IAM : Arts Martiens : le retour des légendes !

Quand la culture hip hop débarque en France à la fin des années 1980, Paris (et Saint-Denis) en est la capitale ! NTM sort en 1991 Authentik, album fondateur d’un rap conscient et hardcore. Assassin, un an plus tard, tuera la concurrence avec Le futur que nous réserve-t-il ?. Pourtant, depuis 1989, à Marseille, Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Imhotep et Kephren préparent la riposte avec un autre album culte du rap français : Ombre est lumière. Le quintet se démarque du rap parisien en revendiquant haut et fort ses racines marseillaises. En 1993, le single Je danse le mia propulse le rap français en haut de l’affiche (500 000 exemplaires vendus) et apporte à cette culture ce qui lui manquera souvent : l’humour ! À l’image de la rivalité factice entre l’OM et le PSG, NTM et IAM se livrent une concurrence féroce pour s’imposer comme leader de la culture hip hop. Les classiques se succèdent pour le duo du 93 avec J’appuie sur la gâchette, Paris sous les bombes et Suprême NTM alors qu’IAM cartonne avec L’école du micro d’argent, Revoir un printemps et Saison 5. On parle à juste titre de l’âge d’or du rap français. Demandez au groupe 1995 !

Chacun sa route, chacun son chemin…

Le succès d’IAM doit beaucoup aux fortes personnalités qui composent le groupe. La tentation d’une carrière solo est forte chez Akhenaton (cinq albums en solo), Shrik’n (trois albums) ou Imhotep et ses expérimentations électro-arabisantes. Pourtant, le groupe ne se sépare jamais longtemps et fête leurs 20 ans de carrière avec un concert mythique au pied des pyramides en 2008. La mythologie égyptienne (d’où leurs pseudos) et la philosophie des samouraïs sont des influences essentielles dans leur musique et leurs vies personnelles. Le groupe devient le fer de lance d’un rap marseillais qui tiendra la dragée haute aux bad boys parisiens (Soprano, Troisième œil, Le rat Luciano ou Kenny Arkana).

2013 : Retour aux affaires

Revoilà donc nos papas du rap de retour avec Arts Martiens : 17 titres qui, sans révolutionner le hip hop, démontre une fois de plus la puissance d’écriture d’Akhenaton et de Shurik’n : constat douloureux d’une société consumériste, violente et qui refuse toujours de voir la France en couleur(s). On regrettera le manque d’humour qui faisait la marque des Marseillais mais l’heure ne semble plus être à la rigolade. Album donc de haute tenue, un brin austère, mais qui marquera les esprits en faisant entrer le hip hop dans l’ère de la maturité. Le public semble suivre et c’est une très bonne nouvelle pour le rap.

Willy Richert

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