Chinese Man : Sho-Bro

En une décennie, le collectif Chinese Man a imposé son hip-hop instrumental teinté de groove funk et de samples de musiques du monde grâce à son travail de terrain. Profondément indépendants, avec leurs propre label, Zé Mateo, Sly et High-Ku sont de retour avec un 8 titres et des remixes brillants signés High Tone ou DJ Nu-Mark (Jurassic 5). High-Ku revient pour Riffx sur les tribulations du plus Chinois des groupes d’Aix-en-Provence.

Pouvez-vous nous présenter ce nouvel EP ?
Sho-Bro et The Reminder sont les deux titres originaux proposés aux remixeurs. On voulait travailler avec des groupes français qui montent et en qui nous croyons beaucoup, comme Al’Tarba. Mais aussi des groupes plus anciens dont nous admirons le travail comme les Lyonnais de High Tone. Il y a également des Américains, comme DJ Nu-Mark qui est dans le même état d’esprit que nous. C’est une sorte de combinaison entre musiciens locaux et étrangers. C’est l’international du cool.

Il y a beaucoup de points communs entre votre parcours et celui des High Tone (groupe majeur de la scène dub française)…
Nous sommes tous les deux indépendants. On parle le même langage. Les High Tone ont toujours su évoluer sans jamais perdre leur âme, ils ne choisissent jamais la facilité !

Et justement, comment décrire l’âme de Chinese Man ?
Il y a deux choses importantes : la première composante est le temps. Nous sommes des producteurs zen qui aimons prendre notre temps. La seconde composante c’est l’indépendance : Nous fonctionnons à l’inverse de l’économie de marché. On ne cherche pas à croître à tout prix ! Si ça ne marche plus on fera autre chose que de la musique. Voilà pourquoi Chinese Man records existe. Nous sommes aussi dans la production vidéo et l’organisation de soirées. Nous ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier ! »

Comment expliquer vous ce retour au système D ?
Il n’a jamais vraiment disparu. Les réseaux alternatifs ont toujours existés mais depuis internet a changé la donne. Le rapport avec le public est direct et les connexions entre artistes ne passent plus par les majors qui contrôlaient le business. Dans le punk et le métal, cela a toujours existé. Notre philosophie en fait, est de se dire qu’avec notre association nous allons peut être gagner moins que dans des structures privées mais on en gagne assez pour vivre et cela nous suffit. Nous vivons de notre musique, c’est énorme ! Nous ne faisons pas du son pour être connus ! Certains artistes sont devenus plus capitalistes que les capitalistes.»

Le succès de Chinese Man s’est fait sur une fan base et pas grâce à un plan marketing. Tout cela s’est construit progressivement.
Tout à fait. Quand notre morceau I’ve Got That Tune a servi d’illustration pour une pub de voiture en 2007, nous sommes passés de 500 vus à 5 000 du jour au lendemain. On nous a alors proposé de sortir un 2 titres pour surfer sur la vague. On a refusé en espérant que le public continuerait à nous suivre petit à petit. Nous avons écumé les salles de France avant de se retrouver dans des stades. Nous avons eu la surprise de découvrir que certaines grosses vedettes qu’on voyait partout à la télé étaient embauchées pour faire nos premières parties. La réalité médiatique n’est pas celle du terrain. Ce parcours a été très sain pour nous, très progressif. Nous ne sommes pas passé de l’inconnu aux méga scènes.

C’est ce qui fait que vous êtes capable de gérer un incident comme au festival Solidays, l’année dernière, devant 10 000 personnes ?
Le cauchemar ! Une coupure d’électricité en plein concert avec la console qui lâche en plus ! Effectivement, on a été heureux ce jour-là d’avoir plusieurs centaines de concerts au compteur. On a pu éviter le ridicule devant cette foule immense, en improvisant.

Des projets ?
Nous sortons sur notre label l’album des Scratchs Bandits Crew dont nous sommes extrêmement fiers. Nous partons d’ailleurs en tournée avec eux. À la fin de l’année un mini album sortira, fruit de la collaboration entre Chinese Man et le rappeur sud-africain Tumi & the Volume. D’ici là, vous nous croiserez dans tous les grands festivals, avec ou sans électricité…

Propos recueillis par Willy Richert

Découvrir :

Chinese Man Ft. A-Plus, Pep Love & Knobody (Hieroglyphics) – Sho-Bro