Introduction au mixage

Le mixage est une étape primordiale dans la production d’une œuvre musicale… régulièrement sous-estimée par les musiciens. Elle se déroule juste avant le mastering, une fois les étapes de composition, d’enregistrement et d’arrangement achevées.

C’est le mixage qui permet, par l’application de traitements appropriés, d’équilibrer et de lier les différents éléments dans un ensemble homogène et cohérent. Il permet de définir l’aspect général du morceau en fonction du style de musique et de l’esthétique recherchée.

C’est donc l’étape où le morceau prend forme, où on peut enfin lui donner l’aspect définitif que l’on a imaginé, l’aspect professionnel qui fait passer le titre dans une autre sphère. Il permet ainsi de donner aux instruments, aux voix, la place qu’ils méritent à l’aide des différents outils du mixage audio. Mais attention, si le mixage constitue une étape qui peut sembler salvatrice dans certains cas, il n’en est pas pour autant le remède à tous les problèmes. On entend souvent dire, lors de la phase des enregistrements, que ce qui n’a pas été fait correctement lors des prises de son sera rattrapé au mixage. Effectivement, le mixage permettra de rattraper certaines choses, mais malheureusement vous ne corrigerez pas tout. Un enregistrement de qualité diminue le temps de mixage et augmente la qualité globale d’un mix. On ne peut pas retrouver ce qui a été perdu. Un mix peut rarement réparer les grosses erreurs. Voici les 3 points noirs pour un mixeur :

• Saturation : Micro, préamp…
  • Mauvaise acoustique
  • Mauvais placement des micros

Chaque étape à son importance (Enregistrement/Mixage/Mastering)et elles sont toutes liées les unes aux autres. D’excellentes prises de son faciliteront un bon mixage qui facilitera un bon mastering. C’est une règle essentielle à avoir en tête.

Les différences

Il faut d’ailleurs bien différencier mixage et mastering, ce sont deux étapes du processus de production d’un titre bien différentes. Grossièrement, le mixage sert à mélanger et à rééquilibrer harmonieusement les différentes parties d’un morceau. Alors que le mastering (ou plutôt pré-mastering vu que le terme mastering définit à l’origine la fabrication d’un master avant duplication) consiste, à partir du mixage, à adapter le son aux standards de diffusion actuelles (volume, dynamique, espace stéréo…), tout en le magnifiant encore, et éventuellement en rendant compatibles entre eux les titres d’un album. Ainsi si un mixage peut être réalisé en home studio, il vaudra mieux confier le mastering à un studio. Afin de respecter les normes actuelles, car le matériel pour le réaliser correctement est tout bonnement hors de prix.

La révolution du numérique, amorcée depuis la fin des années 90, remplace petit à petit les anciennes techniques de traitement du son dites « analogiques ». Cependant, il est encore aujourd’hui admis par la plupart que le matériel analogique permet un rendu de qualité supérieure. Comparé à un traitement numérique sur séquenceur (logiciel de mixage tel que Cubase, Protools, FL studio etc., Logic, Nuendo…), même avec des effets (plug-ins) de très bonne qualité. En revanche, le panel d’outils et de possibilités sur séquenceur est tellement large, voire illimité, qu’il permet un traitement d’une plus grande précision et une meilleure souplesse de travail. Et avec l’avancée permanente de la technologie, l’écart de qualité se réduit considérablement. Il est donc tout à fait possible aujourd’hui, avec un certain savoir-faire, d’obtenir un résultat de qualité égale. Voire supérieure à un traitement sur matériel analogique.

Il est donc possible, même en home studio, d’avoir un rendu de mixage tout à fait honorable. Si vous souhaitez vous lancer dans cette aventure, il y a une première chose à faire! C’est avant tout de commencer par analyser les mixages des meilleurs ingénieurs et producteurs, ou ceux des albums dont le son vous plaît particulièrement. Apprendre des meilleurs, c’est toujours une bonne solution pour se perfectionner. On peut prendre comme exemple Bruce Swedien, Roger Nichols, Shelly Yakus, Steve Albini, Bob Clearmountain, etc.

Ce faisant, il ne faut pas se focaliser sur la musique mais uniquement sur le son et le mixage. On remarquera qu’on perçoit distinctement chaque instrument, même dans un mix très chargé, parce que chaque élément de la musique est à sa place dans l’espace sonore. Vous constaterez également que la réponse en fréquence semble équilibrée sur tout le spectre audio. En effet, un bon mixage possède suffisamment d’aigu pour que le son soit brillant mais pas criard, suffisamment de grave pour donner une assise satisfaisante sans baver et suffisamment de médium pour ajouter de la présence et de la définition.

