Heymoonshaker : Noir

C’est sombre, rageur, brut, sensuel et animal. C’est bourré d’un blues qui se déchire au rock et se râpe à la soul. C’est un album qui happe et secoue, qui séduit en embrassant de force, conquiert en offrant des fleurs encore en terre. La voix écorchée de Andy BaLcon pousse le bouchon au fond de nos ventres et le talent du beatboxer humain qu’est Dave Crowe laisse admiratif au possible. La complicité de ces deux-là semble infinie. De leur émulsion naît l’intense : les douze titres qui forment Noir s’enchaînent sans l’ombre d’un seul épuisement.
Cet album est presque le premier, le précédent étant un enregistrement sans production ni diffusion, vendu uniquement à la sortie des concerts. Le seul regret que l’on peut formuler réside dans ce point, justement : ce petit côté parfois trop produit, effaçant le boulot de Crowe, faisant appel aux instruments additionnels autre que la guitare de l’un et l’harmonica de l’autre, préférant des cordes ou des chœurs féminins dont on se passerait facilement. Streets Of England est le premier à en souffrir. Mais c’est vraiment parce qu’on cherche une petite bête pour nous faire vaciller dans ce marathon sombre qui parvient à la ligne d’arrivée en nous laissant K.O et ravis. Le duo des deux jeunes Anglais globe-trotteurs et musico-ravageurs marque un point plus que gagnant. Noir compte triple.

Marjorie Risacher

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Heymoonshaker – Take the Reins

Crédit Photo : © Yann Orhan