Grand débat MaMA : Un nouveau Monde (Enfin !)

De la Chine au Brésil, l’industrie du disque pourrait se relancer sur des marchés en plein boom.

« La musique ne connaît pas de frontières. » Invité d’honneur de cette 4ème édition du MaMA Festival, Seymour Stein, vice-président de Warner Bros. Records, était au Trianon, le 17 octobre, entouré de plusieurs spécialistes. Sur l’estrade, l’homme présente de nouveaux talents découverts par la maison américaine, et discute de l’avenir de l’industrie du disque. Une industrie qui pourrait se développer en Chine ou au Brésil, deux nouveaux marchés en pleine expansion. « Il y a un énorme potentiel sur les marchés émergents », confirme Alice Dr. Enders, analyste des médias pour la société Enders Analysis. « Les bonnes chansons peuvent venir de partout, enchaîne Seymour Stein. Nous venons par exemple de signer un nouvel artiste brésilien. » Au Brésil, justement, le marché de la musique est en pleine ascension. « Chaque année, trente millions de nouveaux consommateurs arrivent sur le marché brésilien, commente Felippe Llerana, directeur général de VentureBR, société de développement au service des entreprises. Pour preuve, nous n’avons jamais vu autant de ventes d’instruments de musique : ces dernières années, la marque Fender a écoulé un nombre incalculable de guitares. »

Cybercafé

Une observation appuyée par Alice Dr. Enders. « Le Brésil est un exemple intéressant car les compositeurs brésiliens veulent désormais que leur musique soit reconnue par le plus grand nombre. C’est un virage important pour un marché qui attire de nombreux investisseurs. » Une scène que les jeunes générations peuvent eux aussi conquérir. « Partez faire des concerts, leur conseille Alice, c’est là que vous pourrez vous constituer une base de fans. » Sur ce point, la Chine se développe également. « Le marché chinois revêt un caractère unique, explique Archie Hamilton, qui occupe plusieurs postes liés à la musique en Chine. Depuis cinq ans seulement, on commence à se connecter sur Internet chez soi. Avant cela, il fallait aller dans un cybercafé. Par conséquent, l’ouverture à la musique n’est pas la même qu’en Europe. » Archie Hamilton se souvient alors : « Quand je suis arrivé en Chine, il y a quelques années, Shanghai et ses 23 millions d’habitants ne comptaient aucune scène pour faire de la musique live. Aujourd’hui, il y en a cinq. Pour 23 millions de personnes, c’est encore peu. »

« ll faut agir »

Pour autant, le marché chinois est un marché vers lequel des musiciens du monde entier, et notamment européens, décident de s’orienter. « Le problème, c’est qu’il est difficile de se faire une place via les réseaux sociaux, qui ne fonctionnent pratiquement pas là-bas, poursuit Archie. Je conseillerais plutôt de rencontrer des étudiants chinois, très mobiles et présents partout dans le monde, pour ensuite arriver en Chine avec des connaissances rencontrées ici et là. » Une analyse complétée par Mathieu Sibille, président de iConcerts France, chaîne multimédia dédiée au live : « Il faut de toute façon montrer au plus grand nombre ce que vous faites musicalement. N’hésitez pas à pousser toutes les portes. » Une philosophie sans doute appliquée à la lettre par Seymour Stein lorsque, il y a plusieurs dizaines d’années, il lança la carrière des Ramones, de Madonna ou de Depeche Mode. « Il ne faut pas rester à réfléchir, il faut agir », confie alors l’Américain, avant de regarder sur grand écran le clip The Fox, vidéo hors norme et buzz international du groupe norvégien Ylvis, présenté par Inger Dirdal, conseillère spéciale pour l’association norvégienne Norcode. Clin d’œil décalé pour une conférence exceptionnelle, et définitivement à part.

MaMA Festival & Convention 2020

MaMA Festival & Convention 2020

14 octobre 2020 - 16 octobre 2020