Eden : house et paradis artificiel !

Paris, début des années 1990. Une génération d’adolescents tombe dans la marmite techno et se prend en pleine figure la déferlante rave, la culture DJ et les nuits blanches. Certains, comme les Daft Punk écriront l’avenir de la musique tandis que d’autres s’y perdront, corps et âme. La réalisatrice d’Eden, Mia Hansen-Love, est la sœur du DJ Sven Love, figure incontournable de la scène garage parisienne : organisateur des soirées « Cheers », il a créé le duo du même nom avec Greg Gauthier et fut l’un des DJ résidents des mythiques soirées « Respect ». Eden, à travers ses personnages : Paul, Stan, Cyril ou Arnaud retrace l’histoire d’une génération qui a placé la France au centre de la carte musicale mondiale, ce que l’on dénommera la « french touch ».
Dans l’histoire de cette génération, il y a ceux qui sont restés (l’ascension des Daft Punk est une sorte de running gag tout au long du film) et il y a les autres qui regarderont le train passer sans pouvoir monter dedans. « Mon frère Sven (…) était arrivé au bout du chemin, d’une manière de vivre. Il éprouvait aussi le besoin de tout reprendre à zéro », explique d’ailleurs la réalisatrice. Et effectivement, on voit Paul – l’alter-ego de Sven – a force de se perdre dans la nuit, ne plus retrouver le chemin de sa propre destinée. Il finit par lâcher ses platines pour devenir vendeur d’électroménager, puis cherche à se reconquérir par la littérature.
Si Eden connaît certes quelques longueurs il montre une reconstitution parfaite du clubbing parisien. Pour Mia Hansen-Love, d’ailleurs : « L’aspect documentaire du film est très important. En étant très près de la réalité (…) et en restituant des ambiances de la manière la plus scrupuleuse possible, je visais une certaine authenticité ». Eden n’est sans doute pas le paradis pour tous mais ceux qui ont vécu cette période reconnaîtront les musiques de leurs saint-patrons !

Willy Richert