Plaisir de France : une vision moderne de la pop française !

Nous avions découvert Julien Barthe, alias Plaisir de France, presque par hasard lors d’une soirée alternative du Printemps de Bourges il y a une quinzaine d’années, impressionné par la qualité du mix et le choix des titres. Julien Barthe s’apprêtait alors à sortir quelques maxis house sur le mythique label parisien Pro Zak Trax.

En 2004, de manière officieuse, le musicien se lance dans un projet un peu fou : remixer ses titres français préférés. Passeront ainsi à la moulinette house : Aznavour, Dutronc, Téléphone, Michel Berger et celui par qui tout est arrivé, Étienne Daho.
Dix ans plus tard, sort officiellement « État des lieux », une relecture de la pop française à la sauce électro.

Rencontre avec celui qui remet au bon goût du jour la pop hexagonale.

Comment est né ce projet, « État des lieux » ?

Dans les années 2000, je m’amusais à remixer des titres français que j’affectionnais pour les poster sur le net, notamment celui de Daho Le grand Sommeil. J’avais cherché à le joindre depuis de long mois sans aucun succès. Un matin je reçois un coup de fil d’Étienne qui me félicite pour le remix et m’autorise à le commercialiser. Le maxi sort alors chez Turbo, le label de Tiga (producteur canadien mondialement connu). Un sacré hasard car ce titre n’aurait jamais du tomber entre les mains de Tiga. Je lui avais fait parvenir un CD avec mes productions techno à l’image de son label, mais j’avais oublié d’enlever ces remixes non autorisés et bien entendu ce sont ceux-là qui l’ont fait craquer… Une sacrée histoire !

Ça a été un déclic ?

Bien sûr ! Mon travail de relecture de ces vieux morceaux n’était pas du tout un business mais simplement du plaisir, des coups de cœur à défendre. J’ai continué avec Mikado (un groupe d’easy listening des années 1980) et eux aussi ont accepté ma relecture de leur titre. Donc, d’un côté je commençais à avoir les autorisations de certains groupes et de l’autre je remixais sans « clearer » (ndr : demander les autorisations aux ayants droit) des monstres comme Dutronc ou Aznavour.

Comment travaillez-vous concrètement sur ces titres ?

De deux manières distinctes : si ce sont des « edits », c’est-à-dire des titres dont je ne demande pas l’autorisation, je découpe les pistes, je joue du synthé dessus et j’y ajoute des rythmiques. Par contre, si les auteurs sont d’accord, ils me fournissent les morceaux avec les pistes isolées (basse, chant, batterie…).

C’est donc plus facile quand vous avez les pistes isolées ?

Pas vraiment. C’est même l’inverse ! Il est plus simple de travailler sur une piste unique car on isole un extrait que l’on met en boucle. Ensuite on peut rajouter ce que l’on veut. Quand on a une multitude de pistes, on se demande toujours par quoi commencer. Mais maintenant que je suis rodé, rien n’est impossible. Le plus important est de travailler sur des titres que l’on aime. Rien ne m’arrête ! Remixer Vertige de l’amour ou les premiers MC Solaar serait un vrai bonheur. Aujourd’hui, j’ai de la matière pour sortir trois albums.

Avez-vous une approche générale sur ces relectures ou est-ce une démarche spécifique à chaque morceau ?

Ça dépend mais j’aime bien garder les paroles, les mélodies et y rajouter ma patte. Parfois il ne faut pas grand chose pour relifter un morceau… La technique a beaucoup évolué depuis mes débuts. Je ne veux pas complètement déstructurer le morceau, c’est pourquoi je garde toutes les paroles en français, je n’enlève pas les refrains non plus. C’est une question de respect et de coup de cœur. Si un morceau me plaît, c’est aussi en partie grâce aux paroles. Ce que j’aime, c’est mettre un coup de frais, un coup de ciseaux !

Vous êtes un peu un coiffeur, en fait ?

Ah oui, je n’y avais jamais pensé, ça ne me dérange pas du tout. C’est le côté « rafraîchissement » ! C’est pas mal, je garde !

La suite de ce projet ?

Je suis prêt à sortir d’autres titres : Axel Bauer et Philippe Katerine sont déjà remixés. Mais là je me consacre à mon projet de groupe After l’amour. L’album est attendu pour la fin de l’année. C’est un projet complètement différent d’État des lieux avec du rock, du slow et des guitares.

Propos recueillis par Willy Richert

Découvrir :

Alpine Decline – Personal History (Plaisir de France remix)