de câblage très importantes (une centaine de mètres). Sans perte de niveau, entre la scène et le matériel de sonorisation. À moins que vous ayez élu domicile dans un manoir pour répéter, ce point précis ne vous concerne pas. L’avantage d’un boîtier de direct dans le cas qui nous concerne ici est que vous allez passer directement de votre ampli à la console (ou à votre carte son). Vous allez donc supprimer des micros et éviter des problèmes de « repissage ». En clair, surtout si vous ne pouvez pas vraiment isoler les instruments les uns des autres, cette solution évitera que les sons des amplis se mélangent dans un joyeux foutoir sonore, difficile à gérer au mixage.

Si vous avez déjà en stock quelques micros de qualité suffisante (voir notre mémo sur le sujet), n’allez pas les remplacer par des D.I., cela serait trop cher.

Deuxièmement :

Si vous devez n’en acheter qu’un, réservez-le pour la basse (si vous avez un clavier dans le groupe, une paire de boîtes sera préférable), l’achat d’un bon micro pour cet instrument étant souvent onéreux. Vous branchez votre jack de la sortie (asymétrique) de votre basse à l’entrée de la D.I. Pour ensuite relier la sortie de cette dernière via un câble XLR à l’entrée de votre carte son ou de votre console. Et hop, le tour est joué ! N’oubliez pas que les instruments passant par un boîtier de direct pour aller jusqu’à la table de mixage et/ou un enregistreur ne délivrent pas de son en direct. Il faudra penser à prendre un casque (ou plusieurs) pour les musiciens enregistrant avec cette option.

Si vous répétez à un certain volume sonore, vous ne faites pas forcément attention aux bruits parasitaires qui vous accompagnent dans vos répétitions. Ou alors, vous vous dites que ce n’est pas grave puisque vous les couvrez. Cette pseudo victoire se transformera vite en défaite lors de l’enregistrement. Un buzz venu de nulle part et impossible à dompter ? Là aussi, pas de panique ! Bon nombre de D.I. sont équipées de « Ground Lift ». C’est un petit interrupteur qui permettra d’isoler (ou non) la masse de la source au récepteur afin d’éviter les problèmes de boucle de terre ou de masse.

 

Quel boîtier choisir ?

Sachez qu’il en existe un très grand nombre sur le marché, actives ou passives. Évitez les boîtes de direct à lampes. Non pas qu’elles soient de mauvaise qualité, bien au contraire, mais vous risquez d’entrer dans une dimension beaucoup plus technique qui pourrait rapidement vous dépasser… Et votre budget aussi. Faites dans la simplicité avec un boîtier dit « passif ». Entre 30 et 100 euros, le choix sera déjà assez grand pour vous donner une bonne migraine. Certaines pédales d’effet, plutôt haut de gamme, peuvent également faire office de boîte de direct car elles sont équipées d’une prise XLR.

 

Si vos finances sont au plus juste, sachez que bon nombres d’amplis basses, têtes et même maintenant combos réunis, possèdent une D.I. intégrée. Qui se trouve le plus souvent sur le panneau arrière (« Balanced Output »). De gros progrès en la matière ont été effectués pour ce qui est de leur qualité. Il vous sera donc toujours possible de l’utiliser. Pour les musiciens possesseurs de claviers et autres synthétiseurs, cela devient plus compliqué. Seuls les instruments à touches professionnels sont équipés de sortie ligne digne de ce nom, pouvant même être en XLR.

 

L’investissement dans l’achat d’un ou plusieurs boîtiers ne direct ne sera jamais inutile. D’abord, cela vous servira toujours (et grandement) dans le cas qui nous intéresse ici, l’enregistrement en live dans votre local de répétition. Ensuite, vous pourrez toujours en avoir un ou deux qui accompagnent le matériel que vous prenez pour vos concerts. En temps normal, les salles ont ce genre de produit en stock… Mais pas forcément les bars, par exemple ! Et à ce moment précis, vous serez bien heureux de comprendre le sens de la question : D.I., why ?