Ça fait un peu plus de vingt ans que le dj et producteur Simon Green aka Bonobo a séduit la planète entière avec son electro downtempo. Le dernier opus du Britannique “Migration” est sorti il y a cinq ans maintenant. Après ça, Bonobo est parti sur les routes du monde entier pour assurer une tournée gigantesque. Harassé par ces mois de voyage et de concert, il revient chez lui en Californie où il est désormais installé. À son retour, c’est le monde et ses humeurs qui sont maussades. Il faut dire que le contexte n’est pas très enthousiasmant. La Californie est en proie à de graves incendies dévastateurs, la pandémie s’installe partout, les confinements se mettent en place, et les élections présidentielles américaines fragmentent le pays… Sans réellement perdre l’inspiration, Bonobo ne parvient pas à composer. Alors, il prend son van et part s’isoler pour se reconnecter à la nature et composer cette septième production sortie début Janvier. Il s’agit de “Fragments”. On découvre un album hypnotique aux émotions intimes et pourtant très festif. C’est une nouvelle dimension de la musique de Bonobo. Il relève le tempo de temps à autre mais il n’a pas changé sa recette initiale. L’anglais continue d’allier subtilement, et comme il sait si bien le faire, les instruments acoustiques, essentiellement des cordes, et les sons électros des machines et notamment de synthé. L’album est aussi parsemé de voix oniriques qui nous protègent du chaos extérieur. Le dj a modifié son processus créatif, ne pouvant plus tester ses morceaux dans les discothèques au contact du public. Il a dû se faire confiance. Ses randonnées inspirantes, qui l’ont souvent conduit avec ses chaussures encore boueuses en studio, ont réussi à infuser sa musique et à l’enrichir encore. On continue de reconnaître entre mille la patte Bonobo, pourtant le producteur parvient toujours à faire évoluer sa musique. L’anglais donnera deux concerts au 104, salle parisienne, en Avril prochain. Deux rendez-vous qui sonnent comme une évidence pour renouer de la plus belle des manières avec un le dancefloor cotonneux et solaire.