Chaque style de musique a ses particularités et a développé, au fur et à mesure des années, des techniques de traitement qui lui sont propres. Un titre Rock n’aura pas le même type de traitement qu’un titre Hip-hop par exemple. Par ailleurs chaque mixeur à son style personnel. Un titre mixé par deux personnes différentes n’aura pas le même rendu final, c’est ce qui fait de cette discipline un art à part entière, avec ses techniques et ses grands maîtres.

L’un des meilleurs outils de mixage, c’est un CD de référence vraiment bien mixé, dans le style du morceau que vous vous apprêtez à mixer (ex : Michael Jackson pour de la pop). Reliez votre lecteur CD à votre console et comparez régulièrement votre mixage au CD de référence. Si votre mix semble plus terne, plus strident ou moins intéressant, écoutez attentivement et essayez d’identifier d’où viennent les différences. Un CD de référence fournit également une ligne directrice quant aux niveaux relatifs de la batterie, des voix, etc.

Plus concrètement :

Que fait-on dans un mixage ? Voici grossièrement les différentes étapes que l’on pourra y trouver :

• Nettoyage des pistes, recalages rythmiques
• Suppression des bruits, des sifflantes et autres fréquences gênantes
• Placement des effets de style
• Travail de la couleur, du grain, de la chaleur (Egalisation, préamplis, saturations]
• Répartition des plages de fréquence (Egalisation)
• Traitement des dynamiques (Compressions, transitoires]
• Placement des instruments dans l’espace (Panoramiques, reverbs, delays)

Si vous comptez économiser un peu d’argent, ou que vous aimez bien faire les choses par vous-même, le mixage en home studio est possible moyennant un petit investissement dans un séquenceur et une carte son digne de ce nom, voire également d’une petite table de mixage. Mais ce qu’il vous faudra surtout, c’est une bonne dose d’huile de coude.

Le mixage demande avant tout :

→ Une oreille, et donc un sens de l’écoute.

Le mixage peut s’avérer fastidieux. Par conséquent, commencez par créer un environnement de travail adapté. Gardez du papier et un carnet à portée de main pour pouvoir prendre des notes. Tamisez légèrement l’éclairage pour donner la priorité à l’ouïe plutôt qu’à la vue et, de manière générale, préparez-vous psychologiquement à faire un long voyage. Faites des pauses régulières (toutes les 45 à 60 minutes) pour reposer vos oreilles et rafraîchir votre jugement. Procédez ainsi même si vous louez un studio professionnel car quelques minutes de pause permettent de retrouver de l’objectivité et, paradoxalement, de terminer le mixage beaucoup plus rapidement.

À fort volume, les séances de mixage prolongées sont pénibles pour les oreilles. En mixant à faible volume, vous conserverez des oreilles « plus fraîches » et minimiserez la fatigue. Certes, il est plus excitant de mixer à fort volume mais cela ne facilite pas la perception des légères variations de niveau.

→ De la patience ! En effet le mixage est une étape parfois laborieuse et longue. Il faut prévoir du temps, et éviter de le faire dans la précipitation, se laisser le temps d’essayer, de rater, et de revenir sur ces erreurs. Il arrive souvent qu’on travaille plusieurs heures sur un détail. Et quand on revient le lendemain, on se rend compte qu’on est allé dans la mauvaise direction. Cela arrive même au meilleur, il ne faut pas se décourager. Il faut persévérer, recommencer et encore une fois faire des pauses régulièrement pour prendre du recul sur ce que l’on vient de faire.

→ De l’investissement : le mixage est une discipline complexe, il ne faut pas espérer arriver à un quelconque résultat sans travail. Quand on n’a pas suivi de formation, cela peut paraitre un peu effrayant au premier abord mais rassurez-vous, ça n’est pas insurmontable ! Encore une fois il faut prendre le temps d’écouter, d’analyser et d’appréhender le travail de ceux qui maîtrisent cet art. Ensuite, il existe une multitude de tutoriels et de forums sur lesquels on peut compter pour apprendre les bonnes méthodes de travail. Il ne faut pas hésiter à poser des questions et comparer les différentes manières de travailler.

Casque ou pas casque :

Étant donné que de nombreux home studios ne permettent pas de travailler à n’importe quel volume sonore, le mixage au casque peut sembler attrayant. Mais bien qu’ils soient d’excellents outils pour saisir des détails plus difficiles à percevoir avec des enceintes, les casques ne sont pas vraiment adaptés au mixage car ils exagèrent certains détails sonores de façon disproportionnée. L’idéal est d’utiliser les casques pour analyser des sources isolément et les enceintes pour une écoute plus globale. Cela tombe bien, nous proposons sur Riffx des tutos sur le choix des enceintes et leur placement.