Bow Low : la musique pour le plaisir

Au fin fond du département de l’Orne il y a des irréductibles qui forment des groupes de talent. Bow Low en fait partie. Loin des branchouilleries parisiennes, Nico l’homme de la voix et des textes, et Manu l’homme des compositions, aiment les souffles de liberté et les envies de musique débridée. Et en guise d’apéritif avant leur troisième album à sortir dans quelques semaines, « Happy Hunting Undergroud » (E.P quatre titres) se déguste avec surprise et gourmandise.

Les quatre titres que vous présentez aujourd’hui sont totalement différents. Rock, new-wave, pop, ambiance asiatique, ambiance tropicale… l’album à venir sera aussi éclectique que ça ?
On a choisi quatre titres complètement différents et en même temps à l’image de l’album. C’est assez représentatif, il y a encore d’autres surprises mais il résume pas mal l’ensemble. Avant, on a peut-être essayé de rentrer dans certaines familles musicales sans jamais y parvenir. Donc là on s’est dit qu’il n’y en a pas vraiment, que ça ne servait à rien. Le premier album était punk, le second était très clairement influencé par Ennio Morricone. Et cette fois c’est teinté de plusieurs influences. On a changé de batteur et de bassiste et la rencontre avec ces deux nouvelles personnes a été déterminante parce qu’on a joué dans l’urgence avec des gars que l’on connaissait très peu. L’album s’est fait en quinze jours, d’une seule traite, après seulement trois ou quatre jours de répétitions. Ils nous ont décomplexés sur plein de choses et cela nous a en plus permis d’alléger énormément notre musique.

Vous avez forcément dû vous poser la question de la cohérence… elle s’est faite dans le son ?
L’autre rencontre déterminante a été celle avec Nico, le réalisateur. C’est lui qui s’est occupé des enregistrements et du son. Tout a été enregistré en live dans la même pièce. Donc le son sur le disque est le son de cette pièce. Cela a en effet servi à unifier et donner une logique malgré la différence de style des morceaux. En fait on a rencontré des gens qui ont voulu mettre en avant ce qui existait déjà, pas essayer de réarranger les titres pour qu’ils collent à un style pré déterminé. On est un atelier de mélanges. Le réalisateur nous avait dit : je ne sais pas qui vous êtes mais a priori vous n’êtes ni ça, ni ça, ni ça… Vous êtes un peu tout ça.

Vous fonctionnez en inspirations additionnées ou en inspiration commune ? Vous discutez entre vous avant que la première note soit écrite ?
Non, mais on écoute de la musique ensemble. On se fait découvrir mutuellement plein de choses. En plus ça rebondit en retard ; c’est-à-dire que ce qui s’est passé sur ces morceaux-là, c’est ce qui a évidemment été composé pendant l’album précédent. C’est tout le groupe qui choisit les morceaux dans tout ce qui a été composé en « yaourt » puis chacun en fait sa traduction. Chaque musicien apporte sa façon de voir son instrument et rectifie certains automatismes. Du coup on s’influence les uns les autres pendant le travail même. Petit anecdote révélatrice par exemple : un des titres qui figurera sur l’album était à la base plutôt punk-rock. Et le réalisateur nous a dit d’en faire un slow. Cela nous a fait rire, on a essayé sans être convaincus mais dès que ça a été enregistré on ne doutait plus. On l’a d’ailleurs fait en une seule fois. On pensait faire un genre de répétition avant de le rejouer pour l’enregistrement et c’est le réalisateur qui nous a dit : « Non, c’est bon on la garde ». Ce que l’on entend sur l’album c’est la seule fois que cette chanson a été jouée.

Pour fonctionner comme cela il faut déjà avoir une maturité, un certain âge. Il faut accepter que l’accident et l’imperfection fasse partie de ce que l’on propose…
Oui et en même temps on est tout le temps en train d’écouter des choses comme ça, à se demander pourquoi le son de tel ou tel album est si génial et à se rendre compte que, justement, c’est parce qu’il n’est pas parfait. Non seulement il faut accepter les défauts mais il faut les aimer. Finalement c’est l’imperfection qui fait le charme, comme sur un visage. Ce n’est pas forcément cette méthode que l’on utilisera par la suite mais cela nous a fait un bien fou. L’album s’intitulera d’ailleurs « Summer Memories » parce qu’on l’a enregistré en été, mais en plus c’est vraiment comme si c’était une photo illustrant cette période d’allégresse totale où on s’est retrouvé adolescents à nouveau. On était super contents d’être ensemble, de jouer ensemble, de faire la fête le soir ensemble. Et ça continue ! On a cette joie redécouverte de se retrouver, on passe des heures à faire des impros, juste pour le plaisir.

Propos recueillis par Marjorie Risacher

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