Saint Michel : le renouveau versaillais !

Nouvelle sensation venue de la ville française la plus « grammy awardisée ». Saint Michel, vous l’aurez compris, a vu le jour à Versailles. Philippe Thuillier et Émile Laroche ont construit ce duo sur les cendres de Milestone et malgré leur dix ans de différence, ils nous parlent comme un seul homme de leur premier album Making love & Climbing.

Saint Michel est né d’un échec, celui de Milestone. Racontez-nous votre rencontre.

Émile était venu passer un essai pour rejoindre le groupe. Nous l’avons pris immédiatement mais il est arrivé à la fin de l’aventure Milestone. Tout devenait compliqué : les prises de décision, la direction artistique, etc. Peu à peu, nous nous sommes retrouvé tous les deux aux répétitions et nous avons décidé de faire exactement le contraire de ce que nous faisions avant. On a remplacé le batteur par une boîte à rythme et j’ai ressorti des bribes de morceaux électro que je bricolais dans mon coin. Saint Michel est né !

Quand on parle de duo versaillais, on pense tout de suite à Air ou à Daft Punk. Est-ce un poids ou un héritage à assumer ?

C’est hyper positif ! Cela a été pour nous une porte d’entrée dans l’industrie musicale. Cependant, nous nous sentons plus proche de Phoenix que de Air ou des Daft. Cette émulsion versaillaise était surtout, à l’époque, une histoire de lycée que fréquentaient tous les « héros » de la french touch. Maintenant, il est difficile de dire qu’il existe une « touche versaillaise ». Nous ferions la même musique si on habitait à Maubeuge ! La seule différence est, peut-être, la notion de temps ! On est moins pressé qu’à Paris : on a plus d’espace vert, plus de place pour s’exprimer. Tout cela est propice à la création !

Il y a une ambivalence entre votre nom très français, certains morceaux dont les titres sont en français (Ceci n’est pas une chanson, Je vous aime) et le fait que vous ne chantiez qu’en anglais.

Nous avons définitivement une culture musicale anglo-saxonne. Nos références sont les Beatles, Radiohead ou Simon & Garfunkel. La production musicale française des années 1960 et 1970 étaient souvent des adaptations de tubes anglais. Cela dit nous réfléchissons à écrire des titres en français dans nos futures productions. Pour nous la référence ultime reste le dernier Arcade Fire qui marie merveilleusement bien la pop et les textes en français.

Parlez nous de votre collaboration avec John Helliwell (le saxophoniste de Supertramp, ndlr).

Nous ne sommes pas de grands fans de Supertramp, mais nous voulions retrouver ce grain de saxo très présent dans la production des années 1980. On s’est dit que le mieux serait d’aller demander au symbole même de ce son : John Helliwell. Il a écouté nos bandes, posé son saxo sur six morceaux et nous en avons retenu un pour le titre Ceci n’est pas une chanson. On avait beaucoup aimé comment M83 s’était réapproprié cet instrument sur leur dernier album.

Quel a été le rôle joué par Alex Gopher sur votre album ?

C’est lui qui l’a mixé : il a apporté sa touche sur chaque titre enlevant le côté brut de la production, en nettoyant les titres et en éclaircissant les chansons. Trop de basses sur un morceau peut tuer le morceau. Le mixage, c’est comme passer un vernis sur un meuble : c’est très subtil mais hyper important. Mais son rôle a été bien au-delà : il est pour nous une sorte de grand frère et de conseiller. Alex Gopher est notre parrain dans le milieu !

À l’heure de la crise dans le monde de la musique, avez-vous déjà pensé à « un plan de carrière » ?

Nous voulons grandir tranquillement. Il faut d’abord défendre l’album pour ensuite, peut être, décrocher des dates dans des grands festivals. Aujourd’hui un moyen de gagner en exposition est ce qu’on appelle la synchronisation : il s’agit d’utiliser notre musique pour des pubs. Nous l’avons déjà fait pour une montre de luxe, cela permet d’avoir un revenu et d’être diffusé partout. Notre musique étant très cinématique nous voudrions vraiment travailler avec des réalisateurs pour des musiques de films. Il faut se diversifier !

Propos recueillis par Willy Richert

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