Thomas Dutronc dévoile Frenchy, un album élégant entre pop et jazz

Avec ce nouvel album, le French crooner s’aventure dans les standards de la chanson française, qu’il se réapproprie tour à tour dans sa langue natale mais surtout en anglais, en duo ou en trio, aux côtés d’invités prestigieux comme Iggy Pop, Haley Reinhart ou Billy Gibbons. Chut, on écoute !

Quatorze, c’est le nombre de monuments de la chanson française que réinterprète tour à tour Thomas Dutronc sur Frenchy, son quatrième album aux couleurs pop et jazz. Disponible depuis le 5 juin chez Blue Note France, ce projet musical a vu le jour entre Miami, New York, Los Angeles et Paris, bien sûr, dans le but d’y réunir des gens de talent qui avaient une envie évidente de croiser leurs destins. Pas si étonnant alors d’évoquer le voyage, une épopée même, composée de mini-aventures trépidantes, tout au long de ce disque riche en sonorités.

En duo ou en trio, Thomas Dutronc s’entoure d’invités prestigieux, venus de tous les milieux musicaux (de la pop au rock en passant par le funk et le jazz), sur la quasi-moitié de Frenchy. Ces chansons françaises, qui ont fait le tour du monde, brillent d’autant plus grâce à la présence d’un quartet formidable : Rocky Gresset à la guitare, Eric Legnini au piano, Thomas Bramerie à la contrebasse et Denis Benarrosh à la batterie. Cet ensemble est dirigé par Jay Newland, producteur historique de Dutronc Jr., qui a également collaboré avec Norah Jones ou Paul Simon.

Un voyage sonore en 14 titres

Tantôt Brassens, tantôt Django, le crooner français redonne un peu de vie à ses idoles à travers ses phrasés et sa voix, cette voix douce et chaude, que l’on prend plaisir à écouter pendant près d’une heure. Trio au sommet sur C’est si bon, avec Iggy Pop et Diana Krall. Leurs voix, si contrastées soient-elles, s’accordent sublimement en introduction de Frenchy. Ils étaient faits pour chanter ensemble. Aux côtés de Billy Gibbons de ZZ Top, Thomas Dutronc nous offre également une version sensuelle et moderne de La vie en rose. Plus je t’embrasse, où l’artiste s’amuse à prendre un faux accent américain, était un single évident, contrairement au captivant et presque chamanique Playground Love en duo avec Youn Sun Nah, l’une des pépites de l’album. Dans la même veine calme, on adore abuser de All For You qu’il chante en solo.

Un homme et une femme avec Stacey Kent, c’est le tourbillon d’un amour naissant, qui nous projette sur la Butte Montmartre le temps d’une promenade nocturne d’été. Ce duo s’harmonise facilement, en compagnie de Marc Berthoumieux qui assure la partie accordéon. Bientôt les vacances ? Pour s’en approcher, il y a La mer. Ce genre de classique qu’on a envie d’écouter dans la voiture, les fenêtres ouvertes, cheveux au vent, en longeant les côtes avec un doux parfum de liberté. Minor Swing aussi, une pause instrumentale qui tombe à pic, avant d’entamer la dernière partie du disque. On ferme les yeux et on frotte nos semelles contre le sol pour danser dans une ambiance enfumée, ça swingue pas mal. La mélancolie s’invite sur If You Go Away en duo avec Haley Reinhart. L’un des plus beaux moments de l’album, tout comme Autumn Leaves, poétique, c’est toujours un plaisir de redécouvrir ce classique d’Yves Montant (Les feuilles mortes). Enfin, pour clôturer l’album en beauté, place à La belle vie – The Good Life aux côtés du grand Jeff Goldblum, acteur mais également pianiste de jazz et chanteur. Ces deux garnements ont l’air de bien s’amuser ensemble.

Frenchy, c’est des intemporels remis au goût du jour, qui s’écoutent inlassablement peu importe les versions. Ici, avec la voix de Thomas, les arrangements subtils et raffinés, les invités de marque… Toutes ces pistes se savourent avec délectation du début à la fin. Ici, on rend hommage, on passe du bon temps, avec une élégance rare et dans une joie et une bonne humeur tenaces.