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Qui n’a jamais rêvé de faire un duo avec son artiste préféré ? Si Angèle reprenait la chanson « Saiyan » générée par l’IA à la fête de l’Huma, elle avoue cependant avoir « peur pour son métier ». L’artiste DeLaurentis, quant à elle, ne cesse de chercher de nouveaux sons et s’approprie l’IA tel un « nouvel instrument » de synthèse.
Comment, à votre tour, utiliser l’IA vocale ? Quels sont les avantages de l’utilisation de l’IA ? Comment en faire une réelle valeur ajoutée dans votre processus de création ? Quelles interrogations et limites l’IA vocale pose-t-elle concernant la propriété intellectuelle et l’utilisation des voix et des données ? Petit point, en toute humilité, sur un sujet en pleine ébullition, sur lequel on pourrait déjà écrire un livre !
Pour rappel, l’IA (intelligence artificielle) vocale est une technique dite de deepfake qui permet de reproduire la voix d’un être humain et de lui faire chanter/dire ce que vous voulez. L’IA intégrera ensuite le texte instantanément.
Dans un reportage sur Brut, Pascal Nègre – producteur phonographique qu’on ne présente plus – s’est montré très optimiste quant à l’utilisation du générateur de voix : « La musique a évolué grâce aux évolutions technologiques. L’IA va décupler le champ des possibles et les artistes vont pouvoir créer avec ça, c’est génial ! ».
L’utilisation d’une IA vocale présente de nombreux avantages.
L’IA offre une grande flexibilité en termes de personnalisation de la voix. Vous pourrez choisir le style parlé ou chanté, la langue, l’accent, le style, voire opter pour la voix d’un artiste dont la renommée n’est plus à faire pour un effet de surprise assuré (attention à l’autorisation des ayants droit !)
Elle permet de générer des voix synthétiques qui peuvent être utilisées sur de nombreux supports : livres audios, chansons, jeux-vidéos…
L’utilisation de l’IA permet d’économiser du temps et de l’argent en effectuant des duos ou des voix off sans avoir recours aux réels artistes… Ce qui pose des questions de tous ordres, en termes de droit, de créativité, de qualité, d’éthique, etc.
Les réseaux sociaux ne manquent pas d’exemples d’utilisation de l’IA. Si certains s’amusent à créer des reprises loufoques telles que le générique du film « Inspecteur Gadget » réinterprété avec la voix de Johnny Halliday ou encore « Barbie Girl » du groupe Aqua reprise par le tôlier de la country « Johnny Cash », certains artistes se sont également emparés de cet outil pour produire des duos plus vrais que nature. On pense à David Guetta qui a récemment dévoilé une chanson intégrant une partie rap « écrite à la manière d’Eminem » et dont l’IA reprenait la voix. Le résultat ultra réaliste est bluffant ! Précision importante concernant le droit : Guetta a bien précisé qu’il ne commercialiserait pas ce titre.
En mars, c’est le groupe Altamusic composé par deux DJ français qui, grâce à l’intelligence artificielle vocale, reproduisait la voix de Jay Z sur un texte écrit par les artistes. Beaucoup ont cru en ce featuring improbable, c’est dire la capacité de l’IA à reproduire à la quasi-perfection le beat et la voix des artistes.
Michael Jackson, Kanye West, Kendrick Lamar, Travis Scott, Drake, Ariana Grande, Rihanna, Angèle… Nombreux sont les artistes a ainsi avoir repris des chansons à leur insu ! Si Angèle l’a pris avec le sourire et l’humour, d’autres comme Jay Z ont invoqué leurs droits d’auteur pour faire retirer les reprises produites grâce à une reproduction de leur voix.
Entrer sur scène et créer la surprise en effectuant un duo avec un chanteur sans qu’il soit présent devient possible avec l’IA vocal !
Le principe est simple : un algorithme va reproduire une voix et il vous suffira d’utiliser un des nombreux outils mis à votre disposition sur le net pour lui faire dire ce que vous voulez.
Parmi les outils les plus efficaces, on retient :
Vous avez besoin d’un ton vocal spécifique ? D’une voix off dans votre titre mais ne possédez pas d’équipement d’enregistrement de suffisamment bonne qualité ? Vous souhaitez créer un son viral ou rendre hommage à un artiste décédé ? Il vous suffit de fournir un enregistrement de la voix de l’artiste de votre choix pour que l’IA apprenne à « l’imiter ».
Youtube est actuellement à la recherche d’accords avec les maisons de disque pour mettre au point un système d’IA vocal. Accessible aux créateurs de vidéos, il vous permettra de chanter ou parler avec la voix d’artistes de renom.
Un certain nombre de garde-fous ont été institués de manière à encadrer une IA vertueuse et transparente – l’évolution fulgurante de l’IA ouvre des débats nombreux, qui ne sont pas encore tranchés pour beaucoup : on peut imaginer un encadrement plus précis dans un futur proche.
Notons déjà que certains labels musicaux ainsi que Google ont demandé à ce que les chansons générées par IA soient monétisées tandis que le comité des Grammy Awards a refusé d’ouvrir un droit aux récompenses aux musiques générées par l’IA.
Dans la même lignée, Uberduck interdit l’utilisation de ses sons à des fins commerciales. Si vous êtes amené à produire un titre généré par l’IA, il vous faudra préciser son origine – et un artiste concerné peut demander le retrait de sa voix du catalogue.
Le label Universal Music Group a exigé que les plateformes de streaming bloquent leurs catalogues pour empêcher les entreprises d’IA d’entraîner leurs modèles. En mars dernier, une coalition d’artistes s’est réunie autour de The Humain Artistry Campaign pour soutenir l’expression humaine à la source de la création artistique.
Se pose ensuite la problématique des droits et protection des données à laquelle le gouvernement va devoir répondre pour s’adapter au futur de l’industrie musicale.
Même si les outils d’IA vocale cartonnent, il est important de rappeler que certaines imitations sont plus réussies que d’autres et que le deepfake ne fonctionne que lorsqu’il est utilisé avec talent. En d’autres termes, l’IA vocal ne vient pas remplacer l’artiste. Pour Maxime Benoit, cofondateur de RapMinerz, l’IA vocale est une « réutilisation de la matière artistique. Il y a du travail derrière l’IA : cela reste un travail d’humain ! »
Finalement, l’IA ne doit pas être utilisée pour remplacer l’humain mais pour lui apporter des outils supplémentaires dans son processus de création.
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