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Vingt-sept ans au compteur, Hey Bony est déjà un artiste complet : il mixe, compose, chante, joue de la basse, danse… Ce n’est donc pas vraiment étonnant qu’il soit sorti lauréat de nos tremplins RIFFX à Afropunk et la Fiesta des Suds. Deux belles opportunités pour le découvrir sur scène. Là, maintenant, tout de suite, c’est sur RIFFX qu’on vous propose de le rencontrer !
Tout est parti d’un sentiment d’ennui. Quand ma grande sœur a quitté la Guadeloupe pour s’installer à Lille, ça m’a fait un choc. Je me suis donc mis à chercher plusieurs occupations, j’ai essayé les jeux vidéo et le sport, que je faisais avec plaisir et envie, mais pas vraiment avec passion. Un jour, un ami m’a introduit à sa passion à lui : le DJing. C’est comme ça que j’ai commencé à mixer et, en parallèle, à chanter.
Toujours grâce à mon ami, après m’être constitué une technique, on m’a proposé de mixer dans une soirée privée. A 14 ans, j’ai découvert un nouveau monde : celui de la nuit. J’étais intrigué et ça m’a donné envie de persévérer. Un peu plus tard, vers 16 ans, je me suis intéressé à la production musicale : j’ai commencé à créer mes propres prods, à chanter dessus, jusqu’à me constituer un home studio dans ma chambre. Je continuais à jouer dans des soirées et à avoir une certaine renommée en Guadeloupe, au point où j’ai commencé à gagner de l’argent de poche.
L’idée m’a trotté d’en faire peut-être ma carrière. Ma mère m’a conseillé de faire une école de commerce – ce que j’ai fait – et j’ai donc dû mettre un peu la musique de côté. Jusqu’au jour où j’ai découvert Kaytranada. Le fait que cet artiste métisse les genres comme le hip-hop, les musiques caribéenne et électronique, ça m’a donné un exemple de ce que je voulais devenir. Je me suis remis à la production en même temps que j’ai eu l’opportunité de partir en Colombie pour un échange universitaire. Même si c’était seulement six mois, ça a été un nouveau départ. Là-bas, je me suis présenté en tant qu’artiste et ça m’a ouvert tellement de portes… à tel point que ma carrière a vraiment débuté à Bogota. J’ai pu mixer pour la première fois dans des boites de nuit et dans des festivals. C’était épatant.
A Bogota, j’ai eu ce rôle qui me seyait si bien, j’étais pleinement moi, heureux de partager des moments avec les autres. Quand je me promenais, je croisais quelqu’un que je connaissais ou qui me reconnaissait, il criait « Hey Bony ! » (rires). Et j’ai gardé ça. C’est aussi une promesse de garder les pieds sur terre et de rester authentique. En rentrant à Paris, j’ai pris un boulot de consultant où je gagnais bien ma vie, mais j’ai décidé de tout arrêter cette année pour me consacrer qu’à la musique.
J’évolue en voulant créer des ponts entre plusieurs musiques : les musiques caribéennes et antillaises, qui ont selon moi des rythmes et des mélodies très riches. Je vais chercher dans mon patrimoine musical avec des sonorités comme le rétro zouk, le gwoka et la biguine. J’aime aussi beaucoup la production électronique, dans la façon d’utiliser par exemple des synthétiseurs analogiques, des plug-ins… Mon style musical se nomme la ZWAP : c’est piocher dans l’héritage des Caraïbes, des Antilles et de le métisser avec de la musique électronique et de la musique africaine.
Si je pense que ma musique parle à tout le monde, elle est afro avant tout. Pendant le festival, j’ai eu la révélation que ma musique apportait quelque chose aux gens, les touchaient au fond d’eux. Je n’avais jamais vu un événement pareil. Les gens étaient beaux, bien habillés, souriants. Partager une scène qui défend les valeurs noires, qui est engagée, avec des artistes comme Massego ou Burna Boy, je pense que ça a bouleversé ma carrière. A Afropunk, c’est la première fois que je me suis autant assumé en tant qu’artiste-compositeur-DJ. J’étais au bon endroit pour être moi à 100%.
Chaque nouvelle scène est un nouveau défi, c’est mon crédo. A Afropunk le défi, c’était de passer mes morceaux et d’animer au micro. Grâce à Afropunk, j’ai pu ensuite participer à un festival à Berlin – African Food Festival – où cette fois j’ai chanté et dansé… J’ai fait le show (rires). Après ça, j’ai pu tester la formule que j’allais présenter à la Fiesta des Suds lors d’un concert dans un appartement. A la Fiesta des Suds, j’ai mis le paquet (rires) ! Au départ c’était un peu vide, il était 20h30, puis au fur et à mesure du concert, ça s’est rempli jusqu’à ce que ça soit bondé. Les organisateurs ont été super avec moi, je les en remercie.
J’espère pouvoir gagner d’autres fois (rires) ! La musique c’est à la fois un milieu difficile et passionnant. Quand on dit qu’il faut des contacts dans ce métier, on ne ment pas. Le fait de pouvoir prétendre à des festivals aussi prestigieux, proposer des shows de qualité car on a l’infrastructure, le matériel et la sonorisation… Tout ça grâce à RIFFX, c’est une opportunité formidable. Pour être honnête, c’est grâce à vous que j’ai pu mettre en place de bonnes formules sur scène. C’est aussi RIFFX qui m’a permis en premier de faire des festivals en France.
Ma très bonne amie Karami, qui fait partie de mon collectif, me conseille de prendre un moment de calme, pour méditer, me concentrer, respirer et visualiser mon show. Je suis son conseil depuis peu et ça fonctionne. Je pense que je vais donc l’adopter en rituel. Bien manger aussi avant, c’est important (rires). Et partir avec un état d’esprit positif !
Un maximum de tremplins RIFFX (rires) ! Continuer à customiser mon show, prendre des risques à chaque nouvelle étape. C’est marrant, grâce à mes derniers concerts, j’ai eu des propositions pour jouer en Guadeloupe. J’y pars donc faire une tournée pendant deux semaines au mois de novembre. Continuer à collaborer avec des artistes aussi, j’aime ça. Un ep va sortir en 2020 pour présenter ce qu’est la ZWAP. Et puis continuer à jouer dans des festivals, voyager, présenter ma musique pour toucher le cœur des personnes.
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