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RENCONTRE – Directrice déléguée du Réseau Printemps, Rita Sa Rego occupe une place centrale au Printemps de Bourges Crédit Mutuel. Avec son équipe, elle se démène toute l’année pour faire les plus belles découvertes musicales, parmi des centaines de jeunes pousses dans toute la France. Le but ? Faire ensuite rayonner ces artistes via le dispositif unique des iNOUïS, qui favorise l’émergence de talents en devenir. Après les interviews de Boris Vedel et de Charles Robillard, RIFFX vous plonge au cœur des iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel en compagnie de Rita !
Cela va faire 13 ans que je travaille pour l’association Réseau Printemps, qui a été créée par le festival en 1989. Notre mission est de repérer toute l’année des artistes qui vont ensuite passer au Printemps de Bourges Crédit Mutuel. Après le repérage, on fait une sélection et ensuite on accompagne ces artistes à l’année. On est une petite équipe avec un rayonnement national puisqu’on a des antennes dans toute la France. Mon rôle sur le festival, c’est de défendre ces artistes que l’on nomme les iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel.
Cette année, ils sont 34. Cette sélection est très importante : c’est un moment très attendu du Printemps de Bourges Crédit Mutuel par les professionnels, les médias et même le public. Tous découvrent des jeunes pousses qui vont faire l’actualité musicale en France dans 2-3 ans. On a eu par exemple Eddy de Pretto, Christine and the Queens, Skip The Use, Jeanne Cherhal, Last Train ou encore Radio Elvis… C’est les premiers noms qui me viennent, mais il y en a eu plein d’autres évidemment (rires).
On réfléchit pour trouver des solutions afin de continuer à soutenir et accompagner la sélection 2020. Le festival est peut-être annulé cette année, mais pas les iNOUïS. C’est la petite nuance. Quand l’idée d’un Printemps Imaginaire est arrivée, on a sollicité les iNOUïS en leur donnant carte blanche pour nous envoyer les contenus de leur choix : que ce soit des dessins, des fausses interviews filmées, des titres revisités ou des exclus… Ils ont été d’une créativité et d’une réactivité vraiment extraordinaires. Malgré l’annulation du festival, je suis très contente car on peut les mettre en avant via les réseaux sociaux avec ce qu’ils ont produit.
Bien sûr ils étaient extrêmes déçus. Il faut savoir que quand on lance le dispositif des iNOUïS avec l’appel à candidatures au mois d’octobre, six mois passent entre l’envoi de sa candidature via RIFFX, les écoutes qui se font via nos différentes antennes, les concerts-auditions dans toute la France et l’annonce de la sélection nationale. Les futurs iNOUïS apprennent qu’ils sont sélectionnés en février. Mais cette année, au mois de mars, quand la mauvaise nouvelle est tombée, la déception était immense. L’enjeu est très important pour ces artistes en début de carrière, ils ont besoin de cette exposition. Dans un deuxième temps, quelques semaines après, est arrivée l’idée du Printemps Imaginaire. Les iNOUïS ont réagi très vite en nous envoyant leurs vidéos, j’ai été agréablement surprise par leur engouement. Sauf si les mesures gouvernementales nous l’interdisent, on va essayer de reporter les concerts des iNOUïS à la rentrée, en septembre.
Le principe est de maintenir les sessions pour élire comme chaque année nos lauréats. En plus, cette année nous avions ce nouveau prix, le Prix RIFFX du Public, qui allait avoir pour la première fois la chance de voter. Ça fait des années qu’on nous le demandait. On attend donc les dates de report pour remettre la mécanique des prix en place. Si imprévu d’ici la rentrée, on essaiera quand même de maintenir d’une façon ou d’une autre.
J’ai pour habitude de ne pas donner forcément mes coups de cœur. Il ne faut pas oublier qu’on est passé de 3 500 artistes à 34 cette année, c’est quand même énorme. C’est presque pire que la fac de médecine (rires) ! Ceux qui sont déjà arrivés jusqu’au bout de la sélection sont ceux, à l’instant T, qui pour nous, ont le plus de chance d’aller loin, ceux qui ont le plus d’originalité. Il y a quelque chose qui ressort. Cela ne veut pas dire pour autant que les autres n’étaient pas bien et qu’ils n’ont pas de talent. Il y a toujours des déceptions parmi ceux qu’on n’a pas sélectionnés, mais nous n’avons pas suffisamment de place pour tout le monde. Je dirais que j’ai 34 coups de cœur dans la sélection des iNOUïS 2020 (rires).
Il y en a énormément. Un souvenir que j’aime beaucoup, c’est le concert de Last Train en 2015. Ils sont arrivés, ils ont fait un super concert et ils ont vraiment retourné la salle avant de remporter le Prix du Printemps De Bourges Crédit Mutuel. Ils avaient 20 ans, peur de rien et c’était magnifique. Un autre qui me vient à l’esprit tout de suite, l’année dernière : le groupe San Salvador qui est originaire de Corrèze. Nous avons eu beaucoup de discussions sur ce groupe par rapport à la sélection finale. Ils sont six, chantent a cappella, dans un style se rapprochant des musiques du monde. On s’est demandé s’il fallait qu’on présente ce genre de groupe à notre parterre de pros. Finalement, avec certains, on s’est battus pour qu’ils rejoignent les iNOUïS qui se doivent de représenter toutes les musiques. San Salvador fait en plus une musique du monde de manière assez moderne. Quand ils ont joué au 22, la salle était pleine à craquer. C’est la première fois que j’ai vu le public, plus de 500 personnes, applaudir pendant 5 à 10 minutes à la fin. C’était émouvant. Quelques semaines ou mois après, j’ai vu que beaucoup de festivals de musiques actuelles, réputés plutôt rock ou pop, les programmaient, donc notre pari était réussi. Les membres du groupe, leur souhait à eux aussi, était de sortir un peu du circuit musiques du monde, jazz, un peu traditionnel.
Déjà, on va faire un grand retour avec une grande fête (rires) ! C’est vrai que ça nous fait tout drôle de faire ce Printemps Imaginaire cette année, depuis chez nous. On aurait espéré être à Bourges, en plus il ne pleut pas pour une fois (rires). J’imagine le Printemps 2021 comme d’habitude, il ne faut rien changer, il faut qu’il reste comme il est. C’est un festival généreux, on y trouve tous les types de musique, tout le monde est présent, aussi bien le public de tout âge, les médias… La profession se retrouve aussi pour démarrer une nouvelle saison des festivals. Je souhaite qu’on revienne encore plus fort, et avec le soleil (rires).
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