Rap, urbain, électro : où sont les femmes ? Vol 3. JUICY

RIFFX continue son exploration du féminisme dans la musique urbaine et électro. Julie Rens et Sasha Vovk, les filles de Juicy, sont deux bombes à retardement qui ont foutu un grand coup de pied (belge !) dans le paysage musical francophone.

 

Est-ce qu’on peut dire que vous êtes un groupe de filles qui « en ont » ?

Si tu parles de testicules, non nous n’en n’avons pas ! (Rires). Et si « testicule » sous-entend « cran » alors justement, il faudrait trouver une expression sans corrélation avec les parties reproductrices masculines… Mais nous aimons parler de choses concrètes, c’est vrai ! Nous ne sommes pas non plus des révolutionnaires, mais nous abordons des sujets de société qui nous touchent tous.

 

Comment définir votre style musical ?

C’est un mélange assez éclectique entre du R’N’B, du hip-hop, des influences jazz, soul, parfois classiques dans certains concerts. Nous aimons enrichir notre musique de beaucoup de choses différentes!

 

Comment votre histoire a commencé ?

Notre histoire a commencé il y plus ou moins 8 ans, au conservatoire de jazz à Bruxelles. Nous avons chanté ensemble sur de nombreux projets jazz, soul et gospel avant d’entamer l’aventure Juicy ! Juicy est né en 2015 lors d’une exposition sur le thème de « l’inconfort ». Nous avons alors décidé de reprendre plusieurs morceaux R’N’B et hip-hop des années fin 90 début 2000, tous choisis pour leurs caractères sexistes! Et après deux ans de concerts de covers, nous avons sorti notre premier EP avec nos propres compositions!

 

Est-ce que vous vous considérez comme féministes ?

Oui. Dans le vrai sens étymologique du terme « féminisme » : nous prônons l’égalité homme/ femme.

 

Votre musique et vos clips le sont en tout cas ! Celui de « Count your fingers twice » a beaucoup fait parler : vous y chassiez l’homme !

Comme les morceaux qu’on reprenait en cover étaient choisis pour leur connotation misogyne, nous avons voulu renverser la situation. Mais  tout est abordé au 5ème degré…

 

Le combat féministe passe aussi par la provocation selon vous ?

Oui ça peut! Mais ça passe surtout par l’action. Il faut vivre cette égalité dans nos gestes quotidiens. Il y aura toujours des cons (et des connes) qui perpétueront ce qu’on essaye de défaire depuis tant d’années. Le sexisme est profondément ancré dans l’Histoire. Il faudra du temps pour défaire ces milliers d’automatismes mais le plus important est justement de défendre cette égalité dans nos vies de tous les jours!

 

Et par l’humour ?

Oui! L’humour est un vecteur de message très important. Et aussi une proposition. Par l’humour on n’impose rien : on suggère une piste de réflexion.

 

700 artistes comme Clara Luciani, Jeanne Added, Fishbach, ont signé un manifeste contre le sexisme dans le milieu de la musique. C’est quelque chose qui vous touche ?

On ne s’est jamais senties discriminées ou inférieures aux hommes dans notre travail.  C’est présent mais on ne l’a jamais vécu. Par contre on est très heureuses de voir de plus en plus de femmes sur scène!

 

Vous avez fait les premières parties d’Angèle. Qu’avez-vous en commun à part votre belgitude ?

L’humour! Qui est aussi peut-être une belgitude. L’amour de la musique et nous sommes des bosseuses acharnées, comme elle.

 

Amandine Scherer

 

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