Bien entendre sur scène

La scène est un lieu où toutes nos habitudes et notre confort habituels de jeu sont mis à mal par de nombreux facteurs : l’acoustique, le matériel et la disposition des instruments varient beaucoup d’une salle à l’autre. Pour entendre ce que l’on joue sur scène et ce que jouent les autres musiciens (c’est important pour faire un bon concert !), il faut « faire les balances » avec soin ! Le fameux moment des balances. Cela consiste à régler l’équilibre sonore aussi bien pour le public que pour les musiciens sur la scène (lorsque l’équipement des lieux le permet). Il s’agit à ce moment là de bien régler, avec l’aide de l’ingénieur du son, le niveau et l’égalisation des instruments que l’on va entendre dans son retour (voir notre graphique sur le sujet)… si chacun a la chance d’en avoir un pour lui tout seul.

Cas de figure no.1 : Un retour (et plus) par musicien

Dans cette situation, on est plus ou moins libre de demander ce que l’on veut dans le retour (la voix de la chanteuse et sa guitare, la guitare rythmique, les cuivres, la basse, le clavier et surtout, son propre instrument…)

Mais selon les formations, cela peut vite devenir inaudible et donner lieu à une confusion générale. En effet, à force de vouloir tout entendre dans son retour, surtout si les musiciens sont nombreux, on obtient vite une bouillie sonore, trop forte, qui se mêle aux autres sons sur le plateau et aux retours des voisins. Résultat : on ne distingue plus les sons entre eux, on est perdu et on joue mal. Alors réfléchissez bien à ce dont vous avez vraiment besoin pour jouer ou chanter correctement. Sachez renoncer à certains éléments pour privilégier ce qui va garantir la précision de votre prestation, et demandez-vous si vous avez vraiment besoin de retours.

Cas de figure no.2 : Un retour pour deux, pour trois, pas de retour du tout.

Étant donné que vos concerts ne se passeront pas tous à l’Olympia ou à Bercy, il va parfois falloir composer avec les moyens du bord. Ce qui était vrai dans le premier cas de figure ci-dessus s’avère obligatoire lorsqu’on partage un retour. C’est votre voisin(e) et ses besoins qui détermineront, après discussion, les éléments essentiels à entendre sur scène.

Enfin, il est extrêmement fréquent de jouer dans des bars où il n’y a pas de retours du tout. Ici c’est la voix qui sera la plus à plaindre car les chanteurs devront mettre leur micro devant la façade (enceintes destinées à la diffusion vers le public) pour s’entendre, avec les risques de larsen que cela induit. Dans le cas d’une formation importante et/ou très sonore, celle-ci devra faire preuve de souplesse et s’adapter, dans le jeu même, à ces conditions.

Que demander dans son retour ?

Cela dépend beaucoup de l’instrument que l’on joue et de ceux qui nous entourent. Si l’on prend l’exemple d’un groupe électrique typique dans le rock et la pop il y aura une relation intime entre la basse et la batterie. Le bassiste voudra entendre la grosse caisse et la caisse claire dans son retour tandis que le batteur voudra entendre la basse et sa grosse caisse.
Les chanteurs lead voudront souvent entendre la guitare et le clavier qui jouent les accords afin d’avoir des repères pour chanter juste, et ils voudront évidemment entendre leur voix.
Encore une fois, il ne faut pas croire que sous prétexte qu’il y a des retours sur scène on est obligé de s’en servir. Un batteur, par exemple, peut très bien entendre l’ampli de la basse et de la guitare directement sur le plateau sans que ceux-ci soient sonorisés en plus dans les retours. Pour résumer, visez toujours le minimum.

Important

Comme nous l’avons précisé au début, tous ces réglages techniques ne se font pas sans l’aide d’une ou d’un ingénieur du son. Cette personne, quelle qu’elle soit, est votre meilleure alliée et il est primordial que la communication se passe bien entre vous et elle. Dans le cas où vous ne venez pas avec votre propre ingénieur du son (fréquent pour de jeunes projets) soyez cordiaux avec ceux qui vont s’occuper de vous et retenez leur prénom !

Attention !

L’équilibre et le confort obtenu à la fin des balances risque à coup sûr d’être bousculé par la présence du public une fois que celui-ci aura rempli la salle (on vous le souhaite !) Les corps absorbent beaucoup de vibrations et changent la manière dont le son circule dans toute la salle. Il est donc normal de faire des ajustements de niveau durant le concert.
Il est commun, pour ça, de communiquer à l’aide de signes avec l’ingénieur du son. Montrez l’instrumentiste dont vous voulez modifier le niveau dans votre retour et faites signe de monter ou de descendre le niveau.