Invité RIFFX : Michaël Canitrot raconte le Monumental Tour

RENCONTRE – Roi des nuits parisiennes depuis vingt ans avec So Happy in Paris, Michaël Canitrot est un DJ-producteur prolifique qui évolue dans la sphère des musiques électroniques. En 2019, il imagine en partenariat avec le Crédit Mutuel un concept de tournée alliant musique électronique, histoire et architecture : le Monumental Tour. En quelques dates seulement, il a réussi à imposer ce nouveau rendez-vous comme un incontournable dans le paysage musical français. Malgré le contexte actuel, Michaël Canitrot vous invite – à distance – à vivre une expérience unique depuis le Château de Vincennes ce dimanche 20 septembre aux côtés du talentueux ANecDote, LA Révélation RIFFX.

Bonjour Michaël, tu fais partie des figures emblématiques du clubbing en France, pourrais-tu nous résumer ton parcours ?

Je suis DJ-producteur et aussi organisateur d’événements. J’ai commencé à mixer très jeune, vers 10-12 ans, dès qu’il y avait une soirée ou un anniversaire, je me battais pour être derrière les platines (rires). C’est comme ça que je me suis forgé une expérience, et petit à petit, vers 17-18 ans, c’est devenu un peu plus sérieux. J’ai eu mes premières chances sur Paris dans des clubs mythiques à l’époque comme les Bains Douches ou le Queen, ça m’a permis d’en faire vraiment mon métier et d’organiser ensuite mes propres soirées. Parallèlement, j’ai commencé aussi à produire ma propre musique. Tout ça m’a permis de voyager et de pouvoir mixer dans des clubs et dans des festivals aux quatre coins du monde.

Comment décrirais-tu tes tracks et les univers musicaux dans lesquels tu évolues ?

J’ai deux grandes inspirations, en tout cas deux grandes racines musicales. J’ai été bercé par la musique depuis tout petit : avec ma mère j’écoutais beaucoup de soul, de disco, de funk… des artistes comme Marvin Gaye, Earth, Wind and Fire ou Michael Jackson. Du côté de mon père, c’était plus rock mais assez large aussi : des Beatles jusqu’à AC/DC. En terme de musiques électroniques, pour moi la véritable révélation c’était le premier album des Daft Punk : Homework. C’est là où je me suis dit que c’était vraiment ce que je voulais faire. Si on doit synthétiser, on va dire que j’aime les bases de la house music, avec un côté très vocal.

Comment as-tu vécu ces derniers mois assez particuliers, liés au coronavirus ?

C’est très étrange. La sensation de quelque chose qui nous dépasse et qu’on ne peut pas maîtriser. Au début j’ai eu une perte d’inspiration, je n’avais plus envie de trop faire de musique et même des mixes. Mais petit à petit, je me suis remis dans la production : j’avais beaucoup de maquettes en cours, ce break m’a finalement permis de ne pas voyager tous les week-ends pour pouvoir me concentrer pleinement sur la production. La deuxième phase a été studieuse, prolifique et bénéfique en studio. Maintenant, le seul truc que j’espère, c’est que ça s’éclaircisse de nouveau, qu’on ait un nouveau démarrage, où on pourra présenter ces titres-là au public, où je pourrai retrouver la joie de mixer devant des gens. C’est surtout ça qui me manque le plus, ça commence à faire long.

Malgré ce contexte, tu réussis l’exploit d’organiser une date du Monumental Tour au Château de Vincennes.

Absolument, je suis super fier parce que c’est vrai qu’en cette période ce n’est vraiment pas évident. Même si c’est un événement sans public, ça reste un challenge d’organiser ça en plein air, surtout dans un lieu aussi costaud que le Château de Vincennes. C’est une vraie organisation, un vrai travail d’équipe. Je suis content de pouvoir proposer quelque chose d’exceptionnel pour quelque chose qui sera la seule date de l’année.

Que nous réserve ce Monumental Tour ?

Je travaille sur cet événement où je serai seul avec le talent RIFFX. Avec mon équipe de scénographie et mon équipe lumière, on a travaillé un show complet et une véritable expérience visuelle. Il y aura un mapping sur la façade du château, je vais mixer au sommet du donjon qui est le plus haut donjon d’Europe. On a voulu faire quelque chose d’extrêmement spectaculaire, d’unique.

Suite à notre tremplin RIFFX, tu as sélectionné le jeune talent ANecDote. Quels critères t’ont décidé à le choisir ?

Déjà, à chaque fois qu’on a fait des tremplins RIFFX, j’ai toujours eu beaucoup de mal à choisir parce qu’au final il y a toujours de très belles surprises. C’était encore vrai cette fois-ci, il y avait plusieurs artistes qui pouvaient prétendre et qui avaient le potentiel. Ça s’est joué sur des détails, qui ont quand même leur importance. J’ai trouvé qu’ANecDote avait déjà un univers musical assez précis, un univers visuel assez bien avancé, toute une équipe autour de lui. Il travaille avec des collectifs d’artistes, ils font leurs propres soirées, donc disons qu’il est déjà dans un environnement où sa carrière a déjà démarré. Je pense que le Monumental peut lui donner ce petit coup de pouce supplémentaire, cet accélérateur pour le conforter et confirmer tout ce qu’il a déjà entrepris.

Via le Monumental Tour, tu as pris plusieurs jeunes artistes sous ton aile. Notamment Hervée qui remportait le tremplin RIFFX en 2019. Vous êtes toujours en contact ?

Absolument. C’est vrai que j’aime suivre les talents qui ont été révélés grâce au Monumental. J’essaie de leur proposer, dans la mesure des possibilités, des opportunités supplémentaires. Par exemple Hervée, je lui ai permis de faire sa première interview radio sur Radio FG, elle a fait une date à Paris dans nos soirées So Happy in Paris, et ensuite on l’a emmenée sur une date à Amsterdam pendant la Dance Event qui est l’un des plus grands rendez-vous de la musique électronique. On lui a aussi proposé de faire un mix place de la concorde juste avant le nouvel an. Tout ça, c’est des histoires qu’on aime bien mener et qu’on aime bien suivre. Quand on aime bien quelqu’un, on essaie de lui donner le maximum d’opportunités : ce qui a été le cas avec Hervée et aussi avec Darker qui avait gagné sur Angers, et qui est un super DJ aussi.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes talents qui rêvent de devenir DJ et/ou producteur ?

Encore plus maintenant avec le contexte, c’est vraiment de la persévérance, de la foi. C’est un métier qu’il faut appréhender avec énormément de passion et de sacrifices aussi. Surtout ne rien lâcher, être extrêmement passionné par ce qu’on fait et se donner les moyens de réussir, ce qui n’est pas toujours évident. En tout cas, c’est un métier extraordinaire mais qui nécessite beaucoup de sacrifices.

Si RIFFX était une chanson, ce serait laquelle selon toi ?

Together de DJ Falcon & Thomas Bangalter.

C’est quoi la suite pour Michaël Canitrot ?

Je travaille sur un nouveau projet, plus large, entre deep house et techno mélodique qui s’appelle Cycle. Il a mûri et été bien avancé pendant le confinement. Je vais présenter les prochains titres très rapidement, un premier EP verra le jour avant la fin de l’année. Restez connectés !