Qui est Laurent Garnier, le président du jury du Prix Joséphine des artistes 2025 ?

DJ et producteur incontournable de la scène électro, Laurent Garnier préside cette année le jury du Prix Joséphine des artistes, dont la cérémonie se déroulera le 30 septembre à l’Olympia. Le Crédit Mutuel retrouve donc une nouvelle fois cet artiste qui s’est déjà produit sur des évènements dont il était partenaire.

Qu’il mette le feu aux platines ou régale les festivaliers avec sa cuisine japonaise – car oui, il est aussi passionné de cuisine – ce n’est pas la première fois que le Crédit Mutuel retrouve Laurent Garnier pour soutenir la création musicale. Et après toutes ces années de carrière et d’engagement au service de la musique, sa nomination à la présidence du jury du Prix Joséphine des artistes sonne comme une évidence. Depuis quatre éditions, ce dispositif favorise l’émergence et distingue, sur le seul critère de l’excellence artistique, les dix meilleurs albums de l’année, avant de couronner un ou une lauréat(e). Oklou, Theodora, Miki ou encore Wallace Cleaver… Si la sélection finale vient tout juste d’être révélée, il faudra attendre le 30 septembre pour connaître le grand gagnant, dont le nom sera dévoilé à l’Olympia, au cours d’une soirée retransmise en direct sur FIP. En attendant le verdict, retour sur le parcours XXL de Laurent Garnier.

Véritable pionnier de la musique électronique

Difficile de résumer plusieurs décennies de carrière en quelques lignes, surtout lorsqu’il s’agit de Laurent Garnier. Figure pionnière de la scène électro, il est à l’origine de nombreuses « premières fois » qui ont marqué l’histoire de cette musique en France. Tout commence dans les années 1980. Ses études dans une école hôtelière le mènent en Angleterre, d’abord à Londres, puis à Manchester. En 1987, sous le nom de DJ Pedro, il fait ses débuts derrière les platines au mythique club The Haçienda, alors que l’acid house, genre hypnotique venu de Chicago, révolutionne les clubs.

En 1988, de retour en France pour effectuer son service militaire, il réussit à mixer cinq soirs par semaine au Rex Club, contribuant ainsi à imposer la techno et la house dans l’Hexagone. En 1994, il cofonde le label F Communications avec Éric Morand, et sort son premier album. Quatre ans plus tard, il devient le premier DJ à recevoir une Victoire de la musique dans la nouvelle catégorie « Meilleur album français de Dance ». Toujours en 1998, il est le premier DJ français à se produire en live à l’Olympia. En mars 2010, nouvelle consécration : il donne un concert mémorable à la Salle Pleyel, véritable temple de la musique classique, accompagné d’une dizaine de musiciens. L’année suivante, il est promu officier de l’ordre des Arts et des Lettres, un titre honorifique qui récompense « les personnes qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ».

Un artiste engagé pour la nouvelle génération

Et ce n’est pas fini ! En 2017, Laurent Garnier reçoit la Légion d’honneur des mains de Jack Lang. Dans son discours, l’ancien ministre de la Culture saluait l’artiste « passionné » mais aussi « l’acteur engagé et le passeur » qui s’est notamment produit dans des prisons et a animé des formations dans des écoles. Pendant la crise sanitaire, en 2020, Laurent Garnier a d’ailleurs publié une lettre ouverte à Roselyne Bachelot, dénonçant « le manque flagrant de considération » du ministère de la Culture envers les artistes du monde de la nuit. En 2021, son parcours est mis à l’honneur dans un documentaire de Gabin Rivoire intitulé « Laurent Garnier : Off the Record ».

Son engagement passe aussi par une présence constante sur le terrain, au plus près du public. Et s’il y a un événement qui incarne cette proximité, c’est bien le festival lyonnais Nuits Sonores, avec lequel Laurent Garnier entretient une relation privilégiée depuis plus de vingt ans. Car depuis la création de l’évènement, en 2003, Laurent Garnier s’y est produit plus d’une dizaine de fois. En 2023, alors que le festival fête ses 20 ans, le DJ est contraint d’annuler sa venue, ainsi que le reste de sa tournée, pour des raisons de santé. Les organisateurs saluent alors « un ami fidèle du festival depuis ses débuts » et « un pilier essentiel de l’histoire de Nuits Sonores […] comme il en existe peu ».

Depuis, Laurent Garnier a mis un léger « coup de frein » sur sa carrière musicale et s’est consacré davantage à une autre passion : la cuisine. Un virage confirmé en janvier 2025, lorsqu’il a troqué ses platines pour une toque et un tablier lors de l’Hyper Weekend Festival, organisé à la Maison de la Radio et de la Musique. Aux côtés du restaurant Les Valseuses, son adresse fétiche dans le Vaucluse, il a proposé aux festivaliers un délicieux menu aux influences japonaises.

Alors, la musique, c’est terminé ? Pas tout à fait. Invité sur France Inter en avril dernier, Laurent Garnier confiait ne pas vouloir « vieillir sur scène comme les Rolling Stones ». « Je ferai encore quelques dates, mais l’idée, c’est d’en faire dix dans l’année, dans des petits endroits où j’ai encore ma place et des choses à dire ». Moins de « grosses foules » donc, mais toujours l’envie de partager et de transmettre à la nouvelle génération. La preuve : il vient d’annoncer une nouvelle saison de son émission [DEEP]Search, dans laquelle il déniche les pépites musicales du moment sur FIP. Et à la fin du mois de septembre, il fera son retour sur la scène de l’Olympia, près de trente ans après y avoir mixé pour la première fois, non pas derrière les platines, mais pour remettre le Prix Joséphine des artistes et célébrer l’excellence artistique.

Anouk Labylle