RIFFX.Hebdo : First Last avec Alex Beaupain

Alex Beaupain nous dévoile son projet de reprise d’album Gainsbourg, et les réactions qui en découlent. Ou encore sa première émotion musicale …

J’y vais ?

Pas pour chanter, mais pour faire des clap c’est pas mal ici.

Première émotion musicale ? 

J’avais la chance d’avoir une mère qui jouait de la guitare, du piano, qui chantait et qui se trouve que quand elle nous disait bonne nuit, les mamans font des berceuses, mais je pense que c’est une émotion musicale première qui est assez commune à plein de gens. Sauf qu’elle, elle chantait bien, et puis, elle s’accompagnait à la guitare, donc déjà c’est pas voilà. Et donc, j’imagine que tout vient de la mère, demandez à Freud. Voilà pour moi, c’est ça la première émotion musicale fatalement.

Ton premier poster ? 

Je crois que mon premier poster, ça doit être un poster de Marilyn Monroe dans Bus Stop. J’étais absolument fasciné par cette femme peut-être psychanalytiquement ça explique des trucs sur le fait qu’après moi, j’ai beaucoup fait chanter des actrices, finalement.

Ton dernier projet ? 

Mon dernier projet, c’était la reprise de cet album de Gainsbourg qui s’appelle “Love on the Beat”, qui date de 84. L’impulsion au départ, elle est évidemment sentimentale, c’est-à-dire que moi, c’est un album qui m’a accompagné pendant longtemps. J’ai toujours aimé dans “Love on the Beat”, la puissance du son que l’album dégageait, les thématiques évidemment. Moi, la grande révolution  pour moi de cet album, c’est ces chansons très explicitement homosexuelles. J’aime les textes. J’aime le fait qu’il y ait Gainsbourg, mais aussi Gainsbarre qui commence à apparaître et qu’en fait, dans ces 8 chansons, c’est un album assez court, 35 minutes. Je trouve qu’il y a tout Gainsbourg et je trouve que du coup, ça en fait un album assez émouvant. Donc c’est pour ça que moi, j’avais envie de reprendre “Love on the Beat”.

 

Tes premiers souvenirs de “Love on the Beat” 

Déjà, c’est la découverte de la pochette que je ne comprenais absolument pas à l’époque, mais qui m’impressionnait un peu. Je voyais bien que cette femme était étrange, elle avait un genre étrange et elle m’effrayait un peu. J’ai compris beaucoup plus tard que c’était Gainsbourg. Je crois que la première chanson que j’ai entendu de “Love on the Beat”, ça devait être “Lemon Insest”, le duo avec Charlotte qui peut sembler très provocante aujourd’hui et qui a provoqué des choses à l’époque, mais que moi, déjà, je trouvais assez belle. C’est une mélodie de Chopin, donc on peut difficilement se planter, mais quand même, déjà il faut écrire sur une mélodie de Chopin. Et je trouvais que c’était assez bien écrit, je trouvais que c’était assez pur. Bref, très vite, ça a été un album qui m’a à la fois provoqué, choqué et à la fois attiré.

Ta version de “Love on the Beat” ? 

Comment on remplace Gainsbourg en fait, dans un album qui semble aussi personnel ? J’ai beaucoup ramé, j’ai beaucoup cherché, d’autant plus que ça ne chante pas tant que ça cet album, ça parle beaucoup et moi je ne suis pas très bon acteur. Donc quand il s’agit de parler, il faut quand même jouer un peu quelque chose. Il fallait que je trouve quelque chose, c’est-à-dire ma voix entre imiter Gainsbourg et faire autre chose. Et à un moment donné, je me suis dit peut-être que la solution la plus évidente, si je veux vraiment que le texte passe, c’est de le faire le plus sobrement, le plus simplement possible, presque de façon un peu blanche. Dans l’idée que ces textes-là, ils se suffisent à eux mêmes et que moi, j’ai qu’à être une espèce de vecteur du truc, de quelque chose à travers lequel cette poésie-là elle passe.

Les premières réactions ? 

On est quand même sur un album qu’on peut considérer par moments comme pornographique, voire misogyne, voire dans lequel Gainsbourg se présente dans certaines chansons comme une espèce de mâle alpha. Mais il y a aussi une interrogation quand on repense ce genre de propos. À se dire, qu’est-ce que ça veut dire aujourd’hui de raconter ça ? Et en même temps, ça m’a intéréssé de le faire pour réaffirmer un truc qui est très important pour moi, la chanson et même l’art en général, ce n’est jamais l’endroit où on doit délivrer un message moral. Sinon, la création va devenir inoffensive, et moi, ça m’intéresse moins.

Ton dernier coup de coeur de Gainsbourg ? 

C’est la sortie en 2000 je crois de “Comme un boomerang” en duo. Voilà, ce titre qui ré-éxhume, qui avait été écrit pour Dani. Et je me rappelle même du moment où j’entends la chanson pour la première fois à la radio. Et je me dis : “Putain, là Daho il nous a écrit une putain de chanson”. Et quand ils les annonce et qu’ils annoncent que c’est une chanson inédite de Gainsbourg que Daho reprend avec Dani, je me dis : “Il n’y a quand même pas à chier quand c’est bien, c’est bien”. Et on est en 2000, 10 ans après sa mort. Moi, ça, ça m’a impressionné. Ça a été un vrai choc, cette chanson-là.

Merci Alex Beaupain !