Jesus Christ Fashion Barbe : Jesus revient !

Outre un nom original, Jesus Christ Fashion Barbe détient une musique intense puisée outre-Manche et filtrée par ses membres originaires de Caen. Leur deuxième disque « Windows are Chameleons » se veut moins frontal et plus arrangé que le précédent. Mais il en reste néanmoins terriblement direct et sans fioritures superflues. Une réussite qui donne des envies de devenir croyant… ou barbu !

De trio vous êtes devenu quatuor en accueillant Baptiste. Cette seconde guitare a été pensée ou c’est une rencontre coup de cœur qui s’est imposée ?

Au début de notre histoire on était content d’avoir un trio, cela signifiait pour nous quelque chose d’épuré avec un fonctionnement assez simple. Mais au fur et à mesure on s’est rendu compte qu’il y avait de la place dans notre musique. Et comme on avait l’idée d’enregistrer quelque chose d’un peu plus arrangé, c’était assez évident de demander à quelqu’un un petit coup de main. On voulait explorer d’autres choses, avoir d’autres couleurs. On voulait enrichir sans trop encombrer, il a fallu faire attention à ça. Alors quand on est parti enregistrer dans la Creuse, on a demandé à Baptiste de venir avec nous pour poser des lignes de guitare. Il ne connaissait pas du tout les morceaux, il les découvrait pendant qu’on enregistrait. Il restait dans son coin, trouvait des parties et le soir il posait ce qu’il avait trouvé dans la journée. Finalement on a gardé la majorité de ce qu’il a fait. En rentrant, on lui a demandé s’il voulait faire partie du groupe.

Vous avez donc fait comme pour le disque précédent : vous avez eu besoin de vous isoler ?

Encore plus, parce que pour le précédent disque on était dans la maison d’un copain située près de Caen, on rentrait donc chez nous le soir.
Là, dans la Creuse, on était dans un petit village à 600 kilomètres de chez nous, uniquement entre nous, au coin du feu le soir à parler de ce qu’on avait fait la journée.
Mais en réalité cela s’est passé en plusieurs étapes. On est d’abord passé par un premier studio d’enregistrement et on n’était pas vraiment content du résultat. Du coup on a décidé de s’isoler vraiment, en jouant les mêmes titres mais en reprenant tout à zéro. On a en effet besoin d’une immersion, de se concentrer. De la même manière, on n’avait pas composé énormément de chansons après la sortie du premier disque et la période de concerts qui a suivi. Il a fallu qu’on s’arrête pour pouvoir se mettre au travail. Jusqu’à finalement s’isoler dix jours pour enregistrer.
On a besoin de créer des instants qui sortent du quotidien, de vivre uniquement pour la musique pendant un temps.

Et comme pour le premier vous avez laissé libre cours à beaucoup d’improvisation ?

Là encore, bien plus qu’avant. Il y a toujours une base apportée par Nicolas (NDR : le chanteur/guitariste) mais cette fois moins structurée, moins étoffée, qui laissait plus de liberté à chaque membre pour s’exprimer. Finalement, chacun a dû mettre plus de soi. Cela fait pas mal de temps que l’on fait de la musique ensemble mais c’était la première fois que l’on se retrouvait pour composer réellement ensemble. Avant, les chansons venaient toujours avec le temps, avec des périodes, des rencontres.
Mais cette fois, contrairement à avant, on a composé pour le studio et non pas pour le live. Ce n’est pas du tout la même démarche. On s’est confronté au fait qu’il n’y ait pas de limites. Pour le live on est obligé de se cantonner aux instruments que l’on a entre les mains, en studio on peut avoir ce que l’on veut, un peu indéfiniment.

Sur votre projet initial, vous aviez six titres pour cet EP mais finalement vous avez décidé de mettre le dernier en ghost track (plage cachée) et d’en rajouter un septième à la place.

Oui il s’agit de Diver.
C’est une chanson qu’on avait déjà enregistrée il y a un petit moment. On en avait même fait un clip. On a souhaité la ré-enregistrer avec l’apport de Baptiste, en changeant quelques petites choses. Au départ on avait hésité à la mettre sur la tracklist parce que justement elle n’était pas récente. Mais comme on l’aimait beaucoup, on a décidé de l’inclure quand même. Mais en fait dans la Creuse on a enregistré onze titres et ça a été difficile de faire le tri. C’était trop juste pour faire un album et on a opté pour un EP bien rempli.

Mais pourquoi avoir caché Anger In Your Face ?

Parce qu’elle était un peu différente des autres. Ce n’était pas envisageable de la mettre en septième position et on tenait à ce titre quand même. C’est une chanson qu’on a faite devant la cheminée, un soir, et cela représentait tellement l’ambiance de l’enregistrement qu’on n’imaginait pas l’abandonner. Et puis, le coup de la chanson cachée, comme ça, à l’ancienne, ça nous plaisait bien ! Et une chanson cachée sur un vinyle c’est quand même rare !

Propos recueillis par Marjorie Risacher


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