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Cette semaine dans le RIFFX.Hebdo : Benjamin Biolay poursuit sa course avec son album « Grand Prix » paru en juin 2020 et ressort une version augmentée avec cinq titres inédits. On y trouve, notamment, deux nouveaux morceaux, avec Juliette Armanet et Adé et une reprise de Tous les cris, les SOS de Daniel Balavoine.
Je pense que j’aurais été quelqu’un comme Jacques Laffite, qui aurait commencé un peu tard, mais pas forcément quelqu’un de prédestiné à ça parce que dans la vie, les choses que je fais ne sont pas forcément des choses pour lesquelles j’étais prédestiné. Donc je ne pense pas que j’aurais été le pilote académique, typique, qui a commencé à trois ans avec son kart, avec son papa.
« Grand prix », on l’a dit, joli succès de l’été, d’ores et déjà disque d’or. Je te propose qu’on en soulève le capo, qu’on étudie un petit peu ensemble le moteur. Est-ce que déjà tu peux nous expliquer l’impulsion de cet album, il part de cette chanson éponyme « Grand prix ».
Oui voilà, malheureusement elle n’est pas très joyeuse quand j’explique comme ça. J’ai cette passion pour la course automobile depuis toujours parce qu’il y a la vie, il y a la mort, il y a la vitesse. C’est quelque chose qui m’a toujours beaucoup touché. Et puis il y a eu malheureusement le décès de Jules Bianchi, qui est un pilote que j’adore et j’ai écrit cette chanson qui s’appelait « Grand prix » et puis j’ai eu envie d’en faire un album. J’avais le titre très vite, je ne le disais à personne parce que ça les aurait fait complètement flipper. Parce qu’on peut imaginer qu’on va parler de mécanique, de choses inintéressantes mais moi je voulais vraiment métaphoriser à fond.
Est-ce que tu as jours été fasciné par la mythologie du drapeau à damier et des destinées tragiques des pilotes ? C’est ça, il y a un côté le souvenir des courses du dimanche post pinard et digeo en repas de famille ?
Oui, il y a vraiment un souvenir du canapé sur le coup des 14 ou 15h après le déjeuner dominicale. La première fois que j’ai entendu une Formule 1, je me suis dit : « C’est quoi ce truc ». Ce sont des fréquences, des notes, une puissance que je n’avais jamais entendue.
Cet album, c’est aussi plus largement une sorte de contrôle technique, finalement, de ta vie intime, puisque tu chantes les compétions amoureuses avec ses victoires, ses échecs, la vie qui passe à toute vitesse. À quel moment est-ce que tu t’es rendu compte qu’on était dans le cockpit de ta vie ?
Je me suis rendu compte que finalement j’avais soulevé un capo là, un peu plus intime que je ne l’imaginais. Moi j’imaginais être bien caché derrière mon concept et en fait, j’ai lâché quelques sentences très intimes. De toute façon il y a toujours une grande surprise quand on a fini un album. Et là on se dit : « Ah oui, putain je n’avais pas vu ça comme ça en fait ».
Premier single « Comment est ta peine ? » où tu ravives la douleur de notre dernière rupture amoureuse. Je crois savoir que toi-même tu as été surpris finalement par le succès critique et populaire ?
Je l’aimais beaucoup cette chanson. Moi elle me faisait un truc mais ça m’est tellement arrivé qu’une chanson me fasse un truc mais qu’elle ne fasse rien aux autres que je me suis dit que ce n’était pas une règle quand même. Parce que je me disais qu’on pouvait avoir trente ans de retard, ce n’est pas grave. Mais pas six mois, ça ne pardonne pas je trouve. C’est très compliqué la musique pour ça.
Deuxième extrait « Vendredi 12 », je voulais parler aussi du clip. Hommage au cinéma italien.
Pourquoi est-ce tu as choisi cette mise en image-là ?
Je suis fan de cinéma, j’en fait de temps en temps. J’ai toujours aimé follement le cinéma italien parce que quand j’étais étudiant au Conservatoire à Lyon, on allait au ciné-club italien à Villeurbanne et j’ai toujours eu un amour et pour les films et pour les acteurs de cette époque.
Devant le succès de ton album, bim : réédition, tu agrandis le circuit de 5 pistes supplémentaires, dont deux duos. Tu as choisi pour co-pilotes Juliette Armanet, Adé. Déjà un mot sur pourquoi ces choix de duos.
Les deux je les adore, vraiment. Juliette Armanet, c’est une grande artiste qui est arrivée avec un univers complètement incroyable, tout de suite dès son premier album. J’aime sa voix. Et puis Adé, je suis fan aussi, je pense que c’est une future très grande star.
Tu reprends aussi Balavoine « Tous les cris les S.O.S » que tu avais chanté pendant le confinement.
C’est une chanson que je trouve extraordinaire, le texte, la mélodie. Et puis il est quand même mort violemment aussi sur une course automobile.
Le fil d’Ariane est cohérent jusqu’au bout.
Peut-être, oui.
Tu vas toi-même prendre la route, puisqu’il y a la tournée dans un horizon temporel relatif.
Ça va être une vraie libération, ça va être merveilleux. On est sur les starting-blocks c’est dur d’attendre, mais ça va partir, ça va partir.
Je voulais te poser une dernière question qui transpire un peu tout au long de l’album. Est-ce que finalement tu penses qu’il vaut mieux vivre la vie à pleine vitesse, à fond, quitte à se mettre dans le décor, ou est-ce qu’il vaut mieux maitriser ses nerfs, son volant, et gouter au champagne éclaboussant à la fin. Qu’est-ce qu’il y a finalement de plus beau ?
C’est très difficile de répondre à cette question parce que dans l’absolu moi je préfère naturellement la première option. Quand j’écris, je suis encore celui qui a 17 ans, qui est sur le monde et qui n’a pas de responsabilité. Je redeviens celui que j’ai toujours été en tant qu’auteur-compositeur mais après comme j’ai des enfants tout est complètement différent donc…
Champagne éclaboussant.
Champagne éclaboussant.
J’agite le drapeau à damier de cette fin d’interview.
Merci déjà d’avoir supporté toutes ces métaphores automobiles relous, jusqu’au bout.
Écoutes, il y en a eu deux complètement inédites.
Tu as noté deux inédites ?
Oui oui, mais j’ai oublié lesquelles, mais je te dirais quand je regarderai.
Merci à toi Benjamin.
Merci beaucoup, merci.
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