RIFFX.Hebdo : L’actu de Pierpoljak

En 25 ans, il a marqué le reggae en France, il a connu la gloire, mais est également passé par la case prison. Dans son nouvel album, « La roue tourne Igo », il évoque ce passage. Rencontre avec Pierpoljak dans le RIFFX.Hebdo !

T’es prêt ?

Voilà, ce fut doux !

Mais oui.

Très chers Riffxeuses et Riffxeurs, alors certains d’entre vous se demandent sans doute présentement Pierpoljak, qu’est-ce que tu fais là à trainer ? Et bien la réponse elle est toute simple, elle est là, c’est le dixième album si mes calculs sont exacts.

Tu es un bon toi, c’est bien.

Oui c’est ça, c’est le dixième ou pas ?

C’est le dixième.

Commençons peut-être par le titre « La roue tourne igo », tu peux nous l’expliquer ?

Oui, je vais essayer d’être simple et rapide. En fait, en 2017, j’ai eu un problème avec la justice et j’ai atterri en prison. Quand j’arrive dans la cellule qui m’est attribuée, il y a plein de phrases gravées et donc il y a cette phrase au milieu des autres : « La roue tourne igo ». Je me suis dit déjà que si jamais je m’en sortais et que je faisais à nouveau un album, il s’appellerait comme ça.

Si on remonte un petit peu le temps, fin des années 90, les années Charly et Lulu, comme j’ai un peu envie de les appeler.

J’ai connu.

Tu fais exploser le reggae francophone dans nos tympans, devant le public. Ça c’était 97, 20 ans après donc tu l’as dit, retour case prison. Je dresse ces 20 ans avec ces deux extrémités, pourquoi ? Parce que je trouve que c’est un peu à l’image de ton parcours, il y a eu des hauts, très hauts et il y a eu des bas.

Oui, ma vie en général. C’est bien et ce n’est pas bien parce que moi des fois j’aspire au calme et le calme ne vient pas, tu vois. Et donc si tu veux, oui, ma vie est chaotique, des montagnes russes un peu, des dents de scie, mais c’est intéressant en fait.

Tout ça pour dire qu’effectivement, ces onze chansons, c’est un peu un journal intime de zonzon on pourrait dire, parce que c’est quand même l’univers carcéral, la détention qui à la base a inspiré ta plume sur cet album ?

Tout à fait oui. J’aurais pu en faire onze que là-dessus, après j’ai essayé de mettre un peu de respiration parce que… Ça pouvait être peut-être être indigeste. Je n’aime pas dramatiser dans les chansons, plomber du genre : « Ah la prison ! ». En même temps c’est ironique et en même temps c’est sincère. C’est comme un pardon un peu.

C’est une ironie sincère.

Allez allons-y, je l’aime bien ça. Oui allez vas-y.

Ton premier single c’est « Clarks aux pieds » qui est un hymne à la shoes par excellence du reggae.

Aujourd’hui je n’ai pas de Clarks.

Je matais là, je me suis dit : « ils sont comment les ieps ? »

Faute de goût ! On est à deux dessus avec Daddy Mory, on est des fans de la Jamaïque, on est des fans du reggae, du truc traditionnel en fait on va dire. Les rastas ont tous eu au moins une paire de Clarks et puis voilà on l’a fait et c’est super !

Tu y chantes : « la prison ce n’est pas une fierté, c’est un karma ».

La prison, ce n’est vraiment pas une fierté oui c’est de la merde, je n’ai jamais voulu glorifier ce truc-là. À 16 ans je suis tombé, 18 ans je suis tombé, 19 ans je suis tombé. Je me suis dit : « putain, merde, putain, 53 balais, tu es là au chtar, quelle honte ».

Dans le reggae il y a aussi les rudeboys, finalement tu es un peu l’incarnation aussi de ça ?

Le reggae finalement ce n’est pas une musique de gentils hippies. Je n’ai rien contre les gentils hippies, je te le dis, mais non, non, c’est une musique qui vient de la souffrance du ghetto, du sang qui coule, les coups de feu, l’espoir aussi d’aimer et d’avoir une vie meilleure, c’est ça le reggae.

Quel regard tu poses maintenant sur l’actu ?

Je pense comme toi, je ne comprends rien, je suis dépassé.

Ce leitmotiv n’a jamais été autant d’actualité : « Je veux quitter ce monde de fou, pour de bon maintenant ».

Oui, oui, ça fonctionne à mort.

Ça fonctionne toujours.

Ah oui, ah oui.

Merci Pierpoljak, c’était très cool. Dixième album : « La roue tourne igo », effectivement je me dis que tu as choisi le bon leitmotiv.

Je ne sais pas si ça avait été marqué par exemple : « Nique la zonzon », ça aurait donné un titre un peu moins philosophique.

Vilain, vilain, vilain.

Merci beaucoup, c’était très cool Pierpoljak !

Oui, c’était super. Check-ça man.

C’est cool, merci.