Iggy Pop, increvable

Le nouvel album d’Iggy Pop marque un retour en forme pour le vétéran du punk rock américain, après presque cinquante ans d’un parcours formidable et chaotique. La réussite de « Post Pop Depression » tient notamment à l’une de ces collaborations dont Iggy Pop a toujours été friand, cette fois avec le leader des Queens Of The Stone Age, Josh Homme.

Le visage et le corps sont marqués mais la voix et le regard ont gardé une incroyable vitalité et l’on peine à donner à Iggy Pop les 69 ans qu’il fête ce printemps. Il les fête d’ailleurs d’une fort belle manière : avec un nouvel album, « Post Pop Depression », écrit avec Josh Homme (le leader des Queen Of The Stone Age). Enregistré en trois semaines, le disque séduit par sa spontanéité, ses mélodies et ses arrangements efficaces. On est loin du rock sale et nerveux qui fit les grandes heures des Stooges, le groupe d’Iggy Pop au début des années 1970, mais plutôt du côté de certains album solo où synthétiseurs et rondeurs pop avaient leur place, comme The Idiot (1977), produit par David Bowie.

Des Stooges à Iggy
Car au-delà d’une certaine idée du rock – excessive et cathartique – qu’il a incarnée avec une fureur proche de la folie, une autre ligne forte se dégage du parcours d’Iggy Pop : un goût pour les collaborations. D’abord avec les frères Asherton bien sûr, au sein des mythiques Stooges entre 1967 et 1974, puis avec David Bowie, dont l’amitié le sauva de graves troubles psychiatriques liés à ses addictions. En 1976, alors qu’Iggy Pop vient de passer un an dans un hôpital, David Bowie l’emmène à Paris et à Berlin, où vont naître « The Idiot » et « Lust For Life ». Ces deux albums paraissent en 1977 et connaissent un succès qui signe une sorte de renaissance pour celui qu’on surnomme l’Iguane. Il y aura par la suite des hauts et des bas mais son goût pour les collaborations restera intact.

D’incroyables collaborations
Certaines d’entre elles sont surprenantes, comme la chanson qu’il signe avec le compositeur yougoslave Goran Bregović pour le film Arizona Dream, In The Death Car, tube de l’année 1992. Ou encore son apparition sur un album du groupe français Rita Mitsouko l’année suivante. La plus improbable restant sa rencontre avec Michel Houellebecq et l’album « Préliminaires » en 2009, avec ses chansons aux tonalités jazz inspirées du roman La Possibilité d’un île. Celle avec Josh Homme est d’une toute autre nature : c’est la rencontre entre un chanteur et l’un de ses plus grands fans, qui œuvrent de concert à une nouvelle cure de jeunesse.

Vincent Théval

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Iggy Pop – Sunday