I’m from Barcelona, hymnes à la joie

Sur son quatrième album « Growing Up Is For Trees », le collectif suédois I’m From Barcelona poursuit sa quête d’amour et de joie. Rencontre tout en sourires avec Emanuel Lundgren et Frida Öhnel.

Avant de parler musique, pouvez-vous nous donner votre sentiment sur les attentats récents à Paris et Copenhague. Notamment vous Frida, puisque lorsque vous ne chantez pas avec le groupe, vous êtes journaliste.

Frida : Avoir l’opportunité de dire ce que l’on pense est tellement important… Nous avons été très touchés au moment des attaques. Nous avons des amis qui vivent à Paris pas très loin des locaux de Charlie Hebdo… C’est très effrayant quand tout ça arrive si près de nous. Certaines personnes ne se rendent pas compte à quel point la liberté de la presse est indispensable. Si on n’a pas la liberté de paroles, alors comment fait-on ?
Emanuel : Le plus important à mes yeux, c’est de ne pas avoir peur. Bien sûr, c’est difficile. Hier, nous avons visité l’expo Bowie à la Philarmonie et j’ai un peu ressenti cette peur quand j’ai vu tous ces policiers sur le qui-vive, en état d’alerte. C’est quelque chose qui me met vraiment mal à l’aise, car on ne devrait pas avoir peur.

Parlons de choses plus légères. Le groupe fête ses dix ans cette année. Qu’est-ce que cela vous inspire quand vous regardez dans le rétro ?

Emanuel : Très honnêtement, je ne m’y attendais pas, je pensais que le groupe durerait quatre semaines ! C’est l’état d’esprit derrière tout ça qui a permis que cela dure. Pour le premier disque, je n’ai pas été chercher les meilleurs musiciens du coin, j’ai invité mes amis. On a d’ailleurs eu du mal à jouer tous ensemble au début, maintenant ça va mieux ! J’ai beaucoup appris de cette expérience. Si jamais je lance un autre groupe un jour, je m’en servirai pour avancer. Le plus fou, c’est d’avoir initié cette aventure sans vouloir faire carrière. Et c’est ce que je veux garder constamment à l’esprit pour ne pas faire fausse route : j’avais juste envie de faire de la musique avec mes amis.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Frida : On est toujours amis !
Emanuel : C’est vrai… J’ai fait se rencontrer tous mes amis qui venaient d’horizons différents et qui ne se connaissaient pas forcément, en me disant « Si je m’entends bien avec eux, alors ils peuvent s’entendre aussi », et aujourd’hui ils n’ont plus besoin de moi ! Ils élèvent leurs enfants ensemble… Le fait que cette amitié persiste au-delà du groupe, ça j’en suis fier.
Frida : Quand on sera vieux, on se retrouvera au coin du feu et on évoquera tous ces souvenirs… « Tu te souviens quand on jouait dans I’m From Barcelona »…

Au début, Emanuel, tu gérais absolument tout dans le groupe. Est-ce que les choses ont changé en dix ans ?

Emanuel : Nous n’avons pas de management, donc j’ai toujours du mal à laisser aller les choses, à lâcher prise. Au départ je me sentais responsable : c’était moi qui emmenais mes amis dans cette galère. C’était parfois effrayant car il y avait tellement de choses à gérer que je ne pouvais pas tout contrôler… Puis j’ai appris que, lorsque tout le monde a des responsabilités dans le groupe, c’est aussi plus fun pour eux. Donc maintenant ça tourne beaucoup : un jour c’est untel qui s’occupe du merchandising, untel qui gonfle les ballons pour les concerts…

Frida : Mais c’est quand même toi qui as fait l’artwork pour l’album et qui a co-dirigé le clip de Violins
Emanuel : Oui, mais ce n’est pas parce que je veux tout contrôler, c’est juste parce que j’adore m’occuper de ça !

Qu’en est-il pour le songwriting ?

Emanuel : Je ne l’ai pas laissé ouvert aux autres, car j’ai déjà eu une expérience dans mon précédent groupe où chacun écrivait des chansons. Il n’y avait pas d’unité, ça partait dans tous les sens. J’avais l’impression qu’on voulait tous être dans un groupe différent.
Frida : Mais il connaît nos goûts, il sait ce qui va plaire à telle ou telle personne…
Emanuel : Oui, ils sont toujours dans un coin de ma tête. Je peux presque dire quand j’écris si ça va leur plaire ou non. En répétition, par exemple, je sens tout de suite quand ils n’aiment pas une chanson !
Frida : Et puis on peut montrer notre enthousiasme lorsqu’il nous fait écouter les démos : « Ok, continue à bosser sur celle-là » ou « Ne laisse surtout pas celle-ci de côté ! »
Emanuel : On s’est battu avec le choix des morceaux pour ce disque… On avait beaucoup de matériel, presque trente chansons. Et chacun avait sa préférée !
Frida : J’ai eu la mienne ! Summer Skies, la dernière de l’album.
Emanuel : Pour moi, c’est bon signe si c’est dur de laisser des morceaux de côté. Si c’est trop facile, ça veut dire qu’il faut en écrire d’autres. Les idées me viennent facilement. Le plus compliqué c’est de trouver les bons arrangements. La première démo de Violins date de 2009 ! On en avait enregistré deux versions pour l’album précédent mais elles n’ont pas été retenues au final. Aujourd’hui j’ai vraiment l’impression de l’avoir finie. À l’inverse, We’re from Barcelona a été écrite en 15 minutes, tout compris !

Vos chansons sont très joyeuses et si on jette un coup d’œil à votre compte Twitter, on trouve beaucoup de messages de fans qui vous remercient d’amener de la joie dans leur vie.

Emanuel : Tout commence avec moi… Quand je me sens moins bien, je prends ma guitare et j’écris des chansons. La musique est comme un médicament. Si vous vous sentez mal, vous prenez une guitare, vous posez l’oreille contre la caisse de résonance et lorsque vous jouez une note, quelque chose se passe. Si ça marche pour moi, ça peut marcher pour les autres.
Frida : Quand on fait des concerts, on adore partager des choses avec le public, rester discuter avec eux après le show… Les gens montent sur scène, on descend dans la foule, c’est un échange.
Emanuel : Il est évident que nous ne sommes pas des « rock stars », nous sommes des gens ordinaires. Pour moi, la musique c’est bien plus qu’une grande carrière ou être signé par une grosse maison de disques. C’est vraiment un médicament, quelque chose qu’on a tous en nous. Tout le monde chante sous la douche !

Dernière question : ABBA ou Zlatan ?

Frida : Zlatan pour moi, ABBA pour lui. Tu as vu deux matches de la Coupe du monde au Brésil je crois ? Une demi-finale et la finale, non ?
Emanuel : Oui, c’est bien la première fois que j’accrochais à un match de foot…
Frida : Il n’est pas très football… Mais on a un magnet de Zlatan sur notre frigo !

Propos recueillis par Alexis Hache

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