RIFFX.Hebdo : Les lyrics de Scylla

Scylla retrace avec nous ses albums, titres, ceux qui ont fait ce qu’il est aujourd’hui. L’histoire de sa vie, ses ressentis sur le monde ; tout cela dans la positive attitude !

Très bonne question parce que tu as mis le doigt sur des choses que peu de gens ont captées.

 

IMMORTEL : « Plusieurs vies, une seule tombe immortel une seconde ».

C’est la trame de l’album. C’est cette quête d’éternité dans l’éphémère. Donc c’est difficile à déterminer, mais je pense que tout le monde devrait s’accorder sur le fait qu’il y a quelque chose d’un peu magique et merveilleux dans ce monde. Ce quelque chose en plus qui résiste au temps. Ces moments où on capte la grandeur de ce monde et donc, ce qui touche à l’éternité, c’est souvent des choses très brèves qu’il faut pouvoir percevoir et capter au moment T. Donc, ce sont ces petits moments de la vie, là que j’essaie de mettre en exergue dans l’album.

 

Saut de l’ange : « Oser sauter dans le vide, bras ouverts ».

C’est le premier titre que j’ai écrit et en fait, il est la synthèse de toute ma vie presque. C’est Arnaud Desjardins qui a dit un jour : “S’il fallait retenir une seule chose, c’est oui”. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire la confiance dans la vie, dans ce qu’elle amène de manière naturelle. C’est pas tout le temps essayer de lutter contre le courant. Le courant t’amène naturellement là où tu dois aller et on s’en rend compte plus tard mais on lutte entre-temps. Et en fait, le but c’est d’arrêter de lutter, et simplement de savourer. Et moi, c’est quelque chose de très difficile parce que comme nous tous ici, j’ai été éduqué dans la “sur-maîtrise” des choses, et voilà, lâcher prise, c’est très dur.

 

Ciel mauve : « Je tente de rester concentré, je veux crée l’album, auquel je puisse enfin donner mon prénom ».

“Ciel mauve”, c’est un moment en fait,où j’étais happé par le quotidien, par cette éphémère, plus trop dans la musique et puis tout d’un coup, j’ai senti une urgence et le lendemain, je suis parti et j’ai écrit ce titre sur la route et j’étais effectivement face à un ciel mauve à hauteur de Paris quand j’étais en train d’avancer. Et c’était une manière de poser un certain nombre de conditions en disant : “Voilà, je vais arrêter de me dire est-ce que je dois rapper est-ce que je dois chanter, est-ce que je dois faire ci, est-ce que je dois rentrer dans telle case ?”. Affranchis-toi et simplement sois qui tu es. Cette fameuse singularité qui est très difficile à assumer parce qu’on est dans une société qui est de plus en plus compartimentée et lissée. S’abandonner à sa singularité, essayer, quitte à être pris  quelques fois pour un fou, où ne pas être compris. Et c’est le risque. Mais tu dois pouvoir proposer quelque chose de singulier selon moi.

 

SANG BLEU : « Eloignez-vous de moi, je sais que vous m’aimez mais comme ça je deviens dangereux ».

Je trouve que la première personne, c’est la personne la plus parlante, mais un moment, à force d’utiliser toujours le “je”, je me dis “bon, vas-y, je ne suis pas le centre du monde”. Je trouve qu’il y a d’autres manières plus jolies de faire passer certains messages, d’aborder certaines thématiques dont notamment du storytelling, de la narration qui parle effectivement de cet homme-machine qui découvre de plus en plus son humanité en lui, ses émotions, qui les expérimente, etc. Donc ça c’est toute  la veine “Blade Runner”, “Ghost in the Shell” que je trouve super intéressante pour parler de la vraie problématique humaine : “C’est quoi l’humanité ?”. L’homme-machine, c’est nous tous. Avec cette perte profonde d’humanité au fur et à mesure, aujourd’hui  c’est flagrant. Donc il est temps, vraiment de se questionner sur qu’est-ce qui fait vraiment de moi un être humain.

 

TOI : « Rien ne t’arrive à la cheville, ma fille ».

Effectivement, on touche avec les enfants à un amour qui est peut-être la définition de l’amour qui est l’amour inconditionnel. J’ai vécu plein de choses intenses. J’aime la vie intense. Je préfère une vie plus courte mais intense. Et donc j’ai été le chercher dans des salles de concert. Des trucs finalement que peu de gens vont vivre. Mais au final, la chose la plus forte mais je pense qu’il faut passer par tout ça pour s’en rendre compte, c’est en fait quelque chose qui est à ta portée quasiment directe et effectivement c’est les enfants. Le moment que je préfère, c’est limite, un moment où je suis posé avec ma fille sur mes genoux  en train de regarder quelque chose à la télé et qu’on en discute, on rigole. Et c’est ça quoi. Pour moi, les moments les plus savoureux de ma vie, c’est ça.

 

ETERNEL : « Ici et maintenant, on est tous éternels, ici et maintenant ».

C’est très difficile de pouvoir te dire de manière objective, ça, c’est l’éternité. Mais ça peut être quelquefois un paysage qui te touche à ce moment-là très fort. Un reflet sur l’eau, une feuille qui tombe où tout d’un coup, tu prends conscience que ça,  ça vient être un témoin de l’immensité des possibles dans ce monde. La plupart du temps, on regarde qu’à moitié ça. La feuille tombe,  elle tombe. Ça ne vient pas chercher en toi quelque chose de “wahou mais c’est un film, ce monde”. On est dans un monde incroyable. Émerveillant. Et qui pour moi témoigne de quelque chose qui pré-existait avant, qui continuera toujours à exister et qui s’incarne dans ce monde de la matière de différentes manières et à toi personnellement de se dire : “Là, je sais que c’était ça”.

 

Merci Scylla !

Merci pour l’interview. C’est une bonne interview, bien creusée.