Écologie du merchandising

Vendre reste le nerf de la guerre dans l’économie d’un artiste. Peut-on le faire de façon respectueuse pour l’environnement? Quand le Merchandising se met au vert. Décryptage

Se merch au vert

Allier bonne conscience et merchandising, c’est possible. Comment réduire son empreinte carbone et son impact écologique dans les produits vendus sur notre site ou à la sortie du concert ?

Petit guide pour éviter le gaspillage.

Avant tout, on parle de quoi quand on parle de produit éco responsable ?

Il s’agit de produits dont la production, l’exploitation mais aussi la fin de vie ont été pensées pour réduire au maximum leur impact pour la planète. Disons-le franchement, il n’existe pas de production sans impact sur l’environnement, que ça soit en émission de gaz à effet de serre ou en pollutions diverses lors de sa fabrication. Dans le cycle de vie d’un produit, le plus impactant pour l’environnement reste l’extraction des matériaux et sa fabrication.

Malheureusement, il est assez difficile d’avoir des données précises sur l’impact réel de la production de différents produits qui nous entourent. Alors agissons déjà avec notre bon sens, il peut beaucoup.

 

Less is more

Premier geste, avant de développer son offre de merchandising : bien choisir quoi vendre. Ne pas succomber à la tentation et se concentrer sur l’essentiel. Moins de référence à vendre, c’est moins de production, mais aussi moins de logistique, de stocks, et potentiellement moins d’invendus. Vous êtes gagnant à tous les niveaux.

Ensuite, penser qualité. C’est plus cher mais le produit vendu sera utilisé plus longtemps, plus souvent, ça aussi c’est un bon point pour la planète.

Le textile reste le secteur favori du merchandising pour les musiciens, mais c’est aussi l’un des plus polluants. Énergivore et gros consommateur d’eau, il est aussi l’un des secteurs le plus néfaste pour les travailleurs. Toutefois, il existe des alternatives pour vos T-shirts et autres Tote bag. C’est le cas par exemple de Green Printz. Avec des T-shirt 100% coton, on évite l’utilisation d’hydrocarbure pour le textile. Si l’origine du coton reste assez mystérieuse, sa transformation et fabrication se fait en France. Pour la teinture et l’impression, Green Printz garantit des solutions éco responsables, avec des produits peu polluants.  Les écarts de prix, surtout pour les T-shirt, peuvent être assez significatifs si l’on compare avec un T-shirt synthétique taille unique de mauvaise qualité dont le cycle de fabrication et de transformation est un désastre écologique. Mais vous savez pourquoi, et vous pouvez communiquer dessus.

Opter pour le local et les circuits courts est également une bonne approche pour verdir son merchandising. Le festival du Bout du Monde, à Crozon dans le Finistère est un excellent exemple. Ce festival souhaite avant tout travailler avec le maximum d’acteurs locaux. Pour l’habillement, c’est avec Armor Lux que le festival travaille. La gamme est restreinte, les prix sont plus élevés mais la qualité est au rendez-vous. Vous partez du festival avec un souvenir fabriqué en Bretagne (à moins de 10 km du site) de qualité, fabriqué dans de bonnes conditions.

 

Vinyle : soigner son support

Autre secteur polluant mais difficilement contournable : le vinyle.

Par sa matière (issue des hydrocarbures) sa fabrication et son transport, ce secteur assez artisanal déploie des améliorations pour réduire son impact. Énergies vertes pour l’usine, politique stricte de recyclage en interne, de plus en plus de presseurs ont une politique plus éco responsable, sans incidence sur le prix. Le presseur hollandais Deep Grooves va plus loin et proposent des solutions plus écologiques. Le plus des Hollandais : le remplacement des métaux lourds dans les stabilisants des granulés de vinyle à base de zinc et de calcium, sans altérer la qualité sonore. On fait fondre à l’exacte température des granulés de vinyle qui sont ensuite pressés comme des gaufres à la bonne durée avec la bonne pression pour obtenir un disque rigide et de bonne qualité sonore.

 

La pédagogie

Avoir une démarche éco responsable c’est bien. La partager, c’est mieux. Revendiquer le choix d’un seul T-shirt, le choix de tel matériaux pour le vinyle ou tel ou tel goodies, est essentiel. Vous valorisez votre démarche et vous faites d’une faiblesse (un seul produit en vente) une force. Opter pour moins d’élément mais de meilleure qualité, c’est aussi la meilleure façon de justifier un écart de prix entre votre T Shirt et un T-shirt standard.

Attention au greenwashing

C’est le piège ultime quand on se lance dans cette approche. Tout d’abord, la neutralité n’existe pas. En musique comme ailleurs, l’impact 0 (zéro carbone, zéro pollution) est tout simplement impossible. Méfiez-vous des prestataires qui vous le promettent, et vous-mêmes, ne tombez pas dans le piège de trop en faire dans son discours !

On peut toutefois opter pour des gestes qui réduisent au mieux notre impact écologique.

Autre piste possible, compenser son impact par des gestes comme planter des arbres. Attention, cette solution est souvent critiquée. Certaines sociétés dites spécialisées dans la compensation CO2 brillent par une mauvaise gestion des reforestations. Tournez-vous plutôt vers des associations qui travaillent sur un projet de développement à long terme en lien avec les populations locales.

Vous pouvez également, à l’instar des tourneurs, multiplier les efforts pour optimiser vos dates de tournée, autant pour des raisons de coût que de réduction d’impact.

Opter pour un merchandising éco responsable est une noble démarche, qui vous implique, vous engage comme citoyen et artiste, vous ouvre au débat et à la discussion mais ça reste un premier pas, la part émergée de l’iceberg. C’est dans votre quotidien de musiciens que des gestes simples sont aussi à prendre pour améliorer votre impact écologique.