Foals. Chevaux sauvages

Avec son quatrième album, Foals frise l’excellence. « What Went Down » est dense et énergique, presque parfait de bout en bout pour qui aime le genre. Rageur, furieux, intense, il est indéniablement l’un des grands disques de la rentrée.

Entamé dès la tournée précédente, terminé rapidement, enregistré dans les studios de La Fabrique en Provence, ce quatrième album a certainement été le plus évident à faire pour le groupe anglais. Même le travail avec le producteur James Ford (Klaxons, Arctic Monkeys, Florence and The Machine…) s’est passé à merveille, ce qui n’avait pas été le cas pour certains de ses prédécesseurs. Le résultat sonne à la hauteur de cette sérénité soudaine, tout semblant être à sa place dans une justesse d’orchestre magistral.
Déjà avec le précédent album, « Holy Fire », les Oxfordiens avaient prouvé qu’ils n’étaient plus poulains (foals en anglais) mais bien chevaux de course. Cette fois ils sont même devenus étalons sauvages, bousculant tout dans les box de leur rock, ruant dans leurs contrées dont on pensait qu’ils avaient pourtant déjà tout visité. Les dix titres qui composent « What Went Down » sont encore plus variés qu’à leur habitude, naviguant une fois de plus entre l’alternatif et la pop, mais cette fois avec des pointes de soul et de blues en prime.

Boulet de canon
Comme toujours avec Foals, l’entrée du disque se fait en force et, cette fois, c’est le titre générique qui explose, sûrement bien plus haut que le groupe ne l’avait fait jusqu’à présent. Le titre What Went Down est un boulet que l’on prend d’emblée dans les tripes. Et même si le feu de ce premier morceau n’est pas de mise sur tout l’album, les autres suivent à des cadences souvent plus qu’énergiques. De strates de sons en guitares animales, d’apaisements sophistiqués en mélodies imparables, l’ensemble file sans que l’ennui ne pointe son bâillement. Il n’y a guère que Bitch Tree et son faux côté caraïbes qui fasse retomber la sauce. Pour le reste, c’est du presque parfait.

Une voix retrouvée
Yannis Philippakis n’a d’ailleurs jamais mieux chanté, poussant sans gueuler, nuançant sans postures. La voix enfin assumée semble même être la grande directrice de l’ensemble, fil rouge dans le labyrinthe des genres traversés mais aussi épicentre de la construction des morceaux. Et comme une bonne surprise arrive rarement seule, Philippakis n’aura également jamais livré des textes aussi aboutis. Le sombre reste de mise, flirtant avec les thèmes de la séparation, la mort, la catastrophe écologique, la course du temps… mais cette fois le propos est plus précis, le mot plus choisi.

Un chanteur mieux dans ses bottes, un groupe plus paisible, mais une musique plus furieuse. Sous ce qui semble être une contradiction se cache le meilleur de Foals, une réussite qui pousse à se demander ce que ces Anglais-là ont encore sous le sabot. En posant la question de « What Went Down », ils prouvent que tout se dégrade, sauf leur musique.

Marjorie Risacher

Découvrir :

Foals – Mountain At My Gates