Jamie Cullum : Momentum

Quatre années se sont écoulées depuis le dernier album de Jamie Cullum (The Pursuit, 2009) et bien des choses ont changé pour le jeune Anglais. Maintenant marié et père de deux enfants, c’est sous un angle un peu différent qu’il aborde les choses. La première chanson de son sixième album indique clairement la voie, avec ces quelques mots : « I no longer share my bed with anyone who said : “I enjoyed your show, now you can tell me where you want to go” » (Je ne partage plus mon lit avec quelqu’un qui m’aurait dit « j’ai adoré ton concert, maintenant emmène-moi où tu veux).

Voilà donc le pianiste casé et assagi. Qu’en est-il musicalement ? C’est paradoxalement l’inverse : Momentum semble plus éclectique et pop que jamais. Jamie Cullum a pour la première fois enregistré des maquettes pour ses chansons et y soigne particulièrement la réalisation. Vieux enregistreurs à cassettes et claviers anciens y côtoient des applications iPhone pour donner des couleurs très vives à ses mélodies. Avec leurs parties d’orgue électrique, The Same Things et When I Get Famous ont une patine rythm’n blues plutôt réussie, quand Everything You Didn’t Do, Save Your Soul et Take Me Out (Of Myself) ont une belle allure pop, portées par des claviers dynamiques. Parfois, le garçon en fait trop, sur des chansons qui ont l’étoffe de tubes mais peu de finesse. Le risque lui réussit davantage, comme sur Love For Sale, titre sombre avec le rappeur Roots Manuva. Signalons la présence sur le disque bonus qui accompagne Momentum, d’une version acoustique de Sad Sad World avec Laura Mvula. La chanson est trop mielleuse mais la jeune femme, nouvelle étoile de la soul anglaise, y brille parfaitement.

Vincent Théval