Tous machos ?

La musique ne fait pas mieux que les autres secteurs d’activité quand il s’agit de confier des postes de responsabilité aux femmes.

Voilà un vrai sujet transversal pour le MaMA cette année : la place des femmes dans la musique et plus généralement dans la culture. A regarder les chiffres, c’est la même que dans les autres sphères de l’économie, de 10 à 20 % quand on regarde les places « à responsabilité ».

« La culture, à priori plus ouverte sur la diversité, ne fait pas mieux », souligne Virginie Berger, fondatrice de l’agence DBTH, en introduction de ce débat. Alors que le public est composé naturellement d’une moitié de femmes et qu’elles représentent au moins le tiers des artistes dans les musiques actuelles, quels sont les mécanismes qui les excluent dans nos entreprises ? Pour Marie Vorgan le Barzic, qui dirige Silicon Sentier, une structure dédié aux entreprises innovantes des nouvelles technologies, c’est d’abord une question éminemment culturelle : « Les femmes n’ont pas la même confiance, elles ne se donnent pas l’autorisation de s’aventurer dans l’entreprise ou de chercher à cagner des postes à responsabilité ». La réponse est à trouver dans l’éducation, dès le plus jeune âge.

Hold up

Pour le philosophe et conférencier Vincent Cespedes, la raison de ce déséquilibre est extrêmement simple : les hommes ont fait un hold up. « Ce communautarisme masculin leur permet de se partager le gâteau entre eux, ça les arrange. Pire, c’est l’homme blanc de plus de 50 ans qui se partage les richesses, les postes de commandement, et tous sont ainsi complices pour ne pas laisser de place aux autres, aux femmes ».

Selon lui, les femmes doivent apprendre à agir comme les hommes, se révolter, répondre à ce hold up par la violence. « Je ne veux pas m’adapter aux règles des hommes, je veux créer de nouvelles règles », lui répond Alice Enders, directrice de Enders Analysis, une société qu’elle a créé à Londres et qui emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes. « Attention à ne pas faire de « reverse sexisme », à ne pas répercuter les même préjugés ». Reste qu’elle estime essentiel de réguler, notamment les marchés publics, afin que subvention implique parité.

Le poids de l’histoire

Bénédicte Froidure est précisément la seule directrice d’une scène labélisée par le ministère de la culture en Ile de France. Elle a écrit en 2011 un mémoire pour l’Observatoire des Politiques Culturelles intitulé « Musiques actuelles : les femmes sont-elles des hommes comme les autres ? » « Je suis certainement un peu macho pour être la seule dans un monde d’hommes », s’amuse-t-elle. Elle constate qu’il faut des exemples pour que les femmes puissent s’identifier et construire des carrières, qu’il faut aussi sans doute travailler au niveau de la formation professionnelle, mais surtout, qu’il faut leur ouvrir les portes. « Il n’y a que 10 % de femmes programmées dans nos lieux et ce sont généralement les hommes qui en décident ainsi », regrette-t-elle. Le poids de l’histoire, ce sont aussi ces musées qui sont remplis à 92% d’oeuvres créées par des hommes, constate Vincent Cespedes, de quoi créé les canons esthétiques pour des générations. Dans la musique, il suffit de regarder les clips pour s’en rendre compte, conclut Jeremy Silver, président de MusicMetric, une société d’étude musicale basée à Londres. « Il y a partout des femmes dénudées. Le moyen le plus désespérément simple et bien sûr le moins cher pour vendre de la musique ! ».