Elyas Khan : Brawl In Paradise

Elyas Khan, l’ex-leader du groupe new-yorkais Nervous Cabaret taille sa route en solo. Une route qui lui ressemble, traversant le monde et les diverses textures. Anglais de naissance, Indo-Pakistanais d’origine, ce résident new-yorkais, puis berlinois, fabrique une musique dans laquelle se croisent toutes ces influences, leurs instruments et leurs inspirations.

Les bidouilles croisent les violoncelles et les clochettes à main, les basses profondes saluent les guitares, les banjos, les percussions plus ou moins conventionnelles. Les rythmiques mises en exergue, le funk mêlé au rock, la pop transfugée de punk, le chaos fusionné avec la source : Elyas Khan a la musique libre et le prouve de manière magistrale. Il y a là-dedans à la fois quelque chose de terriblement organique, primitif, évident, et quelque chose d’incroyablement moderne, dégingandé, complexe.

La voix, quant à elle, n’est pas en reste. Atout majeur chez cet artiste qui se fiche de fabriquer du joli, elle est captivante, nonchalante et paraît en perpétuel équilibre. Mais n’allez pas croire à une fragilité quelconque, Khan en fait ce qu’il veut ou ce dont il a besoin. Servant à tracer des galeries de portraits de Brooklyn jusqu’en Afrique, elle glisse à l’oreille une forme de politique humaniste, des propos qui semblent prôner le pacifisme.

Cet homme n’est pas juste un chanteur ou un musicien, il est un sculpteur sonore et un artiste dans une définition très large. Et il est à parier que si en ce moment il y a vraiment une bagarre au paradis, c’est entre autres pour se disputer ce disque-là.

Marjorie Risacher

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