Brian Eno : Lux

Il est souvent déstabilisant et sûrement jamais simple de rentrer dans le monde de Brian Eno. Ce génie contemporain de la musique a non seulement produit la trilogie berlinoise de David Bowie, trois albums des Talking Heads dont il a été le découvreur, une demi-douzaine de U2, il a également collaboré à de nombreux autres disques dont le Viva La Vida or Death and All His Friends de Coldplay, mais il est aussi un artiste solo. Considéré comme le parrain de la no-wave avec une compilation expérimentale sortie en 1977, il est surtout le père de l’ambient dont il a fait le premier album en 1978 (Music For Airports).

Dans Lux il s’agit bien d’ambient. Quatre plages de presque vingt minutes qui semblent étirer des pianos et des cordes à l’infini, par petites touches posées dans des espaces sonores différents, laissant à la langueur les droits de rêver ou de se détendre. Certains parleront de minimalisme, d’autres de musique d’ascenseur. N’en croyez rien. Il s’agit de dépouillement et de musique sculpture que seuls ceux qui maîtrisent cet art du bout des doigts sont capables de faire. Sous des dehors d’immobilisme, la bête se meut en des paysages internes : l’action essentielle de l’auditeur se cache sous ce contemplatif. Et pour ceux qui sauront comprendre, qui arriveront à franchir cette difficile frontière qu’il y a entre l’idée que l’on se fait de la musique et son essence réelle, il y aura au bout la lumière. Le titre nous le disait.

Marjorie Risacher