Bobby Womack : disparition d’une légende de la soul

Le chanteur américain est mort vendredi 27 juin, quinze jours après avoir donné son dernier concert, dans le cadre du festival Boonnaroo, dans le Tennessee. Son récent comeback avait remis en lumière un héritage essentiel dans l’histoire de la soul.

C’est Damon Albarn qui – au début de la décennie – a sorti Bobby Womack de la retraite que de sérieux problèmes de drogue et de santé l’avaient contraint à prendre. La légende de la soul avait ainsi été invitée à poser sa voix sur deux chansons du troisième album de Gorillaz, le multi platiné Plastic Beach paru en 2010. Sur le single Stylo, son chant à la fois tonitruant et élégant faisait merveille. Deux ans plus tard, c’est encore Damon Albarn qui conduisait Bobby Womack sur le chemin d’un retour inespéré en réalisant son premier album studio en plus de quinze ans, l’émouvant The Bravest Man In The Universe. Une production moderne et un duo avec Lana Del Rey pour reconnecter avec un public plus jeune, qui n’avait pas forcément en mémoire les heures de gloire du chanteur américain.

It’s all over now

Car Bobby Womack a eu une carrière extraordinaire, entamée dès l’âge de dix ans avec ses trois frères, au sein de The Valentinos. Signés sur le label de Sam Cooke, le groupe connaît un beau succès, notamment avec sa chanson It’s All Over Now, en 1964. Co-écrit par Bobby, le morceau est repris par les débutants Rolling Stones, qui connaissent ainsi l’un de leurs premiers succès. Ses talents de guitariste lui offrent une belle carrière de musicien de studio aux côtés des plus grands (Aretha Franklin, notamment) mais il continue d’écrire : pour les autres (Janis Joplin) mais aussi pour lui. Son succès est éclatant au début des années 1970, notamment avec le tube Across 110th Street, écrit pour le film du même nom. C’est l’un des classiques de la soul, réutilisé avec bonheur par Quentin Tarentino pour la scène d’ouverture de son Jackie Brown en 1997. Albums et collaborations se poursuivent à un bon rythme jusqu’au milieu des années 1980 où ses problèmes d’addictions et des drames personnels le font progressivement décélérer. Sa renaissance artistique au tout début des années 2010 aura été de trop courte durée.

Vincent Théval

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