Jungle : Jungle

Comment peut-on choisir, en 2014 et surtout en Angleterre, Jungle comme nom de scène ?! Le mouvement jungle a été un courant tellement fort et dévastateur outre-manche qu’il faut être arrogant, stupide ou extrêmement talentueux pour oser prendre ce nom ! À l’écoute du premier album de ce groupe londonien, écartons tout de suite la thèse de la stupidité et étudions l’arrogance et le talent ! L’arrogance est inhérente aux jeunes groupes anglais, c’est même devenu un outil marketing pour certains comme Oasis. Mais ici, la complexité et l’exigence dans la production de cet album excluent l’arrogance. Tom et Josh, les deux membres fondateurs du groupe refusent même d’apparaître dans leurs clips (comme un certain duo français). Reste alors le talent : ici on hésite. Leur album est un véritable hommage à la soul music, sauce plutôt blanche qu’harissa, teintée d’électronica déjà évoqué chez Massive Attack, avec un sens de l’expérimentation sans doute moins affirmé chez les petits jeunes. Là ou Massive convoquait le dub, le hip-hop ou le jazz, les deux Londoniens tracent leur route sur une seule voie, celle de la soul pop. On aurait aimé plus de chemins de traverses, plus d’audace peut-être… Jungle signe là un album d’une grande cohérence à défaut de manquer de folie. Comme quoi on peut être raisonnable quand on a 20 ans.

Willy Richert

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Jungle – Time

Crédit Photo : © Dan Wilton

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