Elvis Presley : King of Comedy ?

C’est celui par qui le rock’n roll est arrivé. Mais si Elvis a forgé un style musical qui appartient désormais à l’Histoire, il a aussi connu une carrière cinématographique très dense. Inégale et souvent moquée, elle a donné lieu à de nombreux albums. Une vingtaine d’entre eux est aujourd’hui rééditée au sein d’un coffret. L’occasion de revenir sur l’étonnante carrière d’Elvis au cinéma.

Au milieu des années 1950, l’apparition d’Elvis Presley fait l’effet d’une tornade : immédiatement très populaire, le jeune homme est une révolution culturelle à lui seul. Avec une présence incroyable et un mélange explosif de candeur et de sensualité, il donne au rock’n roll son véritable acte de naissance. Héritée du rhythm’n’blues et de la country, cette musique trouve un écho immense auprès de la jeunesse américaine, et bientôt mondiale. De concert en plateau télévisé, chaque apparition de celui qu’on surnomme le King, créé l’émeute.

Concert ou cinéma ?

Très tôt, Hollywood s’intéresse à Elvis : son charisme et sa popularité pourraient bien faire de lui le nouveau James Dean, mort tragiquement le 30 septembre 1955. Dès 1956, Elvis tourne son premier film, le western Cavalier du Crépuscule. En un peu plus de dix ans, Presley va tenir la vedette dans une trentaine de films. À l’exception des deux années passées sous les drapeaux pour son service militaire (1958-1960), il tourne près de trois films par an. Pourquoi une telle frénésie ? D’abord parce que ces films ont du succès. Ensuite parce que c’est pour son manager, le « colonel » Parker, l’assurance de conserver une popularité mondiale à son poulain sans lui faire faire de concerts autour du globe. Or, il se murmure que le manager en question est dans l’impossibilité légale de quitter le territoire américain, faute de pouvoir y entrer à nouveau. Le cinéma est donc le vecteur idéal pour les chansons d’Elvis, et cela au détriment de la scène, que le King abandonne complètement jusqu’à la fin des années 1960.

Nanards et perles vocales

Que valent ces films ? À de rares exceptions près, ils ne sont pas brillants et sont surtout prétexte à faire chanter Elvis, qui y tient souvent des rôles improbables dans des décors kitsch, au fil de scénarios très minces : il est tour à tour boxeur, marin, motard, marin, médecin ou cow-boy ! Et que valent les bandes originales ? Elles contiennent des merveilles et couvrent un large spectre de genres : rock, folk, country, gospel ou musiques plus exotiques y ont leur part. À ce titre, la chanson Crawfish, sur la bande originale de King Creole (1958), est tout à fait surprenante. La performance vocale est sublime et la musique, étrangement rythmée, a des couleurs caribéennes. C’est l’une des nombreuses merveilles à (re)découvrir aujourd’hui, sans l’image dans le coffret Elvis Presley The Movie Soundtracks.

Vincent Théval

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Elvis Presley – A Little Less Conversation

Crédit Photo : © Steve Barile