Irène Drésel, présidente du prix MaMA Invent RIFFX 2023

Six start-ups étaient en compétition pour le Prix MaMA Invent RIFFX 2023. Rencontre avec sa présidente, Irène Drésel, musicienne, autrice-compositrice-interprète et productrice française de musique électronique et de techno.

 

Quel est votre parcours ?

J’ai fait mes études aux Beaux-Arts et aux Gobelins pour devenir artiste plasticienne. Je pratiquais la photographie, le dessin et la peinture. Après mon diplôme, j’ai eu envie d’essayer autre chose, d’ouvrir ma pratique, de faire quelque chose de plus spontané, et cela faisait longtemps que je voulais faire de la musique électronique. J’ai commencé en octobre 2013, et cela ne m’a plus quitté ! J’écoutais beaucoup James Holden à l’époque. J’ai participé à de nombreux concours et j’ai été finaliste du prix Ricard. Les tremplins sont la base pour commencer dans le métier, c’est comme ça qu’on découvre le milieu, et c’est hyper important qu’une structure comme RIFFX promeuve les jeunes talents. Aujourd’hui la musique de film est un prolongement de mon travail, c’est intéressant de travailler avec des gens d’univers différents, c’est très riche.

Vous avez été présidente du prix MaMA Invent RIFFX, qu’en retenez-vous ?

A titre personnel, je ne suis pas à la pointe de l’innovation, mais j’étais curieuse de voir ce qui se fait aujourd’hui. J’ai été surprise que les projets ne concernent pas vraiment les artistes, c’est très business et mercantile. La plupart des projets n’étaient pas au service de l’art, mis à part les deux que nous avons soutenus. En réalité, je m’attendais à une présentation de nouveaux instruments, des hologrammes pour jouer à distance, etc., ce genre de choses. Quoiqu’il en soit, c’était très instructif de voir ce qui se fait en termes d’innovation aujourd’hui.

Et concernant les deux lauréats ?

Nous avons accordé à l’unanimité le prix à la start-up Kreypt Music. En effet, Samuel Sené a d’abord très bien présenté son projet, il avait le mérite d’avoir un côté très artistique, innovant, enfin l’esprit « farfelu » nous a plus. L’idée est d’utiliser le système de notation musicale : une phrase est composée de lettres, qui elles-mêmes correspondent à une note : la = a, si = b, do = c, etc. Le client commande une phrase de son choix. Cette succession de lettres est automatiquement convertie en une suite de notes de musique, jouée par un pianiste ou un bien tout un orchestre.

De manière très naturelle, nous avons fait le choix de décerner un prix « coup de cœur » au projet Carpanorama, une scène sur le toit d’un bus, où tout le matériel son et lumière fonctionne à l’énergie solaire. Le côté itinérant, autonome et écologique de ce studio de création nous a paru très fort.

Parmi les six solutions qui étaient défendues certaines étaient aussi très intéressantes, mais parfois un peu moins « créatives ».

Quand on décerne ce prix, on a envie de l’attribuer à un projet qui nous a fait briller les yeux durant sa présentation. En tant qu’artiste j’avais vraiment besoin de remettre le prix à un projet qui ne soit pas uniquement mercantile mais également qui ait une âme.