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Avec son quatrième album, « La Maison haute », Bastien Lallemant porte haut les couleurs d’une chanson française élégante et exigeante. L’auteur compositeur a pris son temps pour écrire ses nouvelles chansons, dans la solitude des petits matins, avant de s’installer pour une semaine dans un mas provençal et d’y enregistrer dans les conditions du live, avec une demi-douzaine de musiciens.
Dans quelles conditions avez-vous écrit ces nouvelles chansons ?
Ce sont des chansons du matin. Il se trouve que j’ai des enfants et une vie assez réglée, une vie de papa. Je vis à la campagne et, pour trouver un moment à moi, j’ai pris le parti – surtout les étés – de me réveiller très tôt le matin, aux alentours de 5 h, et de commencer à écrire. J’abandonne vers 7 ou 8 h ce travail d’écriture lent et laborieux pour me remettre au travail de papa, qui me plaît tout autant. Mais j’ai besoin de beaucoup de solitude pour travailler. La plupart des chansons sont nées l’été, le matin très tôt quand le jour se lève, et je pense qu’elles ont été imprégnées de ces heures que j’adore, où la lumière arrive soudain, avec quelque chose de libératoire. Je pense qu’elles ont été marquées par ce sceau-là.
Cinq ans séparent vos deux derniers albums… Écrire vous prend beaucoup de temps ?
Le travail d’écriture est très long : j’écris beaucoup et tout le temps mais je jette énormément de choses. J’attends assez longuement que se dessine le projet d’album tel que je tends à le deviner au fur et à mesure, tel qu’il s’affine. Du coup, j’évacue des chansons qui ne me semblent plus correspondre à mon projet. Là, j’avais envie de faire un travail sur la lumière et l’absence de lumière, l’ombre. Je savais que ça allait graviter autour de ça et tant que les chansons n’arrivaient pas, je ne pouvais pas plus le définir. Au fur et à mesure qu’elles arrivent, j’en évacue. Et puis à chaque fois, il me faut reconstituer un entourage professionnel, retrouver les moyens de production d’un disque et ça, ça prend du temps. Mais le temps, j’en fais bien mon affaire, je trouve que c’est plutôt la garantie de quelque chose.
L’enregistrement a eu lieu au studio Véga, près de Carpentras. Pourquoi ce choix ?
C’est un hasard. On s’est retrouvé à imaginer qu’on quitterait la ville pour enregistrer ce disque. Pour être tous assez loin de nos préoccupations domestiques, il fallait partir loin, à la campagne. Et il s’est trouvé que certains avaient travaillé dans ce studio, plein Sud, du côté de Carpentras, qui offrait un lieu unique : à la lumière du jour, dans les champs, au soleil. J’ai l’impression que c’est un disque où il est beaucoup question de soleil. C’était un hasard mais il m’a semblé que c’était exactement l’endroit où il fallait le faire.
Quelles étaient les conditions d’enregistrement ?
L’idée était d’enregistrer l’album live, avec des musiciens qui jouent tous ensemble et dans un temps réduit. Il y a très peu de préméditation, bien que je maquette énormément mes chansons : je constitue une sorte de panier d’arrangements et d’idées dans lequel on va aller puiser le jour même. Mais il n’y a eu qu’une répétition avant l’enregistrement. Ensuite on s’enferme pendant six jours dans un lieu, magique si possible – celui-là recelait quelque matériel vintage d’excellente facture (une très belle table de mix et un enregistreur analogique). Surtout, on voulait jouer tous dans la même pièce, tous en même temps, jusqu’à enregistrer la voix avec les autres instruments, ce qui se fait assez peu fréquemment.
Beaucoup de musiciens sont impliqués dans cet album. C’était important, cet aspect collectif ?
C’est toujours important pour moi. Il y a un moment où je pratique la musique seul, des périodes d’écriture qui sont très longues et quelques fois très douloureuses. Et puis la musique nous donne aussi cette chance que ce soit un moment de partage, voire d’amour ou d’amitié. D’autant que depuis cinq ans, avec les Siestes acoustiques que j’ai initiées, j’ai beaucoup joué avec Sébastien Martel, JP Nataf, Maëva Le Berre et j’y ai essayé ces nouvelles chansons. Chaque fois, chaque dimanche, on les faisait résonner différemment. Ça faisait donc un moment qu’on travaillait sur ce répertoire-là, qui s’étoffait de semaine en semaine, avec ces nouvelles petites chansons qui arrivaient, que j’essayais dans ce contexte-là. Donc c’est vrai que je ne me voyais pas faire l’album avec d’autres personnes qu’eux, qui les avaient vues naître et grandir.
Propos recueillis par Vincent Théval
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Bastien Lallemant – L’empoisonneuse
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