David Simard : Sans titre

Parfois le talent est d’une simplicité et d’une humilité incomparable. C’est le cas de ce jeune artiste canadien depuis peu installé sur Paris. Il compte déjà derrière lui un sacré paquet de disques courts et un album au franc succès outre-Atlantique. Tout juste sorti, son dernier E.P. sans titre est un petit lait à siroter au coin du feu. Sa folk traditionnelle est mâtinée d’un air frais, cousue d’une musique de délicatesse, d’un brin de nostalgie et de textes à l’intimité taillée sur la mesure des âmes. Mais David Simard est bien plus que ça. Il y a là-dedans des paysages grandioses, des espaces immenses, des solitudes d’hommes en pleine nature ou plongés dans des bars perdus qui ont vu défiler des générations parfois cabossées. C’est toute sa Colombie-Britannique que ce chanteur trimbale avec lui, nichée au fond de sa voix profonde et étonnamment habitée pour un homme si jeune.

Et puis il y a Dorreen, cette ville fantôme au prénom de femme qui a donné naissance à un titre sur la dernière production de David Simard. Une ancienne cité minière laissée à l’abandon, quasi inaccessible, qui ne figure pas sur les cartes et qui ne compte plus qu’une seule habitante, dame soixantenaire s’accrochant aux cabanons délabrés. David Simard s’y installe un tiers de l’année, en communion avec la nature. Ce n’est jamais à cet endroit qu’il compose mais c’est toujours là-bas qu’il se ressource et s’inspire. Il veut y monter une résidence artistique, défendre un projet musical qui lui serait entièrement dédié. Quand il en parle, ses yeux s’enflamment et s’attendrissent à la fois. Et il avoue que, lui qui a déjà bourlingué sa bosse par monts et par vaux, vécu dans les grandes villes et aimé leurs profusions de rencontres, s’il y a un seul endroit au monde où il se sent chez lui c’est bien à Dorreen.

Un sacré gars à la gentillesse et à la sensibilité à fleur de talent. À suivre absolument.

Marjorie Risacher

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