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Le retour inattendu, voire inespéré, de Babyshambles est sûrement l’un des plus réussis de cette rentrée 2013. Avec leur troisième album Sequel To The Prequel, les Anglais signent une partition à la fois classe et multicolore qui balaie toutes les énergies, de la plus punk à la plus apaisée. Peter Doherty marque cette fois des points ailleurs que dans les chroniques faits-divers, prouvant que si, en effet, il est enfant terrible, il est aussi et avant tout enfant prodige. Mais pour rendre à César ce qui lui appartient, cet album est dû pour moitié à Drew McConnell, le bassiste de la formation, et a été superbement réalisé par Stephen Street, complice indéfectible du groupe qui a œuvré entre autre auprès des Smiths et de Blur. Doherty, McConnell, Street : un tiercé gagnant dont l’ordre d’arrivée n’a finalement pas beaucoup d’importance. |
Chaos et colère
Sequel To the Prequel, (La Suite au prologue) sonne aussi joliment et avec justesse que son titre. Le prologue pourrait donc avoir duré dix ans. Ses racines sont plongées en 2003 avec la création de ce groupe au moment où Doherty se fait remercier des Libertines par son co-leader Carl Barât. L’histoire le réintègrera plus tard, mais Babyshambles né du chaos et de la colère continuera de vivre. Puis deux albums après (successivement en 2005 et 2007) c’est le silence discographique. Peter se consacre à une aventure solo (avec Grace/Wasterlands en 2009) et à un premier rôle au cinéma (Confessions d’un enfant du siècle, 2012). Les trois membres permanents du groupe ne se voient plus, aucune suite au projet n’est envisagée et Peter Doherty s’installe à Paris loin de ses compères. Mik Whitnall, le guitariste, avoue même avoir songé qu’il s’agissait alors du chant du cygne.
Le destin pour se remettre sur les rails
Mais le destin s’en mêle parfois de manière brutale. En l’occurrence aussi violemment qu’une voiture conduite par un chauffard qui percute de plein fouet Drew McConnell en 2011. Ses fractures se comptent par paquets et le pronostic reste réservé quant à sa capacité à marcher à nouveau. Mais tenace, le bassiste s’accroche aux rééducations diverses et, isolé du monde pendant son rétablissement, compose, griffonne et crée. De retour sur ses deux pieds il fait entendre plusieurs titres à Doherty qui tombe sous le charme et avoue avoir écrit de son côté quelques chansons. En une simple conversation, Babyshambles avait un nouvel album.
Un beau voyage musical
Sequel To the Prequel fait partie de ce que le groupe peut avoir de meilleur. Entre leur énergie des débuts et la subtilité apprise par Doherty dans son projet solo, l’album est imprévisible, plein de méandres et de surprises. Alors bien sûr, il y a bien un ou deux titres pop plus quelconques dont le premier single Nothing Comes To Nothing, et quelques intentions bien menées mais qui ne leur vont pas au teint comme le reggae aux subtilités un peu cubaines de Dr No ou la ballade mélodique qui tourne en rond de Fall From Grace.
Hormis ces quelques écueils qui n’en sont même pas vraiment, le voyage est beau. En partant d’un furieux titre punk Fireman mis en ouverture, les Londoniens nous font passer par du rétro classe et narratif (Sequel To The Prequel), du folk-rock émouvant et sensible (Picture Me In A Hospital), du rock subtil et moderne (New Pair), et un pop-rock frisant le progressif dans sa construction et son interprétation (Penguins).
Sans oublier cette somptueuse et incroyable plage finale Minefield, sombre forêt indé, dense et lourde, qui n’aura jamais vu un Doherty aussi bien chanter. Le point final d’un disque surprenant qui ne nous laisse même pas nostalgiques de leur énergie d’antan, tant il est réussi.
Plus apaisé, plus subtil, semblant plus stable sur ses pieds, le bébé a grandi.
Marjorie Risacher
Découvrir :
Babyshambles – Nothing Comes To Nothing
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