RIFFX.Hebdo : Lyrics avec Benjamin Biolay

Aujourd’hui un RIFFX.Hebdo un peu spécial : Toute l’équipe RIFFX lui souhaite un très joyeux anniversaire à Benjamin Biolay ! Pour l’occasion nous revenons sur les paroles de son album « Grand Prix » paru en juin 2020 dont une version augmentée est sorti récemment avec cinq titres inédits. On y trouve, notamment, deux nouveaux morceaux, avec Juliette Armanet et Adé et une reprise de Tous les cris, les SOS de Daniel Balavoine.

Vous êtes prêts ?

Ça revient très souvent le thème de la douleur amoureuse, de la perte amoureuse, ou de la séparation, mais ce n’est pas forcément aussi premier degré qu’on peut le penser.

Ce n’est pas forcément adressé à une personne, et ça n’évoque pas forcément une relation amoureuse.

Ça peut évoquer une relation avec un pays, avec un endroit, avec une période de la vie.

On a l’impression parfois que je parle d’amour entre deux personnes, ça n’est pas forcément le cas.

J’ai la même surprise moi quand je parle avec des gens qui font des chansons, de leurs chansons quoi.

Je dois avoir été parfois complétement à côté de ce qu’ils voulaient raconter en fait.

C’est ça qui est beau dans les chansons je trouve. Chacun se l’approprie en fait.

J’imaginais dans « idéogramme » quelqu’un qui ferait son testament un petit peu bourré.

C’est simple en fait ce n’est pas plus compliqué que ça cette histoire, quelqu’un qui serait religieux, mais ivre-mort.

J’imaginais quelque chose comme ça de, un peu, « Bad Lieutenant », je ne sais pas si vous voyez ce film d’Abel Ferrara.

Peut-être un peu moins intense quand même.

Le sentiment d’être passé à côté des choses, oui il revient, après il n’est pas comme une malédiction, je ne le vois pas comme des grands ratés.

On passe tous à côté, à une seconde près ou à un centimètre près de quelque chose qui aurait pu transfigurer, transformer nos vies.

C’est le principe de l’existence et des hasards de l’existence.

On ne connait que les moments où ça a fonctionné, mais on ne connait pas les moments où il ne s’est rien passé et il aurait pu.

C’était un hommage à mon métier, parce que nous on est beaucoup sur la route les musiciens, on vit dans un tourbus.

Très souvent je me suis retrouvé tout seul ou presque dans le tourbus, à regarder passer les paysages urbains et à réfléchir à tout ça.

Et j’ai dû même commencer à gratter cette chanson dans le tourbus.

Je sais que je ne sais rien, ça c’est une certitude.

Après je ne voulais pas rectifier le tir par rapport à « Ton Héritage ».

Les seules choses dont je suis sûr, je les dis dans « Ton Héritage », mais maintenant par exemple ma fille grandit, lui donner un mode d’emploi de la vie, j’en suis bien incapable. Je l’avoue.

« Parc fermé » c’est un terme de sport automobile, pas que de formule 1.

Quand les voitures sont sous régime de « parc fermé », ça veut dire que plus personne n’a le droit d’y toucher, elles sont comme sous scellés.

Les mécanos ne touchent plus rien, et on ne touche plus à rien.

Et parfois la vie est en mode « parc fermé », et malheureusement en ce moment, que dire, à part ?

Les lyrics préférés de ton album ?

Les tout derniers : « Ce Dimanche à Interlagos il y avait Grand-Prix ».

C’est comme un retour à la case départ, on a passé le drapeau à damiers, il faut recommencer de toutes façons dans quinze jours ou la semaine prochaine.

C’est tellement de douleur pour une toute petite éventuelle satisfaction un grand prix que, ça résume bien ce que je pense de l’existence.