Prix Public RIFFX – iNOUïS 2024 : découvrez l’interview de Marius

Né à Lyon il y a 24 ans, Marius a été plongé dans la musique dès son plus jeune âge. Sélectionné aux iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel 2024, il a remporté le vote du Prix Public RIFFX by Crédit Mutuel. Une belle récompense pour cet artiste à la voix douce mais puissante et à la plume poétique, qui s’exprime à travers des textes forts et sensibles, et pour qui la musique est un moyen de se reconstruire et de guérir ses blessures.

 

Quel est ton parcours ?

J’ai d’abord commencé par faire de la danse à l’école primaire, puis à l’âge de 10 ans j’ai fait partie d’une chorale dans laquelle j’étais soliste. Cela a été un vrai déclic : c’est ça que je voulais faire ! Au lycée je suis entré au conservatoire et j’ai étudié un peu le jazz. A 18 ans je suis arrivé à Paris pour intégrer une école de comédie musicale, mais finalement ça ne me parlait pas vraiment, je préférais faire quelque chose de plus intime et personnel, ce qui m’a amené peu à peu à la composition. Fin 2021, je me suis rendu compte qu’il fallait que j’avance, et pour cela j’ai décidé de m’autoproduire. J’ai enregistré quelques chansons et j’ai contacté un studio en Picardie. C’est ainsi que j’ai rencontré mon producteur, en l’occurrence ce studio, avec qui j’ai développé mes titres. J’ai sorti mon premier EP fin 2022, et cette année j’ai été sélectionné aux iNOUïS.

Quelles sont tes influences musicales ?

Plus jeune j’écoutais beaucoup de pop anglosaxone, j’étais fan de Beyoncé, Lady Gaga, Rihanna… Mes parents écoutaient quant à eux beaucoup de choses, notamment de la variété française : Baschung, Gainsbourg, Barbara… J’entendais donc tout cela, mais de manière passive, sans prêter attention aux textes. Tous ces univers me parlaient peu, jusqu’à l’âge de 20 ans où j’ai eu ma première rupture amoureuse et où je me suis plongé dans les grands classiques de la variété française comme Brel, Barbara, Piaf…Cela m’a beaucoup inspiré et je me suis mis à écrire mes propres textes en français. Mais comme je reste toujours un grand fan de Billie Eilish, Rosalía, Beyoncé… j’essaie de produire des chansons entre variété française et sonorités pop. J’aime aussi beaucoup la nouvelle scène francophone : Stromae, Iseult, Angèle…

Quels messages souhaites-tu faire passer dans tes textes ?

Mon approche de l’écriture est plutôt intime, voire égoïste car j’écris pour moi-même, pour raconter mes histoires. C’est un exutoire. Peu à peu je me suis cependant rendu compte que mes textes résonnaient avec le vécu d’autres personnes, que les gens s’identifiaient dans mes textes.

Quand j’écris, j’essaie toujours d’être le plus sincère possible, à l’écoute de ce que je ressens. D’extérieur mes textes peuvent paraitre sombres ou tristes, mais je ne pense pas être ce genre de personne, au contraire, c’est une manière d’évacuer toutes les pensées négatives et d’en faire quelque chose de lumineux. Au lieu de rester seul à broyer du noir, j’en fais des chansons et je monte sur scène, ça rend les choses plus jolies !

C’est important pour toi d’aborder des sujets sociétaux dans tes textes ?

Ma chanson Contrôle parle du rapport au corps et des troubles des conduites alimentaires (TCA), on trouvait d’ailleurs étonnant qu’un homme prenne la parole sur ce sujet ou sur le rapport au corps. Mais quand je l’ai écrite, d’une part c’était un vrai besoin personnel, d’autre part il était important pour moi de ne pas avoir de tabou dans la création, de pouvoir parler de n’importe quel sujet, y compris les sujets sensibles. Alors que je me sentais seul, grâce à cette chanson je me suis rendu compte que ce n’était pas le cas, et beaucoup de gens m’ont découvert avec ce texte. Je reçois parfois des messages de gens qui me disent qu’ils n’en parlent pas autour d’eux et que cela leur fait du bien d’entendre cette chanson. Aujourd’hui j’ai évolué, forcément, et je la chante moins pour moi que pour les personnes qui peuvent en souffrir.

Comment met-on en musique des textes très intimes ?

J’ai plusieurs façons de créer, c’est vraiment au cas par cas. J’aime beaucoup faire les mélodies, souvent je les compose chez moi sur mon clavier, puis elles sont réarrangées en studio en discutant avec le musicien. L’idée du texte peut alors venir à partir de la musique.

D’autres chansons, comme Remords ou Gainsbourg ont été écrites chez moi, avec texte et mélodie, puis réarrangées ensuite en studio. Pour d’autres, comme Contrôle, c’est d’abord la musique qui a été créée, et le texte est venu par la suite. Enfin pour d’autres, comme Mon Amour, tout s’est fait en même temps, en studio.

Mais en général je pars d’abord de la musique, d’une mélodie qui va me donner des idées de texte.

Tu as une chanson préférée ?

J’en ai deux. Celle dont je suis le plus fier en termes de composition et d’univers c’est Mon Amour. Et ma chanson « doudou » c’est Gainsbourg, écrite à un moment où cela n’allait pas du tout car j’étais dans une histoire d’amour compliquée. Mais ce schéma a tendance à se répéter, alors cette chanson m’apparait toujours aussi fraiche. C’est aussi une des chansons que le public préfère et qui donne toujours lieu à un moment très fort en concert, où je suis au bord des larmes.

Comment s’est passé cette semaine à Bourges aux iNOUïS ?

J’ai adoré l’expérience ! C’était très intense, la formation (classe verte) est très complète et m’a permis d’approfondir mes besoins professionnels, de mieux comprendre l’industrie musicale. Par ailleurs on vit une expérience festival incroyable, pendant 5 jours, on peut assister à beaucoup de concerts, et on se soutient entre iNOUïS. L’ambiance était hyper agréable, pas du tout dans la compétition.

Mon concert s’est très bien passé, même si j’étais un peu stressé avant car c’est principalement un public de professionnels. J’ai essayé de jouer pour moi, je voulais m’amuser et montrer ce que je sais faire, et, finalement, j’ai trouvé qu’il y avait une bonne écoute.

Ce dispositif est une grande chance car il nous permet de rencontrer beaucoup de professionnels, on a accès à toute l’industrie musicale d’un coup ! Je le recommande à tous les musiciens, ce n’est pas une exposition médiatique, mais professionnelle, c’est un gain de temps énorme et cela ouvre des portes.

Et tu as remporté le Prix Public RIFFX by Crédit Mutuel !

J’étais vraiment très touché et fier de recevoir tout particulièrement ce prix, car le choix n’est pas effectué par un jury mais par le public directement. C’est très gratifiant, et cela amène dans ma carrière une crédibilité supplémentaire. D’un seul coup il est plus facile de démarcher les professionnels, d’avoir des rendez-vous, d’entamer des discussions.

Quels sont tes projets ?

Je suis en studio pour préparer un nouvel EP. J’ai beaucoup de textes mais je réfléchis encore quant à leur articulation. Une chanson sortira à la rentrée pour annoncer le projet. Par ailleurs cet été je serai sur deux festivals, en octobre il y aura la tournée des iNOUïS avec le MAMA Festival à Paris, puis cinq dates en France.

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