Composition : oubliez les accords !

Nous l’avons vu dans autre mémo, il est intéressant de construire son morceau en partant de la mélodie. Toujours dans le même esprit et pour s’affranchir ou s’éloigner du système des accords. Vous allez voir l’intérêt de penser la musique en terme de ligne horizontales superposées (le contrepoint) plutôt qu’en accords verticaux.

Le contrepoint, qu’est-ce que c’est ?

Pour les non initiés ce terme pourrait faire penser à un mode de tissage ou de tricotage ce qui ne serait pas complètement faux !
C’est un terme qui définit un mode de composition antérieur à l’harmonie classique. Le principe est de superposer plusieurs lignes mélodiques en tâchant d’obtenir un ensemble harmonieux. Cette pratique a été théorisée et répond à des règles très rigoureuses. JS Bach étant l’un des virtuoses les plus connus en la matière.

Dans la musique pop, beaucoup d’artistes font du « contrepoint » sans le savoir ! Par exemple les Daft Punk avec Around the world. Chaque ligne mélodique est personnalisée dans le clip par un costume spécifique et on entend (et voit) dans la musique les motifs apparaître et disparaître.

Le contrepoint, oui mais comment ?

N’allez pas croire que le principe du contrepoint vous conduira systématiquement à faire du Bach ou du Daft Punk ! Le but ici est simplement d’oublier un temps les accords si vous sentez que vous tournez en rond avec votre guitare ou votre clavier. Oublions les gros paquets de notes qui ferment l’horizon et déroulons des fils les uns après les autres, parallèlement. Commençons, comme suggéré dans un autre memo article, par composer une ligne mélodique (chantée ou jouée, peu importe). Et au lieu de chercher des accords qui pourraient accompagner cette mélodie, trouvons une ligne de basse. Celle-ci peut être très simple et ne jouer qu’une note par mesure. Essayez, autant que possible, de choisir des notes différentes de la mélodie. Car le but est de faire cohabiter des notes diverses, comme dans un accord. Vous allez constater, même si vous n’avez pas pensé à des accords, que cette ligne de basse va fortement les suggérer jusqu’à vous donner peut-être l’impression de les entendre.

Arrivés à ce point nous avons déjà la structure d’un morceau et nous pourrions commencer à jouer ou enregistrer des arrangements comme on en a l’habitude. Mais il est intéressant d’essayer de continuer dans ce sens. Si on jouait ou enregistrait les accords suggérés par la mélodie et la ligne de basse, on risquerait de fermer certaines portes ou de ne plus pouvoir revenir en arrière. Continuons donc avec une troisième ligne. Qui, dans notre exemple, devrait pouvoir se situer dans un registre entre la basse et la mélodie. La tâche se complique mais elle peut nous offrir d’excellentes surprises et c’est bien là le but de l’opération. Cette troisième ligne est plus difficile à intégrer car elle doit s’accorder avec les deux autres. Mais si vous trouvez des solutions (toujours en essayant de jouer des notes différentes de la basse et de la mélodie) vous allez certainement découvrir des couleurs que vous n’auriez pas trouvées avec votre guitare ou votre piano.

Ce qui est intéressant dans cette méthode, en particulier pour les musiciens qui connaissent un peu l’harmonie, c’est que vous sortirez des limites que leur impose votre instrument. Comme vous pourrez vous débarrasser ainsi du systématisme des accords qui encombre beaucoup de compositeurs. Encore une fois, cette méthode n’est pas réservée à la musique classique et à la house ! C’est un moyen de construire les bases d’un morceau que vous pourrez arranger ensuite comme il vous semble. Même avec des accords si vous le souhaitez.