Tim Paris : Dancers

La scène électronique est en état de grâce ! On se croirait en 1998 : des artistes comme les Daft Punk s’imposent comme les nouveaux mètres-étalons de la pop (après Guetta), des artistes américains (Kanye West) font appel aux producteurs parisiens les plus exigeants (Brodinski, Gesaffelstein). D’excellents albums sont sortis (Jackson, Bot’Ox) et cette année se conclue en beauté avec le premier album d’un très discret mais très actif musicien exilé à Londres : Tim Paris. « Dancers » est le fruit de rencontres, de centaines d’heures passées à mixer aux quatre coins du monde et d’un amour immodéré de la musique qui transpire tout au long de ces onze titres. « Dancers » n’est pas un disque de branché conçu pour les branchés mais le reflet fidèle de son compositeur : honnête !

Comment a été conçu ce premier album au titre trompeur « Dancers » ?

La dance a toujours été pour moi au centre de mon travail, mais dance ne veut pas toujours signifier dancefloor ! Je peux danser dans mon studio, ma cuisine ou mon salon. Pour ce qui est du contenu de l’album je voulais vraiment avoir cette structure pop. Je déteste les albums de DJ dans lesquels on n’a que du beat durant 2 minutes. Cela dit je ne voulais pas non plus de titres de 3’30 avec couplet/refrain. Je voulais jouer avec les formats : de la pop d’accord mais avec un long format de titres club (6 minutes) à l’intérieur desquels l’électro, la house ou la pop et la new wave seraient des références. C’était mon challenge !

Parlons de new wave, justement, assez présente sur l’album : vous êtes un fan de New Order et de Joy Division ?

Pas du tout. Je crois n’avoir jamais écouté un album de New Order. J’écoute plutôt des choses plus obscures mais je comprends la référence, car j’ai voulu créer quelque chose d’assez direct, sans trop de sophistication. Je ne voulais surtout pas que l’on se dise que c’est un album de poseurs, de musiciens ultra doués ! L’intention est a chercher du coté du rock ou du punk.

« Dancers » reçoit un accueil excellent un peu partout ! Comment le vivez-vous ?

C’est vrai qu’en France l’accueil est incroyable, surtout que je l’ai produit en n’attendant pas grand chose ! Ça a dépassé toutes mes espérances et m’a donné confiance pour la suite. Je chante sur deux titres de l’album et, jusqu’au dernier moment, j’ai voulu les enlever. Ma position de DJ de l’ombre m’allait complètement. À force de rester dans ma cave pour produire des maxis, je suis devenu un peu sauvage, j’ai même failli tout arrêter à la naissance de ma fille. Mais cet album a vraiment tout changé. Vraiment !

Vous avez travaillé dans une major (Universal), fondé un label indépendant, produit de nombreux maxis et joué autour de la planète comme DJ. Comment voyez-vous l’évolution de la scène électronique mondiale ?

De manière très positive en fait. Il y a eu un creux il y a quelques années dans le public : la génération des 18-25 ans n’écoutait que du rock. L’avènement de la musique électronique aux États-Unis, notamment grâce à David Guetta, a permis de découvrir cette culture. Les gens de l’underground me regardent toujours d’un œil bizarre quand je dis ça mais sincèrement cette musique populaire devient un point d’entrée pour un nouveau public. On passe de Guetta à autre chose de plus pointu. Le public en club est beaucoup plus connaisseur aujourd’hui ! Quand j’ai commencé a mixer, j’ai toujours voulu défendre cette musique pour qu’elle devienne populaire. On y est, on vit une époque excitante ! Cela faisait longtemps.

Vous venez de terminer une tournée en France, vous revenez de Dubaï… Existe t’il des spécificités dans cette mondialisation du son ?

Non, pas vraiment. Je me sens comme un DJ français qui a certaines influences. Mais c’est peut-être au niveau des soirées qu’il existe des divergences : à Paris, elles sont beaucoup plus cohérentes qu’à Londres, par exemple, où on peut friser le n’importe quoi ! La scène parisienne reste très pointue mais, au final, je m’impose la même exigence de qualité partout dans le monde. Je ne me dis jamais « dans tel pays ils ne vont pas comprendre ma musique ». Avoir le respect du public est essentiel dans mon métier et dans l’image que j’en ai !

Propos recueillis par Willy Richert

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