Angie des Rolling Stones

C’est l’histoire de… Angie des Rolling Stones

De toutes les ballades écrites dans le monde du rock, « Angie » reste encore aujourd’hui dans le haut du panier. Et parmi celles signées par les Rolling Stones, elle est certainement la plus connue.

Figurant sur l’album « Goats Head Soup » sorti en août 1973, Angie est même la bouée de sauvetage commercial du disque. Grâce à cette chanson, restée au top des hit-parades pendant plusieurs semaines d’affilée (en Europe, Australie et Amérique du Nord), les Stones reprennent leur place de leaders mondiaux. Il faut dire que leur double album « Exile On Main Street », sorti l’année précédente, n’a pas remporté les suffrages sur le moment. Il faudra d’ailleurs attendre plus de 20 ans avant que les critiques le considèrent enfin comme l’un des plus grands disques de rock de tous les temps. Mais en attendant, les résultats font grise mine. Et « Goats Head Soup » sans Angie aurait sûrement connu le même sort.

Période faste

La période n’est donc pas des plus fastes pour les Stones. Ils doivent affronter plusieurs problèmes dont la toxicomanie galopante de Keith Richards. Or le guitariste est, avec Mick Jagger, le mur porteur du groupe, et son déclin se fait sentir dans l’inspiration. Installé depuis plus d’un an dans le sud de la France pour échapper au fisc anglais, Richards fait de sa villa un repère de drogués et de trafic d’héroïne. Et cela non plus ne se révélera pas la meilleure des choses puisque la police française le reconduit très vite aux frontières du pays avec ordre de ne plus y remettre les pieds. Facteur bien embêtant pour le groupe qui doit y faire des tournées mais qui pensait également y enregistrer l’album comme cela avait été le cas pour « Exile On Main Street ». C’est donc en Jamaïque qu’ils vont se réfugier pour fabriquer ce « Goats Head Soup ».

Beaucoup de bruit pour rien

Angie sera la dernière chanson de la face A. Très décriée par les puristes stoniens car considérée comme trop commerciale, elle a en plus fait l’objet de nombreuses rumeurs qui ont eu la peau dure. Mick Jagger, au sommet de son talent vocal, y passe de l’appel déchirant au chuchotement attendrissant et s’adresse à un amour impossible. Les théories y sont allées bon train, chacun cherchant la mystérieuse destinataire. Il y eu d’abord la piste de l’actrice Angie Dickinson vite étouffée par une autre, plus résistante : Angie Bowie, top modèle, actrice, chanteuse et, à l’époque, femme de David Bowie. Les deux hommes partageant d’ailleurs une amitié considérée comme parfois ambigüe, la possibilité qu’ils puissent être eux-mêmes l’objet de la chanson a aussi été évoquée. Mais toutes ces théories, ainsi que quelques autres qui subodoraient que, sous Angie, se cachait Anita Pallenberg la compagne de Keith Richards, ne sont que fausses rumeurs. La réalité est bien plus simple puisque ce n’est pas Mick Jagger qui a signé ce texte mais Keith Richards. Ayant besoin d’un prénom féminin pour représenter une femme totalement fictive, il a voulu faire un clin d’œil à sa fille née l’année précédente : Angela.

Disque incontournable, tube éternel

En 1973 il y a Angie donc, et des milliers de couples qui vont danser sur ce slow pendant des décennies. Mais c’est aussi l’année qui marque le tournant chez les Rolling Stones, l’album de fin de leur grande époque. Les aficionados se disputent encore aujourd’hui pour savoir si « Goat Head Soup » a été le dernier disque incontournable du groupe ou s’il marquait déjà la pente descendante. Ils reprochent surtout au groupe d’avoir troqué à partir de là le subversif contre le commercial et accusent souvent Angie d’être la première preuve du déclin.

Beaucoup d’histoires pour une seule chanson décidément, mais il en va ainsi de tous les monuments. Parce qu’il ne faut surtout pas oublier que Angie est surtout une des plus fabuleuses ballades jamais écrites, à l’intro reconnaissable parmi toutes celles de l’humanité, et au piano magnifique de Nicky Hopkins.