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Des salles de concert remplies avant même la sortie de l’album, des titres sur les lèvres de tous depuis quelques mois… Fauve≠ connaît un immense succès. Mais que se cache-t-il derrière ce collectif ?
L’histoire de Fauve≠ est connue : celle de jeunes trentenaires remplis de désillusion qui postent, façon bouteille à la mer, plusieurs titres sur les réseaux sociaux, qui connaissent un succès inouï et finissent dans une major. On pense à Justin Bieber repéré par Usher sur la toile et devenu une bête de foire depuis. Fauve≠ a tous compris au système : anonymat (même si on connaît cela depuis The Residents et Daft Punk), mise en avant du collectif au service du groupe (le genre de discours entendu dans les vestiaires après un match de foot !) et concert explosif. Côté musique, il faut oser sampler du Schubert (Trio pour piano et cordes n°2) sur Voyou sans avoir peur de tomber dans le ridicule ou chanter ( ?) sur une pop anecdotique mais parfois efficace (Tunnel). Si on peut toujours se demander où commence l’opportunisme et ou finit l’intégrité, il faut reconnaître à Fauve≠ d’être un pur produit de son époque et d’une certaine France.
Les textes qui font mouche
Blues des villes, spleen des postados et dépression au-dessus des jardins publics, Fauve≠ a intégré Baudelaire mais n’est pas Léo Ferré qui veut ! Les medias unanimes (hormis Le Figaro) se sont tous inclinés devant le génie de ces étudiants même s’ils omettent de citer cette seule référence qui tienne : Léo Ferré, époque La violence et l’ennui (1980), la politique en moins.
Les thèmes abordés par Fauve≠ font mouche chez les adolescents blancs, urbains et cultivés. Fauve≠ c’est l’anti Booba. Une certaine jeunesse des quartiers populaires, fan de rap, ne comprend pas la « poésie » de Fauve≠. Depuis la disparition de Noir Désir (influence baudelairienne assumée), manquait au public étudiant un groupe emblématique à la hauteur de ses désillusions. Si Noir Désir portait une parole politique (Le Grand Incendie, Un Homme pressé), Fauve≠ donne à entendre une parole personnelle (les « je » et « tu » sont quasi systématiques), symbole d’une société centrée sur l’individu et pas du tout sur la communauté, à l’inverse du hip-hop où l’on retrouve systématiquement cet esprit communautaire : les quartiers populaires dénigrés contre le reste du monde. Le style direct de Fauve≠ peut toucher par sa maladresse mais à force d’ouvrir des portes ouvertes, l’auto caricature n’est pas loin.
Parodie et copyright
Facile dès lors de se payer la tête de la bête : les parodies se multiplient sur la toile (rançon du succès oblige) mais certaines touchent juste : musique enregistrée sur un Casio basique, textes édifiants de politiquement correct et auto citation à la pelle font le plaisir des internautes. Fauve≠ s’en moque. Le groupe sera de tous les grands festivals cet été et l’album se vend comme des petits pains ! Le vrai problème dans cette histoire nous vient de Suisse où un musicien tente depuis quinze ans d’imposer son nom : Fauve ! Après avoir publié trois albums, le chanteur qui a tenté de convaincre ≠ de changer de nom, doit se rendre à l’évidence : il a perdu ! Et Nicolas Julliard (ex-Fauve, donc) de conclure « Un nom d’artiste, unique et précieux, est-il aujourd’hui soumis au régime du libéralisme le plus sauvage, à la loi du plus fort ? »
On vous le disait Fauve≠ est vraiment représentatif de notre époque, voilà pourquoi ça marche !
Willy Richert
Découvrir :
FAUVE – Jeunesse talking blues
Léo Ferré – La Violence et l’Ennui
FAUVE (parodie) – Cherche épicerie (dans Toulouse)
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