Mademoiselle K : Hungry Dirty Baby

Étonnant, détonnant et réjouissant. Mademoiselle K frappe un coup de maître avec ce quatrième album tout en anglais. Virée pour ce choix de langue par sa maison de disque, elle a monté son propre label (Kravache), changé de musiciens et tenu son obstination jusqu’à la naissance de ce qui est son meilleur album jusque-là. Ce n’était pourtant pas gagné, parce qu’en dehors de l’oligarchie des majors, ils étaient nombreux à douter. Celle qui avait empreint le rock de ses textes bruts à la signature si reconnaissable prenait un risque considérable en basculant du côté de la langue de Shakespeare.
Et pourtant l’opération n’a pas fait perdre la verve de la demoiselle. Le langage est frontal, les mots crus, l’imagerie personnelle. Sexe, love et rock’n roll. Ce qui a changé, c’est sa façon de rouler les vocables, la voix plus fluide et belle, comme si « Hungry Dirty Baby » l’avait définitivement transformée en chanteuse assumée. Dotée de guitares qui n’ont pas peur d’envoyer du bois quand elles le veulent, d’arrangements qui savent être pointilleux, d’une rythmique à la pulsation imbattable, Katerine nous mène par le bout des oreilles pendant onze titres impeccables et terriblement intelligents. Les fans de la première heure auront sûrement le bonheur de retrouver en bonus track sa voix plus syncopée pour un unique titre en français. Mais définitivement c’est sur le reste qu’elle est bluffante. Désormais ça y est, on l’appellera Madame.

Marjorie Risacher

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Crédit Photo : © Iris Della Roca et Lou Levy