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En partie émancipée de son label, la popstar anglaise de 31 ans publie déjà son sixième album, Brat. Un pot-pourri et une incarnation de la musique de club anglaise (et d’ailleurs) hautement addictifs.
En 2022 paraissait Crash, cinquième album studio de Charli XCX (sans compter les 4 mixtapes de sa pléthorique carrière). Un objet culturel particulier dans sa longue discographie puisqu’elle l’envisageait elle-même comme un simulacre d’album de pop mainstream. Profitant pour la première fois du pouvoir financier de son label Atlantic Records pour assurer la promo de son disque, singeant dans un geste presque parodique la pop du moment pour se transformer (non sans ironie) en une popstar lisse qu’elle n’avait jamais vraiment incarnée. Quel que soit le degré de cynisme qui alimentait cet étrange disque, Charlotte Emma Aitchison de son vrai nom avait réussi son coup : pour la première fois de sa carrière, elle trône tout en haut des charts anglais.
C’est depuis ce statut acquis d’une manière controversée après avoir longtemps été l’héroïne des marges et du courant hyperpop avec l’ep Vroom Vroom aux côtés de A.G. Cook et la regrettée Sophie, que Charli XCX publie finalement le successeur de Crash : Brat, un sixième album qui envoie balader tous les procès en cynisme et opportunisme, un disque aventureux et pourtant humble et à mille lieux de la grandiloquence pompière de son prédécesseur, peut-être le plus beau de sa carrière.
Annoncé par l’intermédiaire d’un monochrome vert fluo siglé d’un brat pixelisé, l’autrice de Pop 2 signifiait déjà tout ce qui nous attendait : l’abandon du maximalisme (musical comme promotionnel), le retour à la radicalité et à l’efficacité, de la pop chimiquement pure. En faisant de son dernier morceau une (fausse) reprise du premier pour travailler une esthétique hypnotique de la loop, en rapatriant les producteurs historiques de l’hyperpop anglaise pour puiser dans l’histoire des musiques électroniques anglaises, en rendant hommage à Sophie sur le lacrymal So I, le tout dans un format pop expéditif, Charli XCX a produit l’un des disques les plus addictifs (et potentiellement important) de ces deux dernières décennies.
Lancé à vitesse grand V, chaque trouvaille de Brat en chasse une autre (le piano de Mean girls, les rembobinages de Rewind, le beat trampoline de Club classics), chaque refrain semble plus percutant que le précédent avant de décélérer par brutaux à-coups (sublimes I might say something stupid et So I). A bien des égards, Brat est un donc un disque de pop anglaise rêvée. Par l’intermédiaire des producteurs Hudson Mohawke ou A.G. Cook, on y croise les spectres de Sophie Ellis-Bextor, du Bonkers de Dizzee Rascal, l’enterrement festif de l’hyperpop, son ADN club traversant quatre décennies de bass music anglaise. Un cocktail euphorisant partagé entre vulnérabilité et tempérament conquérant qui chasse aussi du côté de la bloghouse et de la French Touch 2.0 (les références à Uffie sont légions, Gesaffelstein produit un morceau…) ne laisse absolument aucun répit à son auditeur. Et pourtant malgré ce fatras référentiel, Brat ne s’effondre jamais sous son propre poids, il est l’incarnation même de la musique club.
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