RIFFX.Hebdo : Lyrics avec Irma

La chanteuse Irma est dans le RIFFX.Hebdo avec nous pour décrypter les paroles de ses titres. L’inspiration de paroles tirée de ses expériences de vie, de ses origines, de son parcours…

I know : « That it’s a dream »

Je m’adressais surtout aux adultes autour de moi. Cette chanson, je l’ai écrite en tant qu’enfant qui n’a pas le droit de participer aux conversations d’adultes qui sont un peu résignés.  Je ne comprenais pas cette résignation, ça me choquait. Quand je me baladais dans la rue et que je voyais… C’est assez flagrant dans le monde entier, mais surtout dans beaucoup de pays d’Afrique  ou l’extrême richesse côtoie, mais de très, très près, c’est-à-dire à deux pas l’extrême pauvreté. Et moi, je ne comprenais pas. Et quand je demandais aux adultes autour de moi : “Pourquoi ?”. Ils me répondaient tout le temps : “Parce que c’est comme ça”. Et du coup, je me suis dit : “Ma seule arme, ça va être d’écrire des chansons”.

 

Letter to the lord : « These are my words. These are my lines. Thos is my prayer »

Je venais de me faire larguer clairement et moi, j’ai toujours été

très romantique et donc j’ai écrit cette chanson comme une espèce de lettre. Je dit en gros : “J’essaie de trouver les accords qui te feront revenir etc”. Et donc je décris dans les paroles la structure et l’évolution de la chanson. C’était un peu désespéré, mais finalement ça a donné cette chanson qui a donné son titre à mon premier album. Donc finalement, cette rupture, c’est un mal pour un bien.

 

The Dawn : « Don’t you see that we’re sinking oh don’t you wanna dive »

“The Dawn”, ça raconte un réveil dans la ville un peu brutale parce que j’ai toujours eu ce truc-là,  moi, je vais marcher tous les étés dans la montagne, je pars avec mon sac et ma tante. J’ai ce truc très proche de la nature. Au Cameroun, je viens d’un peuple qui vient de la montagne. J’ai du mal à respirer en ville,  donc j’ai besoin à chaque fois que j’ai des gros moments comme ça où je suis dans la ville, de partir me ressourcer dans la nature. Et “The Dawn” raconte ce réveil dans cet espèce de vacarme urbain  où il y a tellement de bruit qu’on ne s’entend même plus penser qu’on n’entend plus ce qu’il y a dans notre cœur.

 

Back Sun : « Living with the back sun. Shinning under rays of darkness »

C’est le premier titre que j’ai écrit de cet album. C’est celui qui a lancé l’album. Et “Black Swan”, c’est un peu un concept que j’ai créé pour décrire le moment un peu chaotique où on se rend compte qu’on est un peu parfois son pire ennemi. C’est-à-dire qu’on se met soi-même ses propres barrières. On se parle très, très mal à l’intérieur de nos têtes parfois. On a peur de beaucoup de choses et c’est un moment qui a été hyper dur et en même temps plein d’espoir pour moi. Parce que c’est aussi là que j’ai compris que je vais réconcilier tous les mois. Tous les gens qu’il y a à l’intérieur de moi, de par mes différentes cultures. Je vais les réconcilier et de là va naître quelque chose de beau.

 

Va-t’en : «  Va t’en mais reste un peu. Va t’en mais reviens vite »

C’est un peu comme si je retranscrivais  les mots que j’ai entendu en partant de chez moi, du Cameroun. Et en fait, en arrivant en France, j’ai ressenti beaucoup le manque de chez moi. Et c’était une manière de dire que finalement, toutes ces tournées, tout ce que j’ai pu vivre loin de mon pays, finalement, ça m’a un peu ramenée à mon pays. C’est-à-dire que ces derniers temps, j’y suis très, très régulièrement et je ressens vraiment le besoin d’y retourner. Pour moi, il y a eu un truc très évident de retour aux sources et donc de retour aussi à ma langue maternelle. C’était assez évident pour ces titres-là.

 

Douala-Paris : « Étrangère ici, étrangère la-bas, donc quand vient l’heure du choix mon camp c’est moi »

Ce titre pour moi, il a été très libérateur parce qu’il m’a permis de dire qui je suis. Je me suis dit : “Je ne vais pas me mettre de limites de format. Je vais mettre tout ce que j’ai envie de mettre. Je vais me faire plaisir”.Et c’est une chanson que j’ai eu énormément de plaisir à faire. Et elle raconte tout mon parcours de Douala à Paris. Et comment, effectivement, on se confronte toujours à devoir choisir un camp. C’est-à-dire à Douala, moi je ne suis pas assez africaine, en France, je ne suis pas assez française et en même temps, j’ai ce truc où je me sens partout chez moi et en même temps où partout, je suis différente. En fait, tout ça, c’est moi.

 

Mes failles : « Je calmerai ton cœur si jamais il s’affole »

Vraiment, je pense que ma vie, elle a changé quand j’ai compris  que rien n’existait sans son contraire dans cette espèce d’injonction à la réussite, de la performance, etc. C’est mensonger de faire croire qu’on arrive à ça sans passer par des erreurs tout le temps. C’est bien de faire une jolie place à l’erreur, mais vraiment pas de manière négative. C’est-à-dire vraiment de le considérer comme une étape du chemin et de se dire que c’est tout aussi nécessaire que tout le reste. Et cette chanson, c’est un peu ça. C’est une ode à nos erreurs et à nos failles qui sont, je pense, la partie la plus importante de ce qu’on est.

 

Merci Irma !

Merci.