Comment rendre son concert plus écolo ?

Ces derniers mois, les professionnels de l’industrie musicale se saisissent des problématiques environnementales. À l’image du projet « Déclic » porté par la FEDELIMA (Fédération des lieux de musiques actuelles) et du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles), les initiatives pour « décarboner le live » sont de plus en plus nombreuses.

Si la grande majorité des impacts sont à l’échelle des organisateurs d’événements et des très gros artistes, on avait envie de vous donner quelques pistes pour intégrer le développement durable dès le démarrage de votre carrière, histoire de bien faire les choses dès le début !

 

Écologie et concert, état des lieux

Depuis quelques années, les festivals et les gros événements sont pointés du doigt pour leur impact écologique. Entre les déplacements en avion des artistes, les semi-remorques qui sillonnent les routes pour acheminer le matos de date en date, la surconsommation d’énergie ou encore les déplacements en voiture des spectateurs, il peut être parfois décourageant de mettre en place des éco-gestes face à de tels mastodontes.

Heureusement, les prises de conscience se multiplient. Parmi les derniers exemples en date, on pense forcément à la dernière tournée de Coldplay « Music of The Spheres ». Les engagements liés à cette tournée « écolo » sont disponibles sur un site spécialement dédié. Si on met le mot « écolo » entre guillemets, c’est que le terme reste encore discutable. De tels concerts entraînent des centaines de milliers de déplacements du public qui prend la voiture, voire l’avion pour y assister. L’idéal serait donc de revoir tout le modèle et de réduire les jauges… mais la démarche de Coldplay a au moins le mérite de soulever cette question !

 

En France aussi, les artistes s’engagent dans la transition écologique. Ils se rassemblent au sein de collectifs comme « The Freaks », initié par le groupe Shaka Ponk. Les artistes et personnalités membres (Christophe Willem, -M-, Pascal Obispo, Tété, Zazi…), s’engagent à « changer leurs habitudes pour réduire leur impact sur la planète et le climat, et à passer le message auprès de leurs fans et followers ».

 

D’ailleurs, il semblerait que les amateurs de musique soient plus sensibles à la crise climatique que les autres. Une étude initiée par des chercheurs de l’université de Glasgow a démontré que 82 % des fans de musique s’inquiètent du changement climatique. 54 % d’entre eux sont d’accord pour dire que « la lutte contre le dérèglement climatique devrait être une priorité absolue maintenant, avant toute autre chose ».

 

Le public est prêt, les professionnels commencent à se bouger, et vous ?

 

En concert, changez vos habitudes

Si le développement durable se doit d’être un sujet de fond dans l’industrie musicale, vous pouvez vous aussi, à votre échelle, intégrer de nouvelles habitudes pour aller dans le bon sens !

 

  1. Calculer son bilan carbone. Pour réduire votre impact, il faut d’abord commencer par le mesurer. Pour ça, il existe plusieurs outils pour vous permettre de le faire. À titre personnel, vous pouvez utiliser le simulateur de l’ADEME. Pour vos concerts, n’hésitez pas à checker du côté de Carbo.
  2. Se tourner vers le marché de l’occasion. En 2021, le marché des instruments de musique neufs était évalué à 534 millions d’euros. Au total, 1 million d’instruments ont été achetés neufs, 554 000 d’occasion et 118 000 ont été loués. Le marché de l’occasion est d’ailleurs en forte hausse, avec +38,5% par rapport à 2017. Si l’achat d’occasion a l’avantage de coûter moins cher, il permet aussi de donner une nouvelle vie à des instruments inutilisés. Backmarket propose sur son site des instruments, accessoires et équipements reconditionnés.
  3. Optimiser ses déplacements. Si vous faites plusieurs concerts sur une courte période, on vous recommande d’optimiser vos déplacements. Déjà, pour des raisons financières mais aussi pour réduire les émissions de co2 liées aux transports. Vous pouvez utiliser l’outil My Map de Google pour avoir une vue d’ensemble de vos itinéraires.
  4. Bien choisir les salles. Essayez autant que possible de vous produire dans des salles accessibles en transport en commun ou en mobilité douce. Par exemple, l’Aéronef de Lille a lancé AéroEasyGo, un dispositif à destination du public, qui regroupe les propositions de covoiturage et de copiétonnage. La salle va encore plus loin en offrant le remboursement de l’aller-retour en transports en commun et en encourageant la pratique du vélo.
  5. Gérer ses déchets. Durant les concerts, optez au maximum pour du réutilisable (par exemple : écocups ou gourdes sur scène et en coulisses). N’hésitez pas à prévenir les salles de concerts pour le catering et pensez à trier vos déchets !
  6. Opter pour une scénographie plus responsable. Les écrans et effets de lumière c’est bien mais est-ce que c’est vraiment nécessaire ? Même les scénographes des plus grands groupes se posent la question. Pierre Claude, le scénographe de Phoenix a intégré la contrainte écologique dans le cahier des charges de la dernière tournée du groupe. Il a notamment cherché à mobiliser le moins de camions possible sur les routes.
  7. Sensibiliser son entourage pro. Si vous voulez que les choses changent, n’hésitez pas à échanger sur vos actions auprès des lieux où vous vous produisez !
  8. Sensibiliser son public. Par exemple : incitez-les à venir vous voir en transport en commun ou en covoiturage, optez pour un merchandising plus éco-responsable etc.

 

Plus largement, les questions environnementales se retrouvent dans les discours mais aussi dans les chansons des artistes. S’il y a quelques années, Tryo en faisait un titre complet avec « l’hymne de nos campagnes », l’écologie devient aujourd’hui un décor de l’histoire comme dans le titre « 50° » de Lomepal.

 

À défaut d’en écrire une chanson, posons-nous au moins les bonnes questions !

 

Pour aller plus loin :