Mai
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Avec ses histoires à raconter, ses expériences musicales et ses collaborations, Mina Tindle va réveiller la folk.
Il y a des gens comme ça, qui vous désarment d’emblée par leur naturel et leur sincérité, qui vous sourient sans tricher et chantent comme ils sourient. Pauline, alias Mina Tindle, en fait partie. Un minois à la Vanessa Paradis et une voix douce qu’elle sait « vitaminer » quand il le faut. La jeune chanteuse est étiquetée dans la catégorie « folk ». Et pourtant n’allez pas croire que l’on tient-là une énième jolie fille à guitare qui conte des bluettes. Derrière ces yeux clairs il y a un cerveau qui fonctionne à merveille et une personnalité qui tient à ne pas glisser dans la facilité ou séduire par le miroir aux alouettes.
World music
Il faut dire qu’il y a encore peu de temps Pauline voulait travailler dans la culture au sein d’un musée ou d’un festival. Issue d’une famille où la musique est sur toutes les lèvres, elle apprend la guitare à 17 ans et compose ça et là, comme ça, sans aucune velléité en la matière. Ses études d’art et de littérature la conduisent de Paris à Séville, puis de Séville à New York. C’est pendant cette période qu’elle suscite un buzz, uniquement en déposant quatre titres sur un réseau communautaire. Il n’en faut pas plus pour affoler la sphère des professionnels, mais Pauline/Mina ne répond pas aux sirènes des maisons de disques : l’histoire de l’étudiante qui abandonne tout pour devenir chanteuse en six mois, très peu pour elle ! « Cela aurait été trop rapide, un peu comme une enfant de la star-Academy. Je comprends que l’on puisse avoir un coup de coeur pour des démos, mais là c’était surtout parce que c’était dans la veine de Cocorosie et enregistré avec les pieds : J’étais juste dans la mode du moment. Je tenais à rester assez distante et prudente avec ce phénomène. Je ne pourrais jamais assumer la carte de la nana ultra branchouille. Ce n’est pas moi du tout. »
Alors elle termine ses études aux États-Unis et revient en France avec, dans ses poches, des diplômes et une belle expérience musicale supplémentaire forgée par les rencontres.
Musique à quatre mains
Aujourd’hui, sa vie a pris un nouveau tournant. Voilà deux ans qu’elle travaille à ce premier album « Taranta » avec J.P. Nataf pour réalisateur. Pas simple de laisser son premier bébé dans les mains d’un autre, mais la rencontre de ces deux-là, emplie d’accords majeurs et de désaccords mineurs, s’est révélée des plus réussie. « J.P. m’a beaucoup appris et c’est comme si, là, au moment de la sortie du disque, je me sentais plus grande. Je lui faisais confiance pour savoir quoi faire de ce que je lui apportais. On s’est vraiment créé un atelier, un laboratoire. Il y a des moments où on s’est battu, lui me disait non et moi je bossais derrière son dos. L’ingénieur du son devenait fou parce qu’il se retrouvait dans le rôle de Pénélope, à broder une tapisserie avec l’un, la redéfaire avec l’autre. Ça donne vraiment un truc à deux têtes. C’est un vrai cadeau ça ! Je me souviens qu’au début certains me disaient qu’on ratait forcément son premier album, qu’on ne l’assumait plus par la suite. Ce ne sera pas mon cas. Justement parce qu’il n’y a pas que de moi dedans, il y a beaucoup de J.P, et beaucoup de notre rencontre. Puis beaucoup de musiciens sont venus et je suis partie enregistrer les cuivres à New York, c’est toute l’histoire que j’entends quand je l’écoute. »
Sincère
La tête sur les épaules Mina Tindle l’a assurément. Il faut l’entendre parler de son grand-père qui chante des bouts de tout à longueur de journée. Il faut la voir s’animer quand elle explique le titre de cette chanson, écartée de l’album, qui va pourtant lui donner son nom « Taranta », hommage à ces femmes des Pouilles, esclaves des champs de tabac et des hommes, maltraitées et courageuses, qui dansaient une fois par an pour expulser leurs douleurs et que l’on disait piquées par des tarentules. Il faut la voir hésiter quand elle évoque la sphère nombriliste des métiers artistiques : « je trouve ça très bizarre, tu es quand même dans un monde qui te regarde tout le temps. C’est un exercice très mégalo. Je ne dis pas que je n’ai pas d’égo mais je ne suis pas si intéressante que ça. »
Si.
Et sa musique encore plus.
Marjorie Risacher
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